Chapitre 17

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ATTENTION, CHAPITRE EXAGÉRÉMENT LONG, IL EST CONSEILLÉ DE SE BARRICADER DANS UN LIEU CALME ET CONFORTABLE, DE RÉSERVER SA PROCHAINE HEURE ET DE PRENDRE DES VIVRES ET DE L'EAU (Sait-on jamais, si vous avez faim) AVANT DE LIRE CE CHAPITRE !! CORDIALEMENT, LA DIRECTION. (Moi quoi ...)

Pdv Camila

Cette phrase tombée subitement de la bouche de la jeune employée fut pour moi un véritable choc qui me laissa bouche bée et tripla la taille de mes yeux. Je me repassais en boucle ses derniers mots de façon incessante, purement incapable de me dire que j'avais correctement interpréter ceux-ci. J'avais un mal fou à analyser la situation, tout ceci me paraissait trop irréel. Je me mettais à monter des théories farfelues et  stupides pour comprendre l'affirmation du médecin. J'imaginais que celle-ci avait fait cette annonce au mauvais patient et s'était ainsi trompée, c'était pour moi la seule explication acceptable, la plus logique que mon intellect pouvait me fournir. Je ne parvenais pas à assimiler que l'une de mes meilleures amies, la fille pour laquelle j'avais craqué par dessus le marché, avait pu être enceinte, dans mon esprit, c'était carrément impossible.

-Pardon ?! Vous blaguez là ?! me manifestais-je dans le but de balayer mes doutes, consternée.

-Franchement, ai-je l'air de blaguer mademoiselle Cabello ? demanda avec une irritation perceptible et légitime la femme aux cheveux roux en réajustant sa blouse blanche, comme pour me rappeler son statut. Je fis un signe de négation de la tête mais elle ajouta tout de même à ma gouverne, me provoquant clairement. Peut-être voulez-vous lire le papier afin de vous assurer que je ne mens pas ?!

À nouveau, je déclinai son invitation peu cordiale en remuant lentement mon chef, tentant de me faire à l'idée qu'elle racontait la vérité. Je ne pouvais plus me voiler la face, ma Lolo avait auparavant un bébé qui grandissait dans son ventre. Pourquoi ? Pourquoi elle ne me l'avait pas dit ? Nous ne nous étions pas vues depuis un mois et nos rapports avaient été plutôt conflictuels durant cette période, certes, cependant c'était pour moi invraisemblable qu'elle ait pu passer sous silence quelque chose d'aussi important et, qu'ainsi, elle ne m'ait pas informée sur sa grossesse ou tout du moins aiguillée pour que je devine celle-ci. Quoiqu'il puisse bien se passer entre nous, peu importe les conflits qui pouvaient nous déchirer et nous séparer, elle savait qu'elle pouvait tout me dire parce que je serais toujours là pour l'épauler en cas de coups durs ou d'imprévus. Enfin, j'affirmais qu'elle le savait mais je n'en avais aucune idée à vrai dire, j'espérais juste qu'elle en avait conscience. Dans tous les cas, je m'étais engagée à constamment être présente pour la soutenir et l'aider à résoudre le moindre de ses problèmes et pour elle, je pourrais omettre nos différends, nos disputes, mes âcretés à son égard si cela était nécessaire. La plus vieille, plus que personne, avait besoin d'un pilier, d'une personne à qui se raccrocher en cas de galère car après les pertes et/ou éloignements succesifs d'êtres lui étant chers, elle s'était murée dans une méfiance maladive des autres ainsi que dans une solitude toxique pour elle-même. Mais, bien que c'était ce qu'elle voulait faire croire au plus grand monde possible, elle ne pouvait pas tout endurer seule. C'était une femme forte, c'était indéniable, mais elle possédait comme chacun d'entre nous des faiblesses, des peurs, des doutes qu'elle ne pouvait affronter sans apport extérieur. Et ça, c'était mon rôle en temps normal. Maintenant que j'y pensais sérieusement, la concernée avait dû se sentir tellement déboussolée, elle avait dû perdre ses repères en apprenant qu'elle attendait un enfant. Ce n'était pas rien de porter un gosse, surtout à son âge. Elle n'avait que 18 ans, 18 ans bordel ! On pouvait bien me dire qu'il n'y avait pas d'âge pour ce genre d'événements, celui de Lauren n'était pas adéquat. Elle n'avait pas de job, n'avait même pas achevé ses études, avait un père exigeant et peu présent à ses côtés, ne souhaitait même pas de progéniture si je me fiais à ses propros datant de deux mois tout au plus ... Elle n'aurait jamais pu supporter la charge qu'apporte un enfant, encore moins en s'isolant et en gardant secrète sa condition. Et puis, petite question qui avait tout de même son importance, d'où provenait cet embryon ?! Il y avait forcément un homme derrière cette grossesse mais lequel ? La latina n'avait aucun petit copain ou garçon en vue, avec qui elle avait bien pu concevoir ce bébé ? Et puis, de sa propre confession, elle était lesbienne, je la voyais donc mal finir au lit avec un mec, même si cela restait possible. La seule perspective un brin cohérente qui pourrait expliquer un minimum tout ce bazar serait qu'elle ait un jour fini torché et qu'un gars, flairant l'occasion de se taper facilement une belle fille, ait profité de son ivresse et de ses idées embrouillées pour se la faire sans prendre les précautions nécessaires, ce qui résulta à la mettre en cloque. Je ne voyais que ça. Alors que je me rabâchais mentalement ces réflexions qui faisaient leur bout de chemin dans mon esprit, un souvenir ressurgissa de ma mémoire et apporta sa pierre à l'édifice que constituaient mes hypothèses, marchant dans le sens de l'une d'entre elles et semblant ainsi la confirmer. Dans le dernier message que j'eus l'opportunité de recevoir de la part de Lern, elle avait, il me semble, fait référence à une fête à laquelle elle se rendait. Or, bien que ce soit faire une généralité de raisonner de la sorte, on ne pouvait pas se cacher que la majorité des soirées étudiante, non, des soirées tout court, étaient fortement arrosées et que c'était simple comme bonjour de se bourrer la gueule étant donné les quantités astronomiques de boissons alcoolisées réunies durant ces évènements. À cette instant, le schéma décrivant les prémices de toute cette affaire se dessina instantanément dans mon cerveau : la jeune brune était allée à cette fameuse fête, avait bu immodérément pour X raison -peut-être que nos récentes échauffourées ainsi que le rejet involontaire que je lui avais témoigné avaient attisé sa soif d'alcool-, s'était fait accoster par un garçon qui s'avérait probablement être un ado, n'avait guère repoussé ses avances à cause de l'abrutissement opéré par les verres de liqueurs enchaînés puis avait fini par faire des choses autrement plus intimes qu'un simple baiser avec cet inconnu. La suite me semblait suffisamment évidente pour ne pas être énumérée. Une fois cette théorie échafaudée, mon coeur parut s'alourdir de peine plus conséquemment qu'avant et je fis le serment de discuter de cet épisode avec la femme aux yeux émeraudes afin de tirer certaines choses au clair.

Between heaven and hellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant