Chapitre 3

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Pdv Camila

Parlant tranquillement avec mes amies, j'attendais le début du cours d'histoire sans impatience ni engouement, n'appréciant pas vraiment le sujet qu'on aborde en ce moment. Voilà un mois que les cours avaient repri et pour l'instant, tout se passait plutôt bien. Les profs qu'on avait se révélaient majoritairement sympas et bons dans leur profession, mes camarades de classe étaient agréables mis à part deux ou trois têtes dures que je n'appréciais pas énormément mais avec qui j'essayais d'aborder parfois des conversations qui se finissaient toujours par un silence désagréable et froid qui s'installait entre nous et pour finir, mon père m'avait laissé tranquille ce mois-ci et avait évité de venir me foutre la honte en venant me voir et en essayant de s'intégrer dans les conversations que j'avais avec mes amies et auxquelles il ne comprenait absolument rien. Non, c'était vraiment une bonne rentrée, je n'avais rien à redire là-dessus. Il restait à peine quelques minutes avant que la cloche sonne et les élèves arrivaient tous en petits groupes, certains en traînant les pieds, d'autres avec hâte bien que c'était plus rare. En soit, il n'y avait aucune raison de se presser, M.Baskard étant systématiquement en retard d'au moins cinq minutes. D'ailleurs, avec les filles, on pariait souvent sur ce fait, essayant de deviner combien de minutes il prendra pour se rendre compte que la cloche avait sonné, pour réunir ses fiches et pour traverser la moitié du lycée en courant et en s'arrêtant tous les deux mètres pour ramasser les feuilles qui lui glissaient des mains. On tentait aussi de deviner les excuses qu'il inventera pour se dédouaner de son retard alors que nous savions pratiquement tous ici que notre vieux prof lisait un de ses livres sur Lincoln, sur la guerre d'indépendance ou un manuel du genre concernant son sujet préféré, le tout avec des boules Quies dans les oreilles parce qu'il n'arrivait visiblement pas à lire dans le bruit et qu'il n'était pas suffisamment sourd pour faire abstraction du tapage qui emplissaient souvent les couloirs du lycée. Ça permettait de passer le temps et de toute façon, on ne mettait pratiquement jamais rien en jeu et heureusement car on serait toutes les quatres ruinées sinon.

Alors que Dinah nous assurait que notre bonhomme de prof allait se pointer dix minutes après la sonnerie de la cloche et que je rejoignais son avis, la-dîtes cloche résonna bruyamment sans pour autant surpasser les voix qui s'élevaient dans notre classe. Ensuite, alors que le tintement strident avait enfin cessé et que seules nos conversations brisaient le silence, la porte s'ouvrit vivement et tapa violemment contre le mur, laissant l'investigateur de ce geste pénétrer dans la pièce. Pratiquement tous les regards se tournèrent vers cette personne et certains s'étaient même tûs suite au son que provoqua la porte en bois contre le mur. Deux yeux verts scannèrent la classe avec mépris et une grimace gâcha le beau visage de celle qui faisait désormais grincer ses chaussures trempées et pourvues d'un trou sur le parquet. Sa présence m'étonna un peu, c'était rare qu'elle soit à l'heure, enfin, à l'heure, je voulais dire là avant le prof. Il n'y avait qu'en sport qu'elle daignait bien pointer son nez à peu près en même temps que tout le monde et encore, elle s'isolait souvent dans les vestiaires à faire je-ne-sais-quoi alors qu'on était tous prêts. Les élèves reprirent leurs petites affaires une fois qu'ils s'étaient assurés que notre professeur n'avait pas fait son entrée et je les imitais, reconcentrant mon regard sur les dires d'Ally et Normani qui n'avaient même pas prêter la moindre attention à la femme aux cheveux corbeaux et qui pensaient que cinq minutes suffiront à celui qu'on attendait pour rejoindre notre classe. Je jetais juste un dernier coup d'oeil pour observer la jeune brune ténébreuse qui était trempée jusqu'aux os et qui frissonait de ce que je remarquais puis tourna la tête pour que les fusils qui lui servent d'yeux ne me cloue pas sur ma chaise en me regardant fixement et avec colère. Une chaise fut tirée et j'en déduisais assez rapidement que la dernière arrivée s'était affalée sur cette dernière, regardant sans aucun doute le paysage pluvieux à travers la transparence des vitres, ce qui était devenu son habitude immuable.

Between heaven and hellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant