Chapitre 18

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Je reste sous le choc, les informations se bousculant dans ma tête. Crises, colère, danger. Trois mots qui changent ma vie, me font me voir moi-même comme un monstre y compris pour mes propres amis.

- Tu vas rester le reste de la nuit à l'infirmerie, le temps de digérer l'information, tu iras en cours aujourd'hui, et nous reprendrons l'entraînement la nuit prochaine.

Je hoche la tête.

- Est-ce que ça va aller ? me demande Félicie.

J'ai envie de la gifler, elle, mais aussi sa foutue compassion. Je me racle la gorge pour ne pas qu'elle flanche, et réponds :

- Oui, c'est bon.

- Bon, eh bien je te laisse alors.

Ils me quittent, et même une fois la porte fermée, je l'entends dire à Mentor : « je vais aller prévenir Aymeric ». Manquait plus que lui, tiens. Bon, reprendre les éléments dans l'ordre. Les crises de colère. Il faut que je trouve un moyen de me contrôler... et, si je ne peux pas les empêcher, au moins me souvenir de ce qu'il s'est passé. J'ai peur qu'elles ne soient fréquentes, surtout que je ne connais pas leur source. Eh ben ça, si c'est pas être dans la merde ! Soudain, j'entends Félicie marmonner derrière la porte et je tends l'oreille. Elle discute avec Mentor, je suppose, puisqu'elle semble parler d'un antidote à mon problème, de taille.


- Si on fait ça, elle devra le porter toute sa vie.

- Oui, enfin ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose si on considère qu'elle les aura effectivement toute sa vie.

- Et si ce n'est pas le cas ?

- Ce n'est nullement nocif, lui donner ça n'aura que des bons côtés. Car si elle ne les a plus, eh bien ça lui permettra quand même de garder un contrôle qui frôle la perfection.

- Ça, ce n'est pas sur... Ça lui permettrait d'éviter les crises de colères, mais pas que... Réfléchis à l'action qu'il a. Il aurait un impact sur le moindre événement de sa vie ! Et pas seulement les mauvais. Si elle a un jour une relation amoureuse, des enfants...

- Tu as une autre solution, dans ce cas ?

- Non malheureusement, c'est la seule dont nous ayons la certitude qu'elle marche.

- Alors je ne vois pas pourquoi nous sommes encore en train d'hésiter. Le plus important et surtout le plus urgent est de faire cesser ces crises qui mettent en danger absolument tout le monde. Si elle nous était tombée dessus sans que nous la voyions, elle aurait pu nous tuer et n'aurait eu aucun scrupule à le faire.

- Pas à ce point, quand-même...

- Quand je te disais qu'elle est quelqu'un d'autre, je pèse mes mots. Elle ne reconnaît plus rien ! J'ai vu ce que Mélio m'a transmis de la bataille, elle les a projetés avec une telle violence qu'elle n'a pas pu le vouloir ! Elle savait que ce n'était pas eux puisqu'elle avait un visuel sur Mélio, elle avait vu qu'ils n'avaient aucun lien avec ce qui venait d'arriver, et elle les a littéralement soufflés ! Et les impressions de Mélio le confirment, elle est plus dangereuse que n'importe quoi.

- Mais nous ne pourrions pas l'utiliser pendant la guerre finale, contre les démons ? Si tu dis qu'elle est si dangereuse...

- Le risque qu'elle attaque les anges est beaucoup trop élevé pour le prendre. En plus, imagine si c'est un ange qui la met en colère ! Nous serions battus, pire, décimés par une des nôtres... Non, c'est la seule solution.

- Elle n'acceptera jamais.

- Alors il faut lui mettre sans qu'elle "le sache.

Sans attendre d'entendre un mot de plus, je regarde autour de moi un moyen de m'échapper. Ce dont ils parlent, hors de question que je le subisse ! Je tourne la tête et découvre la fenêtre... Seule solution. Je saute du lit, ouvre la fenêtre, et saute dans le vide.

« TERIA ! » appelé-je avec force.

« Thana ? Que se passe-t-il ? »

« Il faut que tu me couvres, emmène-moi aux Chutes tout de suite s'il te plait ! J'arrive ! »

Mes grandes ailes noires se déploient dans mon dos, et je tente tant bien que mal de me stabiliser pour rejoindre la grande dragonne parme. Effarée par mon ton brusque et urgent, elle s'échappe de l'enceinte du château, déploie ses ailes, et nous emmène vers le repaire qui peut momentanément me sauver. Lorsqu'elle se pose, les questions fusent, et je tache d'y répondre le plus justement possible, lui parlant de mes crises, et de la « solution » que la jeune femme et Mentor auraient visiblement trouvé pour les empêcher.

Des ailes dans le dos 2 - ReconstructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant