Chapitre 16

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Je suis resté un moment éveillée, à fixer le plafond comme si toutes les réponses que je cherchais s'y trouvaient. J'ai essayé de me dire et de me répéter que chaque chose viendra en son temps mais ça ne m'a pas convaincu plus que ça à vrai dire. Je me suis alors dit que j'aurais aimé être différente. J'aurais aimé être plus calme, plus posée, plus patiente envers les autres et envers moi-même. J'aurais aimé être différente de la boule de nerfs que je suis devenue aujourd'hui.

Quand je décide enfin à me lever pour aller prendre mon petit-déjeuner, plus par nécessité que par envie, je retrouve une Mima et un Kyle totalement coincés. Comme s'ils avaient cessé de respirer à l'instant où j'ai descendu les escaliers.

« - Respirez. Je suis calme. »

Ou du moins, j'essaye de l'être.

Je prends un bol de café et sors, dehors, m'allonger à nouveau sur le bain de soleil, plongeant la tête dans les nuages.

Quelques minutes à peine après que je me sois assise, Kyle est venu me rejoindre. Dans son pantalon de jogging limite tombant sur ses hanches avec simplement un débardeur ample laissant son torse pratiquement à nu dès qu'il lève les bras.

« - Je crois qu'il est temps que l'on parle toi et moi. Tu ne crois pas ?
- Non. Je n'ai rien à dire. »

Je sais que je suis sèche et cassante dans mes mots mais je n'arrive pas à être autrement.

Pourtant, je le voudrais bien. Je sais que ce n'est pas de la faute de Kyle, du moins, pas entièrement. C'est vrai que je lui en veux d'absolument tout me cacher et de rien me confier tandis qu'il espère que je lui raconte ma vie en me regardant avec ses grands yeux bruns.

Si je me perds dedans, c'est foutu, je n'en ressortirais pas. Alors je ne le regarderais même pas.

« - Qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir ?
- Rien. »

Il s'approche de moi à chaque fois que je l'envoie sur les roches et je sens pratiquement sa cuisse contre la mienne.

« - Qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir ?
- Mais rien je te dis ! »

Épaule contre épaule, je sais que si je tourne la tête vers lui, je perds la partie. Hors de question de le laisser gagner cette fois.

« - Amy...
- D'abord, tout ça, c'est de TA faute ! »

Sans comprendre comment ni pourquoi, je me suis mise à le frapper. C'est contre mon oreiller que je devrais faire ça, pas contre lui. Pourtant, à le faire, quelque part, je m'en sens plus légère.
Ce n'est pas de sa faute. Ce n'est pas de sa faute. Je sais que ce n'est pas de sa faute mais au fond, tout ce qu'il me reste maintenant, ce sont les reproches que j'ai à lui balancer à la figure. Je veux dire, j'ai l'impression que tout mon monde s'écroule, que ma mère m'a élevé dans le mensonge impunément, que tout mon entourage me mens constamment, me cache des choses continuellement et cerise sur le gâteau, que tout ce en quoi je croyais, s'effondre lamentablement.

Alors oui, je suis en colère. Oui, je suis énervée. Oui, j'ai la haine.

Mais contre qui ? Tout le monde ? Ou juste ceux qui me mentent depuis le début ? Mentir sous la noble cause et excuse « C'est pour te protéger », non. Les gens qui disent ça ne se protègent qu'eux-mêmes pour se donner bonne conscience et pour justifier ce qu'ils font alors qu'ils savent très bien que ce n'est pas très moral. L'excuse de la protection ne prend plus quand on arrive à un certain âge.

« - Ok ! Ok ! Calmes-toi ! Arrête de me frapper déjà ! Tu vas me dire ce qu'il s'est passé hier. Tu veux bien .
- Tu m'as menti. Salopard...T'as un frère ! »

Hunters - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant