Chapitre 18

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Alors que Léo attendait une réponse de ma part, la pluie se mit à tomber d'un coup contre les fenêtres et très vite, l'extérieur prit une allure de tempête. Le vent se leva et les premiers éclairs fondèrent le ciel en deux.

« - Génial... Il pleut maintenant, fit Léo en collant son front contre la vitre de ma chambre
- Les chats n'aiment vraiment pas l'eau hein ? murmurais-je
- Disons juste que c'est comme avoir un coup de mou. Ce n'est pas mortel non plus mais se sentir à plat... Ce n'est pas spécialement agréable.
- Et Kyle est dehors...
- Alors tu te fais vraiment du souci pour lui malgré tout ?! Quand je disais que tu étais la personne la plus apte à devenir son ancre ! Je ne me suis pas trompé.
- Pas du tout ! Il peut bien rester dehors s'il veut ! Je m'en fiche...
- Inutile de me mentir, ça marche sans doute sur les autres, mais j'ai l'expérience en la matière et je ne prends pas. Si tu veux aller à sa recherche par un temps pareil... Vas-y. »

Je déteste ce genre de personne. Le genre qui vous fait un petit sourire en coin quand elles savent depuis le départ que vous dites le contraire de ce que vous pensez et même si je déteste Kyle... Je ne pouvais pas le laisser dehors. Une part de moi s'y refusait.

« - Léo ? Merci.
- Tu me remercieras plus tard ! »

J'attrape mon pull à capuche que j'enfile et me précipite dehors, cherchant dans tous les recoins du quartier. Je finirais bien par le trouver. Théoriquement, il devrait s'être mis à l'abri. Faites qu'il se soit mis à l'abri. Je ne l'ai sauvé qu'une fois et je n'ai pas envie de remettre ça. Je n'en serais pas capable. Pas cette fois. Pas dans mon état.

Comme une idiote après avoir écumé les deux parcs du village et tous les petits recoins, je me suis mise à chercher dans les ruelles, entre deux poubelles et juste au moment où je passais devant un carton en bois, je vis ce dernier bouger. J'entrepris de l'ouvrir quand je vis une queue noire et trempée en sortir. Bingo !

« - Halalalala......Dans quel état tu es toi encore...Aller vient là chaton. »

Inconsciemment, je le mis sous mon pull pour le protéger de la pluie et partie me cacher dans une église. C'était le seul endroit d'ouvert à cette heure-ci et de sec surtout. Je pris mon pull, trempé, pour l'étendre contre un banc et attrapai le drap immaculé de blanc de l'autel pour l'enrouler autour de la boule de poils repliée sur elle-même. Si tu savais comme une part de moi est en train de souhaiter que tu attrapes la pire des crèves du monde, juste pour t'apprendre à ravaler ta fierté. D'ailleurs, à y repenser, l'idée de l'aider, me fend le cœur. Lui qui ne demande jamais rien que dira-t-il encore ?

« - Si seulement tu pouvais être moins borné, têtu, grognon et insultant...soupirais-je en m'asseyant sur un banc en regardant les vitraux et les éclairs à travers.
- Merci..... »

Je le regarde sans rien dire, reprenant forme humaine, torse nu et ayant juste son jean, utilisant le drap pour se couvrir.

« - Je jure devant Dieu que je te ferais bien la peau si on n'était pas dans sa maison...
- Je suis désolé... Pour tout à l'heure.
- Ne t'excuse plus. J'ai compris maintenant. Je n'ai pas ta confiance, de toute façon j'ai été assez bête pour présumé que l'on serait au moins amis. Ne t'excuses pas alors que ce n'est pas sincère.
- ..............
- Quand j'aurais fini avec le dernier test, je me prendrais un appart en ville, comme ça, tout reviendra comme avant. Toi chez Mima et moi, loin de vous. Tu n'auras plus à me surveiller comme une gamine.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire, écoute...
- Et c'est ce que tu as dit. Mais j'ai compris tu sais ? Je sais que tu le fais parce que tu ne veux pas que je mette mon nez n'importe où et que j'apprenne quelque chose à ton insu n'est-ce pas ?Étant donné que l'on ne vivra plus sous le même toit, tu seras débarrassé de moi et je ne poserais plus toutes ces questions.
- Ne le prends pas comme ça ...Je suis désolé, vraiment. C'est sorti tout seul... Tu as le droit de me frapper si tu veux.
- Non, si je te frappe on va croire que je martyrise les gens. Maintenant, toi et moi, on s'en tiendra aux rapports de base de gens civilisés ok ?
- Qu'est-ce que tu entends par là ?
- Les politesses et chacun se mêlent de sa vie.
- Amélia ...
- Non. Ma décision est prise. Je suis venue te chercher ce soir pour ça. Pas pour te sauver la vie, pour t'aider ou n'importe quoi. Je m'en fiche. Tu sais quoi? Je m'en fiche que tu meures d'ailleurs ! Tu peux bien mourir mais rends-moi un dernier service si tu as eu ne serait-ce que de l'amitié pour moi : ne rends pas Mima triste. Si tu le fais, je jure, encore devant Dieu, que j'attraperais un crucifix et je te le planterais dans le cœur.
- Alors c'est comme ça que ça va être entre nous maintenant ? À cause d'une bêtise ?
- C'est comme ça qu'on sera toi et moi. »

Hunters - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant