Chapitre 8

1.6K 156 1
                                    

La chaleur est affreuse. Mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien foutre dans ces cachots pour que j'ai aussi chaud ? Je réprime un ricanement. Typique de moi, ça, de s'inquiéter plus de la température de la pièce que de ce qui m'attend. En fait, ceci s'explique par un fait très simple : je sais que Papa va arriver. Les heures sont longues, dans cette cellule qui pue et dans cette robe qui me serre, mais je sais qu'il ne tardera pas. Bon, ras-le-bol de tourner en rond là. Je m'assois sur le banc de pierre qui occupe la pièce, si on peut utiliser ce terme... et j'attends. Depuis combien de temps suis-je dans cette pièce ? Cinq heures ? Six ? Cinq heures que je meurs de chaud, fatiguée et folle de rage par rapport au verdict. Ils me le paieront cher, ces chiens.
Soudain, une porte s'ouvre. Enfin ! Je me lève d'un bond, souriante et fière.

- Ah ! Je sors enfin de là...

Mais, alors que je m'attendais à voir Forte, c'est un ange inconnu qui se présente à moi, un sourire narquois sur le visage. En m'entendant, il ricane.

- Parce que tu crois que tu vas sortir ? s'exclame-t-il. Malgré tous les efforts de ton père, tu vas croupir ici jusqu'à ce que tu meures. Pouf ! Juste comme ça. Et voilà, tu seras restée quelques mois, tu ne marqueras les mémoires de personnes, tu ne seras rien de plus qu'un souffle dans le royaume, rien ni personne ne se souviendra de toi. Sauf que ce n'est pas le cas de tout le monde... et mon patron, lui, a bien l'intention de se faire un nom dans la légende de ce pays ! Alors, pendant les deux semaines où tu pourriras ici, tu répondras bien sagement à mes questions, compris ?

J'éclate de rire, malgré la peur qui me tord le ventre. Ne rien laisser paraître.

- Je sais pas ce que vous avez fumé, mais ça doit être puissant pour que vous croyiez que je vais vous dire quoi que ce soit ! Plutôt crever que de vous livrer la moindre information.

Il rit à son tour.

- De toute façon tu vas mourir ! Alors ne rend pas ta captivité pire qu'elle ne va l'être...

- Et qu'est-ce que vous avez l'intention de me faire ? J'ai bien hâte de savoir ! Parce que rien ne me fera plier, je le jure, déclaré-je, bravache.

Il me dévisage un instant.

- Ainsi, tu es aussi fière et forte que ce que les gens racontent. Alors te faire parler sera d'autant plus jouissif, poupée. Tu as hâte de savoir ? Eh bien moi j'ai hâte de voir ta tête quand tu découvriras ce qui t'attend... Car tu n'en as aucune idée.

Et sur ce, il allume tranquillement un feu dans la pièce déjà brûlante. Le visage à quelques centimètres de mes barreaux, je le regarde faire, une boule dure et immense se formant dans mon ventre. La peur est terrible. Mais alors que les maigres flammes orange révèlent ce qui m'attend, je comprends que la douleur, elle, sera pire.

Je me réveille brusquement, le souffle court, le ventre noué par la peur. Il fait chaud, je suis blottie contre le corps brûlant de Mélio, sous une couette tiède. Je m'échappe aussitôt, et sors du château. Il fait nuit, il doit être autour de trois heures du matin. Une fois sur la colline derrière le palais, je rejoins la grande ombre noire qui observe le ciel de ses yeux verts.

- Salut.

Je m'assois en tailleur sur le sol glacé, frissonnant d'autant plus que les sensations sont renforcées depuis cet après-midi.

« Bonsoir Thana. »

Il ne me demande pas comment je vais, pourquoi je suis ici à cette heure, pourquoi je n'arrive pas à dormir, ne pose aucune question sur mon air hagard, rien. Et je l'en remercie infiniment.

Des ailes dans le dos 2 - ReconstructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant