Pdv Camila
-...Comme vous aurez pu le remarquer, la poésie du texte repose énormément sur, notamment, des assonnances ...
Le professeur de français dictait sa leçon d'une voix monotone et fatigué par l'âge tandis que je faisais mon possible pour noter l'essentiel du cours malgré son débit de parole prompt. Voilà une bonne vingtaine de minutes qu'il récitait ses petites notes sans s'arrêter et le rythme devenait de plus en plus dur à tenir, au point que je sentais mon poignet piqué de douleur s'engourdir. Aussi, bien que je n'étais jamais réticente lorsqu'il s'agissait de travailler et que j'aimais le sujet qu'on abordait actuellement, mon seul souhait était d'entendre la sonnerie retentir dans notre classe et nous libérer de cet insupportable énoncé. Heureusement, ça allait rapidement être le cas puisque les aiguilles de l'horloge que je surveillais d'un oeil intéressé et impatient se rapprochait grandement de l'heure tant souhaité. Puis, finalement, le son libérateur de la sonnerie résonna bruyamment et, ni une ni deux, mes camarades remballèrent leurs affaires à une vitesse ahurissante. Je les imitai, moins vivace qu'eux néanmoins, notamment car mon attention fut largement captée par ma voisine qui s'était vivement levée et avait ainsi fait grincer désagréablement sa vieille chaise. Lauren était déjà prête à s'en aller. Son matériel était empaqueté, son sac reposait d'une lanière sur son épaule, l'autre pendant dans le vide, et son regard se concentrait sur la porte, comme aimanté. Évidemment, elle n'avait pas mis grand temps à ranger, elle n'avait pratiquement rien sorti de l'heure si ce n'est un crayon pas taillé et une feuille déjà noircie par des gribouillis. De plus, son attention avait été plus dirigée sur les pigeons qui roucoulaient tranquillement sur leur branche et que l'on apercevait de la fenêtre que sur le cours en lui-même, elle n'avait de ce fait quasiment rien écrit. Pourtant, elle avait bien essayé d'écouter et de noter les explications du prof, je l'avais vue s'intéresser à ce dernier à de nombreuses reprises mais à chaque fois, sans que je sache pourquoi, sa concentration se volatilisait progressivement. En plein milieu d'une phrase, sans raison apparente, son esprit se mettait à voguer loin de la réalité, son stylo glissait de plus en plus distraitement sur le papier, formant des lettres maladroites, ses yeux devenaient vides puis finalement, sa main s'arrêtait net et, perpétuellement, elle recentrait ses yeux sur l'extérieur, contemplant les oiseaux avec je-ne-sais-quelles pensées en tête qui corrompaient son assiduité.
Contre toute attente, ma compère aux yeux émeraudes et aux cheveux noirs comme suie m'attendit, s'appuyant et s'asseyant à moitié sur mon bureau après avoir fait quelques pas. Ces mêmes yeux s'aventurèrent furtivement en ma direction, observant timidement mais tendrement mon visage, mais ceux-ci dérivèrent rapidement à l'instant même où leur possesseur comprit que j'avais remarqué sa minutieuse et prudente observation, la tête de Lau' se baissant vivement alors que ses joues se paraient d'une légère teinte de rouge. Par la suite, elle toussota en passant sa main droite dans ses mèches corbeaux, les faisant retomber devant son visage sans vraiment le vouloir. Le plus discrètement qu'il m'eut été possible de le faire, je rigolai de sa gêne exagérée mais mignonne, ravie. Cette action appartenait désormais aux rares moments où l'on ressemblait plus ou moins à un couple normal, et encore. D'un côté, ça me rassurait un peu de savoir qu'il y avait encore un minimum d'attirance entre nous, ma compadre n'en témoignant pratiquement jamais, mais malgré tout, ça me chagrinait aussi de devoir sans cesse déchiffrer tous les petits et inusuelles signes d'affection qu'elle m'accordait et, plus que ça, de devoir m'en contenter comme seules preuves de son attachement envers moi. En disant cela, je ne parlais pas de cet instant en particulier car, en soit, il m'apparaîssait comme parfait, charmant. Je veux dire, c'est chou quand elle me lance ce genre de regard gêné, quand elle rougit après s'être fait prendre ou encore lorsqu'elle sourit quelque peu comme si elle avait fait une bêtise et qu'elle cherchait à se faire excuser. Non, je faisais plutôt référence à tout ce qu'il n'y avait pas entre nous. Bientôt un mois et demi qu'on sortait supposément ensemble et il n'y avait eu aucun avancement dans notre relation. Jamais un câlin, jamais de geste vraiment tendre, jamais de mots affectueux, jamais rien. Au début, j'essayais de me convaincre qu'il lui fallait du temps mais j'étais de plus en plus sceptique en voyant le temps passer sans qu'il n'y ait le moindre rapprochement. Parfois, je me demandais si c'était moi qui en demandait trop. Peut-être était-ce sa manière d'aimer, à ma Lolo, en silence et de loin même lorsqu'elle pouvait se permettre plus. Ou peut-être était-ce normal qu'elle agisse ainsi, peut-être que c'était moi qui était trop pressée, je n'en savais rien vu que je n'y connaissais absolument rien moi, à toutes ces affaires et histoires de couples. Après tout, je n'avais jamais eu à m'en soucier véritablement. Du coup, le peu que je savais, je l'avais appris en observant les autres or ce n'était peut-être pas le meilleur des enseignements, il fallait se l'avouer. Alors peut-être que tout allait bien, que notre relation avançait à la bonne vitesse mais que je n'en savais rien. C'était sûrement ça. M'enfin il n'empêche, je ne pouvais m'empêcher de penser que ma première relation amoureuse était vachement atypique et bizarre ... Un jour, ma compadre était colérique, de mauvaise humeur, et alors elle débutait entre nous des disputes stupides, m'envoyait chier, me méprisait presque. Un autre jour, elle semblait juste triste, déprimée, et dans ce cas nos interractions étaient un plus cordiales mais non moins douloureuses car avoir en face de moi une sorte de fantôme à l'âme damnée n'était pas plus agréable ...
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Between heaven and hell
FanfictionElle vit l'enfer sans que personne ne le sache. Elle n'a jamais rien dit en espérant un changement prochain. Elle essaye d'entretenir la flamme d'un espoir déjà mort. Elle est à bout... Mais il y a cette fille. Cette fille qui va lui redonner confi...