Pdv ???
-Répète, vas-y !! Qui doit fermer sa putain de gueule, dis le moi, j'suis tout ouïe ! hurla t-il en affermissant sa prise.
Je ne répondis rien suite à sa question, tentant par tous les moyens de me soustraire de sa poigne qui continuait de se resserer progressivement. Plus que les autres fois où je subissais sa violence, j'avais peur, véritablement. C'était un sentiment incontrôlable, une terreur qui ne cessait de croître, qui devait probablement se lire dans mes yeux. Je ne voulais pas que tout se finisse ainsi, non, pas maintenant que j'avais retrouvé l'espoir de faire quelque chose de ma vie ! J'avais longtemps espéré que cet instant arrive auparavant. Je rêvais que mon bourreau me libére lui-même de ces tortures, qu'il détache mes chaîne pour que je puisse enfin rejoindre ceux qui m'étaient chers. Je souhaitais que ces abominations ne m'atteignent plus, que ces horreurs se finissent : la violence, la souffrance, l'angoisse, les pleurs, ma vie, surtout ma vie ... Parce que cette dernière ne m'intéressait plus, parce qu'elle n'était que le facteur de peines et de douleurs, parce que j'avais perdu le goût de celle-ci. Plus rien ne m'encourageait à m'accrocher, à supporter, à survivre. Je me sentais déjà damnée, j'étais une sorte de spectre, une âme en perdition qui n'attendait plus rien si ce n'est la mort. J'en étais réduite à l'état de condamnée qui attendait sa sentence, le point final à tous ses malheurs. Et le pire sûrement dans cette histoire, c'était que personne ne remarquait ma détresse. Les gens idéalisaient ma vie, ils pensaient que j'étais heureuse. Mes profs, mes camarades de classe, ma famille, mes voisins, même parfois les simples passants que je croisais dans les rues me collaient l'étiquette d'ado sans soucis, de fille à papa toute joyeuse... Si seulement ceux-ci avaient prêtés attention au néant qui décimait mon regard, rien qu'à cela, et ils auraient compris que le mot bonheur ne pouvait me qualifier. Ils auraient pu me sauver mais, à contrario, leur ignorance avait failli me tuer. Mais désormais, tout avait changé. Tout comme ma vision du monde, l'image que je me faisais du futur s'était embellie. De nouveaux objectifs motivaient mes pas, mes phrases, mes révisions, mes écoutes ... Toutes mes actions avaient enfin trouvé un sens que je me plaisais à suivre. Je voulais rire, réussir, poursuivre mes rêves, vivre notamment pour une personne en particulier.
Sans le savoir, sans même le vouloir, elle m'avait donnée un but : celui de la rendre fière, heureuse et de la protéger de la pourriture du monde. J'en étais probablement incapable. Après tout, qui étais-je pour prétendre pouvoir empêcher la dureté de notre société de l'accabler ? Franchement, comment pourrais-je l'éloigner des tordus qui sévissaient partout, comment parviendrais-je à résoudre ses problèmes personnels tout en prenant soin à ce que d'autres ne s'entassent pas, comment réussirais-je à éradiquer sa tristesse, sa peur, sa honte, ses doutes, toutes ces émotions qui pourriront potentiellement son avenir mais qui la rendaient si humaine, qui définissaient en partie ce pourquoi je l'aimais, comment pourrais-je prendre tous les coups et supporter le poids de la vie à sa place alors que je n'arrivais déjà pas endurer la mienne ? Je n'avais pas le pouvoir nécessaire pour la maintenir hors de tous dangers. Je ne représentais rien aux yeux du monde. Sur cette Terre, je n'étais rien mais je voulais être quelque chose à ses yeux, à défaut d'être quelqu'un. C'était pour ça que je voulais tout faire pour la rendre heureuse, que je voulais l'accompagner du mieux que je le pouvais. Je souhaitais l'entendre rigoler encore longtemps à mes blagues, son rire étant probablement la plus belle des mélodies qu'elle pouvait m'offrir, la voir faire ses pitreries pour amuser la galerie, celles qui me faisaient sourire même lorsque je me les remémorais, la sentir m'enlasser et m'isoler du monde extérieur durant ce qui était sûrement la meilleure minute de la journée, l'écouter infiniment me raconter ses avis variés sur le monde ... Chaque fragment d'elle, que se soit de sa personnalité, son physique ou encore de son âme, me captivait. Je ne pouvais me passer d'elle, cette perspective m'était impossible. Si elle n'était pas devenue ma raison de vivre, elle s'en rapprochait fortement. On pourrait trouver cela exagéré de limiter sa vie à une seule et unique personne mais, moi, je trouvais ça logique, normal. Elle était celle qui avait rendu à mon coeur son étincelle après tout.
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Between heaven and hell
FanfictionElle vit l'enfer sans que personne ne le sache. Elle n'a jamais rien dit en espérant un changement prochain. Elle essaye d'entretenir la flamme d'un espoir déjà mort. Elle est à bout... Mais il y a cette fille. Cette fille qui va lui redonner confi...