Des ailes dans le dos 2 - Reconstruction

Chapitre 4

                   Emilie

Le lendemain matin je n'assume pas mon escapade avec Rhéa et Martha. Bien que je n'aie pas bu une goutte d'alcool, ma tête est lourde de fatigue, et ma mère refuse que je sorte de mon lit tant que je n'irai pas mieux.

J'envoie un message à mes amis en leur disant que la mission est reportée à après le déjeuner. N'ayant rien d'autre à faire, je décide de lire le premier livre qui me tombe sous la main : Le Horla, de Maupassant. Je le regarde, et les souvenirs affluent, comme une vague déferlant dans ma tête.

Un an plus tôt, alors que nous marchions dans la ville, un week-end où, exceptionnellement, je n'étais pas au royaume, la playlist de Thana avait enchaîné sur une chanson d'un rappeur (dont je peine à me souvenir du nom), « Le Horla ». J'avais demandé à Thana si elle avait lu le livre du même nom, et avant que je sois gênée de ma question (je m'attendais à une réponse négative, vu le peu d'argent qu'elle avait), elle m'avait répondu qu'elle l'avait effectivement lu, et qu'elle avait adoré. Est-ce que c'était parce qu'un rappeur qu'elle vénérait en faisait une chanson, ou parce que l'histoire était vraiment bien, je n'avais su dire sur le moment, mais après l'avoir lu, comment hésiter ?

Doucement, j'ouvre la première page, qui glisse entre mes doigts, sèche et douce, emplie d'odeurs qui me rappellent de délicieux souvenirs, et les questions que ce livre soulève en moi refluent. Ce qui est terrible et merveilleux avec, c'est que le lecteur est tout simplement incapable de savoir si c'est autobiographique ou totalement inventé, ce qui est terrifiant ! J'esquisse un sourire, malgré les images de Thana qui défilent dans ma tête, et pense à l'année qui va commencer.

Je me réveille vers midi, réalisant ainsi que je m'étais endormie,  remplie d'énergie. Je mange en quatrième vitesse le repas que ma mère m'avait préparé et je cours chez mes amis. Je suis prête à aider Thana et aujourd'hui, il est plus que temps de forcer son père à nous écouter.

Quelques minutes plus tard je suis arrivée chez Martha où tout le monde avait rendez-vous pour mettre au point le plan.

- Ça va mieux Émilie ? me demande Iz.

- Ouais, t'inquiète pas, j'étais juste un peu fatigué, lui répondis-je en faisant un clin d'œil à Martha.

- Bon, en ce qui concerne l'opération, si le roi ne veut pas venir à nous c'est nous qui allons venir à lui, commence Martha après un sourire entendu.

- Je suis complètement d'accord ! Et on a un peu de chance, ce soir c'est cette putain de fête du nouvel an.  D'ailleurs je ne comprends pas comment les gens ont le cœur à faire la fête ! Bref il y aura plein de monde dans le palais et on n'aura ainsi aucun mal à entrer, continue Iz.

- Ouais c'est sûr, gros point positif. Après on se dirige vers l'aile et la chambre royal discrètement. Si un garde nous surprend, Martha ou moi allons utiliser nos pouvoirs en espérant que les gardes ne s'apercevront de rien.

Et un plan détaillé de la soirée commence alors à se mettre en place, faisant monter en chacun de nous une forme nouvelle d'espérance.

C'est l'effervescence dans la palais, ce alors même que le roi a disparu. Le pire, c'est certainement que la fête du nouvel an est maintenue. Alors tous s'activent pour décorer la salle de la fête. Entrer est un jeu d'enfant, tout comme gagner l'aile royale. Nous voilà devant ses appartements. Je sens mon coeur sauter violemment dans ma poitrine, le regard morne du garde sur mon visage chaud et moite.

- Nous voulons voir Sa Majesté, lui demandé-je en utilisant mon pouvoir de persuasion.

- Désolé, le roi ne peut pas vous recevoir, répond-il, le corps raide, le regard droit.