c.21: Un frère/une sœur?

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- Olivier et moi avons pris la décision d'adopter un autre enfant.

Pardon?! Je m'attendais à tout, mais alors tout, sauf à ça. Sacrée surprise! Anne et Olivier me demandent si je vais bien, cela doit même se voir à ma tête... Qui serait-il? Comment serait-il? Quel âge aurait-il? Quelle serait sa couleur de peau?


        Il était Boy, enfin, de son vrai nom Léo, mais presque personne ne le connaissait. Il est blond, contrairement à moi, mais possède les mêmes yeux verts. Il est de mon âge, oui, à deux mois près. J'aurais franchement préféré un petit frère, pour tout vous dire. Mais Boy ne semble pas surpris qu'on vienne le chercher, une semaine après que l'on m'ait appris la nouvelle.

Il a un bon style, je dois dire. Boy vivait en orphelinat masculin, mais loin d'être aussi pauvre que le mien! J'adresse un maigre bonjour, en essayant d'être le plus neutre possible. J'ai eu beau en parler à Adrien et à Lou pour me déstresser, je ne suis pas arrivée à dormir sous le fait de ne pas savoir si je devais être contente ou pas. Il est vraiment différent du style d'Adrien, je ne sais pas si il s'entendront, mais moi, il a l'air de me convenir. Dans tous les cas, que je l'aime ou pas, rien ne changerai l'avis de quiconque autour de moi.

De retour au manoir, Anne lui laisse le temps, comme à moi, de se faire à sa nouvelle vie. Il est dans la chambre à côté de celle d'Adrien, quel soulagement de ne pas être entourée! Adrien et moi n'avons toujours pas parlé du sujet sur lequel nous n'étions pas d'accord. La semaine a défilé très vite. Lou voulait simplement voir la tronche du nouvel arrivant! Puisque je sais exactement comment il le vit, et qu'il ne sait pas d'où je viens, autant aller lui parler. Je toque timidement à sa porte de chambre.

- Oui?

J'ouvre doucement la porte, craignant de le déranger. Il me regarde naturellement, interrompu dans son rangement d'affaires.

- Salut, ça va? Tu... T'en penses quoi? De tout ça, de nous?

Il rit dans sa barbe avant de s'asseoir sur son lit, un sweat à la main.

- C'est bizarre, on m'a seulement prévenu hier que j'allais être adopté, je ne pensais honnêtement pas atterrir chez des gros riches qui bossent dans le cheval!

Il observe sa chambre tel un visiteur.

- C'est exactement ce que j'ai pensé! Ça fait à peine trois semaines que je suis dans ce taudis, et j'ai déjà un frère. J'étais à l'orphelinat Dalfer.

Il écarquille les yeux, découvrant mon passé comme une révélation.

- Enfin quelqu'un qui me comprend! Dalfer, c'est pas dans les quartiers pourris ça?

Il me pose cette question sérieusement, et ça me fait rire. Étonnant déjà même qu'il en connaisse le nom! S'il y avait plus pauvre que notre vieux et dégueulasse bâtiment, je payerai pour le voir!

- Si! Je change de sujet deux secondes: tu feras attention, l'isolation des murs est tellement nulle qu'on entends les froissements!

Je rajoute cette phrase en riant, ah cette isolation... On en aura vécu des trucs à travers! Entre les scènes d'amour et les excuses nulles... Je le laisse timidement finir de ranger sa nouvelle chambre, elle ressemble comme deux gouttes d'eau à la mienne quand je suis arrivée; sobre et naturelle. Il rit et me lance un "OK!" avant de continuer. quand je pense à ce sympathique frère que je vais avoir. Et malheureusement j'ai été séparée de lui par un bouffon, que la vie est dure des fois!

Je remue cette histoire en riant sombrement, regardant mon immense armoire, située en face de mon lit. Je m'ennuie vite, alors je descends aux écuries. Il reste encore un peu de temps avant le coucher du soleil, une petite balade à cru ne fera de mal à personne. J'enfile un licol à Azzaro en nouant la longe et passe ma bombe sur ma tête avant de me hisser sur le petit étalon noir. Nous galopons dans le champs où nous avons galopé la toute première fois, en l'honneur de Scoub. Je reviens la tête vidée, comme si j'avais pris une grosse dose de morphine, souriante pour un rien. Je descends et le passe à la douche avant de le regarder s'ébrouer dans la carrière, adossée à la barrière. Il est beau, mon petit Azzaro. Une main se pose sur mon épaule. Pas besoin de chercher à savoir qui c'est, Adrien est le seul à avoir le tique de juste poser sa main sur l'épaule de l'autre. Je me retourne, me retrouvant face à lui.

- Il faut qu'on parle, et cette fois, même si une tempête se déclenche, on s'en fiche!

Je lève les yeux au ciel, je ne veux pas discuter avec lui, je connais parfaitement la situation, il est amoureux de moi, il a besoin de moi, mais moi je ne suis pas amoureuse, et je peux très bien vivre sans ce charmeur! Je souffle et le laisse commencer son récit.

- Ecoute, je ne peux pas te le cacher bien longtemps, je t'aime. Tu sais, jamais j'avais ressenti ça, et avec toi je fais tout à l'envers, si tu savais comment je me sens con! Je suis comme un idiot devant toi à t'avouer ce que tu sais déjà... Je ne sais pas si c'est le cas pour toi, mais voilà, moi je suis con, j'ai deux ans de plus que toi, je ne suis qu'un malheureux dragueur exclu par son père, il vaut mieux pour toi qu'on s'écarte et que t'arrêtes de me fréquenter.

Il s'apprête à partir, mais je le retiens.

- Adrien, discuter ce n'est pas seulement avouer ce que tu ressens, c'est parler, échanger, pourquoi tu ne me laisses jamais le temps de donner mon avis? Ecoute. Etre un bon ou mauvais garçon, ça dépend de qui tu es, ce que tu vis. Les relations familiales, c'est pas toujours comme on l'aimerait... C'est difficile à comprendre de la part de quelqu'un qui n'a même pas connu la vie telle! Je t'aime bien, même si bon voilà, honnêtement, t'es chiant des fois. Tu peux être adorable comme faire les pires erreurs tout ça parce que tu ne limites pas tes hormones, et cela s'apprend, monsieur! Je rit doucement en lui faisant la morale. Arrête de te rabaisser tout seul, nous avons tous une valeur, et ça ne sert à rien d'y nier, il y aura toujours quelqu'un de ton entourage pour te prouver le contraire, aujourd'hui c'est moi. Par contre, c'est moi qui ai gagné notre foutu pari! Je ne t'aime pas! 

A ces fins de belles paroles, je lui offre en rire franc, et lui aussi. Il sait qu'il a perdu, mais avec mon caractère, ce n'était pas gagné pour lui. Il me prend doucement dans ses bras, je reconnais que c'est très agréable, je pourrais y rester des heures, mais j'ai un cheval a rentrer et j'ai faim.

- Tu vas voir, je vais y arriver, même avec ton caractère de cochon! T'es pire qu'Azzaro! ...Aïe!

Mes phalanges ont rencontrées ses côtes malencontreusement, oups?

AzzaroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant