Des ailes dans le dos 2 - Reconstruction

Chapitre 24

Axel

- Qu'est-ce que vous prendrez ? demande la serveuse d'un air affable.

Je désigne la frêle jeune fille en face de moi d'un signe de tête.

- Des aubergines farcies aux légumes et de l'eau gazeuse s'il vous plaît.

- Et pour moi, des tagliatelles au saumon, dis-je en tendant ma carte, à laquelle je n'ai pas jeté un seul coup d'œil.

Je reporte mon attention sur Thana. Elle est toute menue face à moi, mais semble s'imposer, par la force qui se dégage d'elle et la franchise de son regard. Elle est peut-être maladroite et gênée, mais elle en envoie. Clairement pas le genre de la princesse en détresse. Thana, c'est plutôt la princesse qui sauve le prince en détresse. Ou le dragon, au choix.

- C'est quoi ta passion ? Outre la musique, évidemment.

- La musique est une drogue plus qu'une passion, précise-t-elle. Ma passion, c'est le dessin.

- Sympa ! Et tu dessines quoi ?

- Tout. Portraits, paysages, plans, de tout, vraiment.

- Et c'est quoi ton rêve ultime, le truc que tu voudrais à tout prix dessiner avant de mourir ?

- Ah parce que tu me vois mourir tôt ?

- Tu aimes beaucoup trop les risques pour vivre centenaire.

- Qui te dit que j'aime les risques ?

- Tu viens dîner avec moi sans prévenir personne et sans me connaître. Tu ne sais même pas mon nom de famille. Je suis beaucoup plus fort que toi, je n'aurai aucune difficulté à te maîtriser si je le voulais.

- Alors c'est quoi ton nom de famille ?

Je la dévisage, avant d'éclater de rire. Elle est juste tellement surprenante !

- Marc.

- Alors me voilà en sécurité, maintenant !

- Pas du tout ! Je pourrais très bien avoir quand-même des envies dangereuses...

- Oui mais comme tu m'as donné ton nom de famille, je pourrais porter plainte !

- Mais ça ne t'empêcherais pas subir le viol, répliqué-je avec un clin d'œil.

- Si ! Tu sais que je connais ton nom de famille, donc tu te dis que c'est trop risqué.

- Et si je te tue ? Ou alors si j'aime moi aussi le risque ? Murmuré-je.

- Tu n'aimes pas les risques, répond-elle avec aplomb.

- Ah oui ? Et pourquoi donc, je te pris ?

- Tu as choisi un restau que tu connaissais.

J'éclate de rire.

- Bon et si je choisis de te tuer ?

- Je ne suis pas si frêle !

Je lui jette un coup d'œil sceptique qui la fait sourire.

- Tu es certes très athlétique, mais je ne suis pas une princesse en détresse, je te signale !

Elle a dit "athlétique". Pas montagne de muscles, pas un truc péjoratif. Athlétique. C'est la seule pensée qui me traverse l'esprit.

- Ah non ? Parce que je suis le prince charmant par excellence, rétorqué-j' en souriant malicieusement.

- Je croyais que tu étais un violeur à tendance meurtrière ? répond-elle du tac au tac.

Je lève les yeux au ciel en riant.