Chapitre 13

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Pdv Camila

-Dites-moi les filles, vous pourriez m'expliquer ce qui se passe ? Parce que ...

-Rien. intervint sèchement Normani, ne me permettant pas de finir ma phrase.

-Mais alors pourquoi est-ce que ...

-Quand on te dit qu'il n'y a rien, c'est qu'il n'y a rien Camila. s'enhardissa à nouveau notre amie, d'une humeur massacrante.

-Ok, ok ... m'hésitais-je à rajouter, ne souhaitant pas réveiller la colère de la typée.

Je tournais la tête vers Dinah et Ally, les questionnant silencieusement avec un regard rempli d'interrogations multiples. Mais visiblement, les deux jeunes femmes n'en savaient pas plus que moi si je me fie à leur réaction. La polynésienne haussa les épaules, me signifiant son incompréhension, tandis que la petite texanne passa sa main dans ses cheveux puis se gratta la nuque, faisant un signe négatif de la tête avant de détourner et d'abaisser celle-ci. Je soufflai, déboussolée et dépassée par le comportement des filles aujourd'hui. Il y avait dans l'air une tension palpable, ce qui arrivait suffisamment rarement dans notre petit groupe pour qu'on le souligne et le remarque. Si, comme n'importe qui, nous nous disputions parfois et nous prenions le bec pour des causes plus ou moins futiles, c'était totalement nouveau qu'une atmosphère aussi pesante, aussi lourde ne survienne entre nous sans raison valable. Le seul fait dont j'étais sûre à 99,9% à peu près était que cette situation provenait majoritairement de Normani et sa manière d'agir. Je me faisais peut-être des idées, peut-être délirais-je, mais elle me donnait l'impression d'être quelque peu perturbée, d'être déstabilisée, d'être même profondément mal à l'aise. Elle était loin d'être naturelle. Elle n'avait pas son panache habituel, elle faisait preuve d'une froideur étonnante , elle manquait d'enthousiasme, se murait dans le silence et, de la même manière, plombait l'ambiance, conservait une mine renfermée, sombre, dure ... Je me demandais ce qui avait bien pu arriver, quels problèmes étaient survenus ce week-end pour que cette femme débordante de joie de vivre en temps normal n'adopte ce comportement si peu avenant et qui ne lui ressemblait pas. Une chose me paraissait certaine, quelque chose de grave s'était produit dans sa vie, cela n'aurait pas une incidence pareille sur elle sinon. Surtout qu'elle n'était pas du genre à faire des histoires pour rien. Mais, autre bizarrerie la concernant, elle ne se confiait pas à nous alors qu'elle n'hésitait normalement jamais à nous raconter ses tracas lorsqu'il y avait besoin. Nous ne pouvions ni l'aider ni arranger la situation dans ces conditions-là. Et, je le répète, son attitude plombait l'ambiance en plus de nous rendre perplexe. Car Normani faisait la tronche et n'était pas décidée à nous parler, Ally trépignait sur place, gigotait sans pour autant nous adresser la parole, trop perdue dans ses pensées, Dinah essayait d'installer une conversation, ce qui échouait puisque j'étais la seule à y prendre part. Je pressentais déjà que la journée allait être très longue si mes amies continuaient de se comporter ainsi. Vivement que Lauren arrive, elle trouvera le moyen de restaurer la bonne humeur entre nous, j'en étais sûre.

Enfin, la belle brune ne semblait pas pressée de nous rejoindre, voilà un quart d'heure qu'on l'attendait, dans une ambiance de mort, je tiens à le préciser, et elle n'avait toujours pas donné un signe de vie. Aucune d'entre nous ne l'avions vues et elle ne répondait pas à nos messages, ce qui était inhabituel vu qu'elle mettait un point d'honneur à répondre le plus vite possible aux messages qu'elle recevait, question de respect selon elle. Elle n'aimait pas snober ou ignorer ceux à qui elle tenait et c'était l'impression qu'elle avait en tardant à répondre à ses SMS. Mais je n'étais pas inquiéte, pourquoi le serais-je ? Je n'étais pas craintive et parano au point de scruter les gestes de Lern et d'exiger des réponses instantanées à mes messages. Sans compter que je restais réaliste et réfléchie, je savais que la plus vieille n'était pas vraiment à cran sur l'heure et qu'elle avait tendance à être tête en l'air, elle avait donc pu oublier son cellulaire ou omettre de charger celui-ci. Je patientais, observant la cour bondée d'adolescents, ne voyant même plus l'intérêt de me concentrer sur mes amies qui ne disaient pas un mot. J'aperçus au loin la bande d'Austin en train de faire les abrutis et j'eus espéré voir la cubaine à leur côté. En effet, il lui arrivait encore de les fréquenter, plus pour traîner avec Demi qu'autre chose. Hélas, pas de trace de la jeune femme. Et tandis que je la cherchais du regard, la sonnerie retentit. Mani partit limite en courant vers notre salle de classe, désirant fuir et se défaire de notre compagnie semblerait-il. Allycat et Dj la suivirent pratiquement immédiatement, s'échangeant à peine quelques mots. Ces deux-là s'arrêtèrent un temps, m'attendant et m'appelant lorsqu'elles eurent remarqué que je ne bougeais pas d'un pouce. Je les prévins de partir sans moi, désirant attendre ma cubaine encore un peu. Je finis cependant par me résigner à les imiter, ne pouvant me permettre d'attendre Lau' plus longtemps. Fait rarissime, je traînais des pieds en me dirigeant vers mon prochain cours. Aussi étrange que ça puisse paraître pour une personne de mon âge, j'adorais étudier et apprendre, j'étais une férue de culture et de ce fait, les cours n'étaient pas un fléau ou un ennui pour moi. Mais aujourd'hui, je n'avais guère la motivation de travailler. Vous savez, lorsque vous avez l'impression que, lors de la journée qui se déroule, il n'y aura que des crasses qui vous tomberont dessus ? Ben, c'était exactement le ressenti que j'avais actuellement sur ce jour. Et pour l'instant, cela se confirmait. Au moins, je retrouverais la femme aux yeux émeraudes une fois en physique-chimie, je pourrais enfin discuter avec quelqu'un, en espérant qu'elle ne faisait pas la gueule elle aussi. Sur cette pensée, j'entrai en classe avec un fin sourire, pressée à l'idée de me détendre et de rire avec Lolo. Elle avait la capacité exceptionnelle de remplir mon monde d'une allégresse particulière et j'aimais cette sensation.

Between heaven and hellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant