Chapitre 16

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Pdv Camila

-Mais pourquoi Lauren est dans cet état, qu'est-ce qui lui arrive ?! Pourquoi est-ce qu'elle est tombée dans les pommes et est maintenant inconsciente !? Qu'est-ce que vous allez lui faire ?! Expliquez-moi, s'il vous plaît ... priais-je entre plusieurs sanglots la femme vêtue de blanc devant moi, mes mains serrées en poings tapotant contre le torse de cette dernière pour me défaire de son emprise se voulant pourtant amicale et supportive.

-Calmez-vous mademoiselle ... me conseilla le médecin, tentant d'éviter de me brusquer plus encore en employant un ton posé, serein et doux.

-Répondez-moi, c'est pas normal ce soudain évanouissement ! Je veux comprendre, je veux comprendre ! colérais-je capricieusement, sous l'emprise d'une insurmontable et surpuissante angoisse.

-Camila ... Je peux vous appeler Camila ? questionna dans un souci de pudeur, de politesse et de correction la jeune rousse. À ceci, je ne répondis rien et poussai presque violemment mon interlocutrice afin de me délivrer de sa prise, ne me préoccupant aucunement des bonnes moeurs actuellement. Elle poursuivit alors. Je suis dans l'incapacité totale de vous révéler quoique ce soit, je n'ai pas le droit ...

-Comment on en est arrivé là ...? soufflais-je, plus pour moi-même que pour elle. On était dans sa chambre, on se disputait mais elle avait l'air d'aller bien puis là, pouf, elle s'effondre en geignant de douleur ... Dîtes-moi les raisons de sa souffrance, je vous en supplie, j'ai besoin de savoir.

-Écoutez-moi attentivement, je n'ai pas la possibilité de ...

-Je veux des réponses ! m'imposais-je, avortant ainsi sa tentative de phrase. Comment se fait-il qu'elle ait perdu connaissance ?!

-Vous saurez ça en temps et en heure mais pas maintenant. me promit vainement l'employée de l'hôpital, dépassée par mon stade avancé de terreur grandement irraisonnée.

-Pourquoi elle, hein, pourquoi elle ...? me lamentais-je tandis qu'une de mes mains vint soutenir ma tête ballante. Promettez-moi au moins que vous allez arranger tout ça, que Lauren ne risque rien, qu'elle va s'en sortir, juste ça ...

-Et bien normalement, oui ...

-Comment ça normalement ? demandais-je, craintive.

-À vrai dire, votre amie est dans un état préoccupant. Il y a eu une ingestion de produits médicamenteux anormalement élevée, ce qui laisse à penser que ...

-Que quoi ? poursuivais-je en voyant la femme m'accompagnant hésiter sur la fin de sa phrase.

-Rien, oubliez. finit-elle par répondre en déplaçant d'un habile passage de la main ses cheveux sur son épaule droite. Je suis désolée mais il va vraiment falloir que je vous laisse, je dois m'assurer de l'état de mademoiselle Jauregui. Plus l'intervention sera effectuée tôt, plus elle aura de chances de s'en sortir or ma présence pour que celle-ci débute est requise.

-Qu'allez-vous lui faire ...? fis-je d'une voix suppliante, mon regard mélancolique et désemparé s'accrochant à son visage, quemandant lui aussi la réponse désespérément désirée.

-Probablement un lavage d'estomac ... souffla t-elle bassement, s'éloignant vivement. Je vous conseille de vous calmer et de patienter, quelqu'un viendra probablement vous informer de l'évolution de la situation plus tard.

Suite à cette implicite demande et sans plus de cérémonie, elle se délesta de ma compagnie et me quitta, sûrement ennuyée de devoir jouer les nounous avec une ado pratiquement hystérique. Je la vis rejoindre une consoeur puis grimper dans un ascenseur, conversant de façon concernée avec d'autres employés, m'accordant un bref coup d'oeil avant de se désintéresser complètement de ma personne. Je perdis alors mon unique soutien lorsque la porte se referma sur le médecin et son équipe et que s'éleva l'ascenseur précédemment cité, ce qui me plongea dans un état de perdition jamais atteint auparavant. La panique s'imposait durablement en moi et prenait le pas sur tout le reste. Mon bon sens, mon calme, ma capacité de réflexion étaient fragilisés si ce n'est soufflés par cette peur conquérante et dominante que diffusait dans mes veines mon coeur à chaque battement. Jamais mes maigres expériences de la vie ne m'avaient confrontées à une telle épreuve, à une telle terreur, et je me sentais faillir sous le poids de cette dernière un peu plus à chaque pas. Désorientée, sans aucun repère fiable, je me mis à déambuler avec une démarche hésitante dans les couloirs de l'hôpital, mes yeux se baladant dans le vague et mon esprit s'embrumant de ce que je décriverais être une affliction rageuse et coléreuse. Je ne savais pas où je voulais aller, je ne savais à quel but me raccrocher à travers ma marche traînante mais ce dont j'étais certaine, c'est que je ne souhaitais pas rester plantée en plein milieu du corridor tel un légume, j'avais besoin de m'aérer la tête, de m'éloigner de cette environnement pesant et de respirer autre chose que l'éther contenu dans cet air. Il fallait que je change d'environnement, je ne supportais plus d'être cloîtrée dans ce bâtiment, de valser de pièce en pièce afin d'acquérir les informations qu'on refusait obstinément de me révéler, de me perdre dans ces couloirs labyrinthiques à la recherche de ma cubaine. N'apercevoir qu'à perte de vue des murs blancs, des infirmières courant et se hâtant pour rejoindre soit des chambres soit des salles d'opérations, des personnes anxieuses par rapport au futur de leurs proches ou en pleurs à cause de la perte de ceux-ci, des patients en sale état et aux affres de la mort me déprimait et m'affectait de plus en plus durement. Je n'avais plus le moral et le mental pour affronter la morosité résultant des problèmes de santé de mon amie et rester dans ce lieu où ne ressortait présentement que des perspectives de tristesse et de décès n'arrangeait pas mon cas de profonde négativité et de pessimisme aggravé.

Between heaven and hellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant