Chapitre 9

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Pdv Lauren

Couchée de tout mon long sur mon lit, je lorgnais sur mon réveil, obsédée par l'heure qu'il était. Pour une fois, j'avais une sortie prévue ce week-end et je n'avais qu'une hâte, retrouver mes amies et surtout ma petite cubaine. Quelques semaines s'étaient déroulées depuis que je l'avais emmenée au cimetière et lui avait expliqué une partie de mon passé et depuis ce jour, la plus jeune était un véritable soutien, un pilier pour moi. J'eus un temps craint qu'elle change de regard sur moi ainsi que de comportement en ma compagnie, qu'elle n'agisse et ne traîne avec moi que par pitié ou compassion, qu'elle ne raconte ça à Ally, Normani et/ou Dinah mais finalement, elle avait parfaitement respecté le prix de ma confiance et était restée elle-même avec moi, peu importe les évènements. Le seul changement que l'on pouvait remarquer était qu'elle encore plus affectueuse qu'avant mais cela, je n'allais pas m'en plaindre. Non, la jeune brune était compréhensive et je ne regrettais absolument pas de lui avoir avouée ces souvenirs sombres me concernant. J'avais enfoui ces derniers au plus profond de ma mémoire, tentant vainement de les oublier malgré mes nombreuses visites au cimetière, et avant que je ne trouve en Camz une personne de confiance et une confidente neutre et plein de bon sens, jamais je n'avais raconté mon histoire à qui que ce soit. C'était un des très nombreux mystères que je ne m'autorisais pas à dévoiler, une peine qui me paraissait bien trop personnelle et intime pour qu'elle puisse être partagée. Or, parler de cela avec la cubaine fut revigorant en quelque sorte, bien que ce fut également compliqué. J'avais l'impression de m'être confiée à la bonne personne et d'avoir, de cette manière, pu trouver les mots adéquats à placer sur ma souffrance. Et puis, j'avais aussi l'impression de m'être libérée rien qu'un peu du spectre de la mort des trois membres de ma famille, moi qui me sentais en partie responsable de leurs décès. Parce que, disons-le comme il est, si je n'avais pas était si lunatique, si tête en l'air et si pressante avec ma mère juste pour récupérer mon sac de couchage, ce drame n'aurait probablement jamais eu lieu. Ironie du sort, j'étais la seule à m'en être sortie alors que j'étais celle qui avait entrainé ma famille vers cette fin tragique, c'était tellement injuste. Le hasard ne faisait pas toujours bien les choses. Combien de fois avais-je espéré ne vivre qu'un cauchemar ? Combien de fois avais-je espéré me réveiller en sueur, entourée de ceux que j'avais perdu ? Je ne saurais donner le nombre exact tant j'avais gardé l'espoir de ne vivre qu'une illusion qui s'effacera le matin venu. Mais c'était être déraisonnable que de croire sans cesse à cela. Maintenant, je devais me tourner vers l'avenir plutôt que continuer à ressasser infiniment le passé. Ma nouvelle amie, sans le savoir, me tirait hors de ma morosité, elle rallumait la flamme qui menaçait de s'éteindre en moi. C'était comme si elle venait de me réveiller d'un long sommeil, d'une période durant laquelle j'étais à peine consciente que la vie ne s'était pas arrêtée. Son enthousiasme me donnait envie d'améliorer les choses, de faire des efforts pour m'offrir un meilleur avenir. Je ne pouvais pas rester indéfiniment ce mur froid et violent qui se coupait du monde, je devais au contraire laisser paraître qui j'étais vraiment si je voulais avancer. Mon ancienne image me conservait de la dureté de certaines personnes mais m'éloignais de la gentillesse, de l'amour et de la douceur des autres. Camila m'avait fait prendre conscience que, si le monde n'était pas tout blanc, il n'était pas tout noir non plus.

En jetant un rapide coup d'oeil vers mon horloge, je me rendis compte que l'heure initialement proposée par la petite brunette était dépassée depuis une dizaine de minutes. Cette constatation me sauta aux yeux et je me redressai sur mon lit brusquement, attrapant mon portable pour vérifier si je n'avais pas reçu de message. Malgré ma mésenvie, Camila avait réussi à me convaincre de la laisser me chercher après une longue joute orale où nous rivalisions d'originalité pour trouver des arguments qui corroboreraient nos opinions divergents et opposés. La plus jeune étant têtue comme une mule, je dûs bien m'avouer vaincue au moment où je n'avais plus rien à lui répondre et, à contre coeur, je lui avais donné mon adresse. Ne vous y trompez pas, j'adorais la jeune femme, elle était celle à qui revenait toute ma confiance et passer plus de temps avec elle me faisait plaisir mais j'aurais préféré qu'elle ne connaisse pas mon lieu d'habitation. Je détestais ma maison et j'y passais le moins de temps possible ou alors, lorsque je m'y trouvais, je m'enfermais dans ma chambre. La moindre parcelle de cette foutue habitation me dégoûtait,  la simple perspective de m'attarder dans ce lieu horrifique à mes yeux me donnait aussitôt l'envie de fuir le plus loin possible. Alors non, je ne voulais pas que ma bienfaitrice ne vienne dans cet endroit dont j'essayais le plus possible de me détacher. Mais ce qui m'inquiètais le plus pour l'instant, c'était le retard de Camila. Je me faisais probablement des idées mais à l'heure actuelle, je craignais qu'elle n'ait tout annulé au dernier moment ou, pire, qu'elle m'ait exclue de ses projets. J'avais tellement l'habitude qu'on me laisse de côté, qu'on me pose des lapins ou qu'on m'oublie tout simplement que c'était le seul raisonnement qui parvenait à se former dans ma tête, surtout en voyant que mon cellulaire ne contenait aucun message de sa part pouvant me prévenir d'un éventuel retard. À partir de ce moment, je me mis à imaginer le pire, soit ce que j'avais cité précédemment, repensant à toutes ces fois où j'avais attendu des heures des personnes qui n'arrivaient jamais. Mais Camzi n'était pas comme ça, ce n'était pas sa manière de fonctionner, non ? J'essayais de me convaincre que mes idées étaient toutes plus fausses les unes que les autres, que je n'avais pas à douter de la plus jeune. Elle avait beau être très ponctuelle, certains aléas avaient bien pu la retarder. Et puis ce n'était que dix petites minutes de retard, quinze maintenant mais ce n'était pas grave, elle allait arriver, sonner et ...

Between heaven and hellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant