Chapitre 5

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Pdv Lauren

Les mêmes couloirs que je foulais sans cesse, les mêmes camarades de classe qui faisaient les mêmes choses, les mêmes profs qui me gonflaient toujours de la même manière ... La même routine tous les jours quoi. Les jours se suivent et se ressemblent, il y avait tant de vérité dans cette phrase. À quelques détails prêts, ma vie se résumait à vivre des expériences identiques à celles de la veille, de l'avant-veille, etcetera. Il n'y avait rien de palpitant dans celle-ci, rien qui renouvellait mes jours, rien qui me plaquait d'office un sourire au réveil, rien qui me donnait la motivation de me lever le matin hormis peut-être l'envie de ne pas décevoir ma mère, ma soeur et mon frère. Quoique, ils n'avaient pas vraiment de raisons d'être fiers de moi étant donné mon comportement. Donc ouais, la monotonie rendait ma vie ennuyante et je donnerais n'importe quoi pour un regain d'intérêt, pour un événement qui parviendrait à réchauffer mon coeur qui semblait de plus en plus froid. J'étais nostalgique du temps où un rien m'excitait, m'embalait, me donnait un flot d'énergie incroyable. Cette époque où j'étais encore naïve et où j'accordais ma confiance à n'importe qui. C'était il y a seulement cinq ans mais ça paraissait être à des années lumières du présent pour moi. J'aimais me remémorer ces années où rien ne me semblait impossible, où j'étais sûre que je pourrais marquer le monde de mes actions et de mes pensées, où je croyais être capable de graver mon nom dans la postérité. Maintenant, je savais que c'était des conneries, de belles conneries mais des conneries quand même. Je ne ferais probablement rien d'intéressant de mon futur. Je deviendrais sûrement une caissière fatiguée sans aucune relation sentimentales et amicales, je rentrerais tous les soirs dans un taudis que je peinerais à payer et je finirais par mourir dans mes jeunes années pour cause de maladies. C'était pessimiste mais c'était la vision que je me faisais de mon avenir, pas très réjouissant, autant le dire. Ou alors je serais une SDF miteuse comme me l'avait si gentiment fait remarquer le prof d'histoire. Génial aussi, ma foi ... Les rêves de dessinatrice, de peintre ou de chanteuse, très peu pour moi. C'était des songes oubliés et irréalisables d'enfance, voilà tout. J'avais appris à ne plus me faire d'espoirs traîtres sur ma condition, je n'arriverais jamais à tirer quelque chose de mon existence ...

Je m'engouffrais dans le grand bâtiment fait de murs blancs et baissais la tête, l'air épuisé. Une fois dedans, je me mis à trembler un peu, le froid extérieur occupant également une partie des couloirs. Nous avions beau être début octobre et nous trouver en Louisiane, il faisait étonnamment froid aujourd'hui, comme si nous étions déjà en plein hiver. En plus, si les classes étaient généralement convenablement bien chauffées, les corridors l'étaient beaucoup moins si bien qu'il n'y avait pratiquement pas de différence entre la température extérieure et celle intérieure. J'espèrais sincèrement que ce n'était qu'une passade car je n'étais pas une grande fan des hivers longs et glaciales. J'enfonçais mes mains gantées plus profondément dans mes poches après avoir rabaissé sur mes oreilles le bonnet gris que je portais et je soufflais en marchement mollement, n'ayant pas de destination prédéfinie. Personne ne m'attendait ou ne me cherchait dans ce lycée ... Certains élèves que je croisais et avec qui j'avais déjà eu des altercations assez violentes me jetaient des petits regards méprisants alors que les autres feignaient l'indifférence ou détournaient les yeux. Je me foutais éperdument de ces réactions, elle ne me touchait pas vraiment. Je restais de glace et ne montrais aucun sentiment sur mon visage. Lorsqu'on affichait ses sentiments, on s'ouvrait des failles, on laissait aux gens autour de nous la possibilité de voir ce qui nous irrite, ce qui nous attriste, ce qui nous blesse et après, la possibilité qu'on se serve de ces informations pour nous faire du mal était malheureusement bien présente. L'homme est tordue, lorsqu'il veut se venger ou causer de la douleur, il utilise tous les moyens en sa possession. C'était pourquoi j'évitais d'être trop expressive, je ne voulais pas laisser le plaisir aux autres d'appuyer là où ça faisait mal. Ainsi, je me préservais des coups tordus et je n'avais pas à souffrir. Simple et efficace.

Between heaven and hellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant