Hunters - Tome 1

Chapitre 3

Quand vous vivez loin du centre-ville ce n'est pas les travaux matinaux, les klaxons ou les doux effluves des égouts qui vous réveillent, non. Ce qui me réveille ce matin, c'est la douce et merveilleuse odeur de chocolat chaud. Oui, le bouton « café = adulte » ne s'est pas encore allumé chez moi, donc je mange encore des céréales que je trempe avec mon bol de chocolat. Et alors ?

Quand je prends mon téléphone pour regarder l'heure, j'ai l'impression qu'un phare s'est allumé juste devant moi. Putain...Mes yeux....Je ne vois plus rien. Ils ne connaissent pas le mode « nuit » les concepteurs de ces choses ?

 - 6h...Mais il est tôt.... 

Le matin, on a tous cette tête horrible de lendemain de soirée, mais sans la gueule de bois. Les cheveux dans tous les sens, la bave sèche au coin des lèvres, les yeux explosés, le teint blanchâtre, une manche plus basse que l'autre...Bref. Il n'y a que dans les films qu'ils vous mentent en vous montrant des gens qui se réveillent immédiatement et avec une allure impeccable... Surtout les femmes toutes maquillées avec la chevelure brossée et coiffée. C'est pour ça que les hommes, maintenant, font des malaises quand ils voient l'élue de leur cœur au réveil. Eh oui, ça casse le mythe hein ?

Une femme démaquillée...C'est différent. Mais c'est unique.

Je me lève tant bien que mal quand j'arrive enfin à descendre les escaliers et à me rendre jusque dans la cuisine. Mima est là, dans son peignoir rose bonbon, plein de bigoudis dans la tête, chantonnant un air de musique qui ne passe même plus à la radio.

 - Bonjour.

- Oh bonjour ma chérie ! Bien dormis ?

- Ça peut aller...Qu'est-ce que tu fais debout aussi tôt ?

- Le monde n'appartient qu'à ceux qui se lèvent tôt, tu sais ? Tu veux que je te serve quelque chose ?

- Je vais me débrouiller, merci. Tiens, Kyle ne descend pas ? Il est du genre grâce matinée ?

- Vu l'heure, il n'est sans doute pas rentré encore. On le verra plus tard.

- Pas rentré ? Tu veux dire qu'il est toujours dehors ? Et ça ne t'inquiète pas que ton coloc' soit dehors comme ça ?

- Non... Disons... Que je lui fais confiance. Mais si ça t'inquiète, tu n'as qu'à faire le tour du quartier après le petit-déjeuner à sa recherche.

- Pfff ! Comme si j'avais que ça à faire de ma journée. Faut que j'aille faire deux ou trois courses aujourd'hui, histoire d'avoir de quoi survivre à l'hiver qui arrive.

- Donc tu vas en ville carrément ? C'est bien, je suis sûre que tu ne vas pas reconnaitre plein d'endroits !

- Ouais, c'est ça... J'irais faire du tourisme si j'ai le temps. 

Je me rends compte que Mima et maman sont vachement différentes l'une de l'autre et j'ai certainement pris tous les vilains côtés de maman. Je veux dire qu'à chaque fois qu'Hayley et moi sortons, on doit lui dire où l'on va, comment, avec qui, quand est-ce que l'on pense rentrer et j'en passe. Il est plus difficile de sortir de chez moi que d'une prison et ça, j'en suis certaine. Quand j'étais plus jeune, je pensais même que ma mère était assez folle pour coudre des traceurs GPS dans nos fringues, juste pour être certaine qu'on allait bien à l'école.

Pourtant...Qu'est-ce que j'en ai séché des cours.

Après le petit-déjeuner, je monte me préparer, attache mes cheveux vulgairement et me mets en quête....De l'arrêt de bus le plus proche de chez Mima. Je crois en avoir repéré un, à une rue ou deux d'ici, suffit de tourner dans les bonnes maintenant.