Au premier coup d'œil furtif jeté à travers le hublot, je remarque que l'on est encore dans les nuages et un soupir m'échappe. Voilà bien douze heures que j'ai mes fesses dans cet avion, calées entre une grand-mère me détaillant la vie de ses petits-enfants à chaque pause déjeuner et un homme plutôt obèse oubliant que la classe économique est toute petite et pas spécialement confortable. Je déteste prendre l'avion. Non pas pour un souci technique ou d'ordre de sécurité, ça, je m'en fiche, mais pour ce genre-là. Le genre où l'on est la tomate coincée entre deux miches de pain. Le genre sandwich quoi.
Entre les enfants qui frappent dans votre siège, les gens qui se déplacent tout le temps pour aller aux toilettes alors que la queue est plus longue que l'appareil en lui-même ou ceux qui veulent juste se « détendre »...Croyez-moi, en 12h, je n'ai pas fermé l'œil de tout le trajet et Dieu seul sait que j'aurais bien aimé me reposer avant d'affronter ma propre grand-mère.
Enfin, Mima n'est pas une grand-mère comme les autres....Elle est un peu spéciale. Voire carrément spéciale. Aussi loin que je puisse me souvenir, Mima a toujours tenu des propos plus ou moins étranges et elle a nagée dans la théorie féerique, magique, fantastique et tout ce qui finit en « — ique ». Persuadée d'être constamment entourée d'êtres étranges, surnaturels, elle n'a jamais compris que ma mère et moi ne sachions pas de quoi elle parlait. Pourtant, Hayley, ma petite sœur, a toujours compris son délire. D'une certaine façon, j'ai toujours su que son thé était louche et qu'il avait une drôle d'odeur alors cela ne m'étonnerait pas qu'elle puisse croire en des choses dont le commun des mortels ne conçoit pas l'existence.
Mais si je reviens aujourd'hui, ce n'est pas seulement pour « rendre visite » à Mima...C'est aussi pour m'occuper de la paperasse. Selon les médecins, elle souffrirait d'une maladie encore inconnue au bataillon dont les symptômes ne s'expliquent pas et ils ne savent pas comment la traiter. Maman est bien trop prise avec son boulot d'agent immobilière pour se déplacer et Hayley n'a certainement pas l'âge de prendre l'avion seule, enfin si, mais elle serait capable de se perdre. Elle se perd facilement sous prétexte de suivre un de ces « êtres ». Donc, il ne reste que moi sur la liste des « volontaires ».
— Mesdames et messieurs, ici votre commandant de bord, nous allons amorcer notre descente vers l'aéroport d'Irita, nous vous prions de bien vouloir regagner votre siège et de rattacher votre ceinture jusqu'à l'atterrissage et l'arrêt total de l'appareil. Merci.
Enfin ! Nous y voilà ! Je n'y voyais plus le bout.
— Dites mademoiselle...Vous pouvez m'aider avec ma ceinture ?
Je regarde la petite vieille assise juste à côté de moi d'un air septique quand je vois ses mains toutes frêles et tremblantes. La vieillesse, ça fait de ces dégâts sur le corps quand même. Non pas que je sois de nature peau de vache, mais faut pas se mentir, on a tous regardés les vieux avec soit de la compassion, soit de la pitié dans les yeux, mais faut qu'on se le dise...On y passera tous !
Moi je ferais une course de déambulateur avec Hayley plus tard et je lui piquerais son dentier juste pour la faire chier. Je suis sûre qu'elle adorerait.
L'avion fini par se poser, et là, reflex humain...L'applaudissement. Je n'ai jamais compris pourquoi. C'est un peu leur boulot aux gars de poser l'appareil. C'est le même genre que les footballeurs qui courent partout dès qu'ils marquent un but. Si je pouvais avoir le même enthousiasme quand j'ai une bonne note à la fac, ça me changerait la vie.
Autre comportement étrange, mais naturel quand on arrive dans un aéroport...C'est la course à la valise. Les gens se ruent sur les tapis en espérant attraper leurs valises comme si c'était le Saint Graal. Là encore, vous pouvez être le premier à sortir de l'avion, mais votre valise, elle, est sûrement la dernière. Bien fait !

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Hunters - Tome 1
AventuraLa curiosité est un vilain défaut. Voilà un proverbe qui s'applique particulièrement bien à Amélia. Aimant mettre son nez partout et dans les affaires de tout le monde, cela a tendance à lui créer plus d'ennuis qu'autre chose, mais quand sa grand-mè...