Between heaven and hell

Chapitre 22

Pdv Ally

Elle était là, si effrayée par ma présence, par mon jugement. Elle était là, quasi écroulée suite à mon apparition et si minuscule sous mon regard qu'elle évitait de croiser. Elle était là, mon amie de la première heure, mon ancienne complice, celle à qui j'avais donné tant d'amour pour n'accorder plus que de la colère et de la rancoeur désormais. En la voyant à ce point vulnérable et fragile, j'aurais voulu porter sur elle un regard plus compatissant, moins sévère mais malgré tous mes efforts, je n'y parvenais pas. Elle m'avait, non, me fait trop de mal pour que je pardonne ses erreurs en un claquement de doigts. Elle enchaînait les faux-pas sans se rendre compte qu'elle nous entraînait nous, ses amies, dans ses conneries. J'essayais d'être indulgente, de comprendre ses motivations, de lui trouver quelques excuses pour apaiser ma colère grandissante mais rien n'y faisait, je ne pouvais tolérer son comportement hypocrite, tous les faux-semblants et mensonges qu'elle entretenait par pur égoïsme. Ça me ronge pourtant le coeur de nous voir nous diviser alors que nous avions toujours joui d'une entente à peu de choses près parfaite durant toute ces années d'amitié. Jamais auparavant nous n'étions entrées dans un conflit aussi sérieux, jamais notre relation n'avait été remise une seule fois en question, jamais notre attitude l'une envers l'autre n'avait été si glaciale, distante, acerbe. De plus, j'étais connue pour ne jamais faire durablement la gueule à quiconque, j'étais bien trop une bonne pâte pour cela. Dans le cas présent néanmoins, je ne pouvais fermer les yeux sur ses actes et l'incidence qu'ils auront, ce serait un manque de maturité et de bon sens. Alors j'affirmais fermement ma position et m'opposait à sa conduite, que ce soit auprès d'elle à qui j'ai répété maintes fois que je ne pourrais supporter son nombrilisme et les actes qui en découlaient ou auprès de mes amies qui ne comprenaient pas l'origine de notre éloignement soudain et appuyé. Mais, le problème, c'est que dans dans tout ce micmac, je ne savais comment agir pour qu'elle comprenne qu'elle n'arrivera à rien en poursuivant dans cette direction. Je ne pouvais demeurer neutre devant ce que je considérais être de l'effronterie préjudiciable, je ne voulais laisser la parole entière à mon aveugle fureur car ça m'apporterait moins que ça ne m'en enlèverait, je trouvais que ce serait un manque de correction et de délicatesse d'être directe et de balancer la vérité alors que ce serait à elle de s'expliquer mais je n'aimais pas la perspective de mentir même à moi-même. Elle m'avait mise dans une situation d'entre deux inconfortable dont je voulais sortir au plus vite mais en voyant à quelle point elle s'empêtrait dans ses machineries, je comprenais lentement qu'elle n'effectuerait aucun travail sur elle-même et ne se raisonnerait jamais seule. Et autant dire que ce fait avait tendance à alimenter plus encore et mon incompréhension et mon énervement.

Normani ... Ah Normani, comment as-tu pu enclencher un engrenage si nocif sans te rendre compte des dégâts que cela causerait après coup ? Normani ...

Le dos de ma main percuta sévèrement le bras de Dinah et je toisai cette dernière d'un regard assez irrité et exaspéré. Elle m'avait délibérément traînée ici en sachant pertinemment que je devrais me confronter à sa petite amie avec qui j'entretenais des relations plus qu'houleuses. Certes, elle avait sûrement les meilleurs intentions du monde, elle voulait juste aider ses amies à se réconcilier et elle ne pensait pas que son initiative pourrait être nuisible, en aucun cas. Mais voilà, je ne souhaitais guère communiquer avec Normani et encore moins me rabibocher avec elle, et cette dernière ne me paraissait pas bien motivée à aborder les sujets qui fâchent. Suite à mon geste, Dj tourna légèrement la tête et haussa les épaules en abordant un petit sourire malicieux, fière de son coup malgré mon évidente désapprobation. Dépitée par son inconscience, je soupirai alors bruyamment tout en secouant la tête. Je jetai un vif coup d'oeil à Camila qui nous accompagnait et ne savait où se mettre et me souvins de son entêtement pour que je ne les suive pas dans ce bar. Moi qui n'avait pas compris son obstination le moment-même, tout se faisait instantanément plus clair dans ma tête. Elle voulait juste éviter une énième dispute entre Normani et moi. J'aurais dû l'écouter, elle n'avait voulu que mon bien et avait été cette fois-ci bien plus sensée que sa comparse, mais la proposition de Dinah avait eu l'air si innocente et prévenante ... Quand Mila remarqua que je la regardais, elle bouda en se mordant l'intérieur des joues et en balançant sa jambe droite dans le vent. Derrière elle, Lauren, qui avait les bras croisés dans le dos, observait Camila avec la tête légèrement inclinée, ses sourcils froncés et la moue dubitative. Elle avait parfaitement perçu la culpabilité que devait ressentir celle qui était probablement sa meilleure amie et, avec hésitation, elle entreprit un petit geste rassurant, sa main se rapprochant du bras de la cubaine. Cependant, pour une raison que j'ignore, elle se réfréna à la dernière minutes et sa main brassa de l'air avant de retrouver lentement sa place dans son dos.  Je décidai alors de rassurer moi-même la jeune femme en lui caressant doucement l'épaule et en lui offrant un sourire apaisant, ce qui eut l'effet escompté au moins de façade.