Chapitre 22

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Mon examen. Au terme de cinq mois d'entraînement intensif, cinq mois de souffrance, de fatigue et de dépassement de soi, voilà mon examen. Je le passe aujourd'hui, dans une heure. Il faut que je sois prête. Je sais ce qui m'attend, rien d'inconnu, que des choses que nous avons travaillés ensemble, il me l'a dit, et n'a pas menti. Je vais y arriver. Je ne vais pas être la meilleure, ce n'est certainement pas mon intention, mais je vais y arriver, ça va aller. Pas vrai ? Après tout, j'ai eu cinq mois. Pfff. Cinq mois au lieu de plusieurs années. Comment espère-t-il que j'y arrive ? Je dois bien l'avouer, je suis morte de trouille. Axel pose naturellement ses mains sur mes épaules, me faisant sursauter.

- Déstresse, ça va aller. Arrête de faire les cent pas, ça ne sert à rien. Tu vas gérer d'accord ?

Je grogne.

- Je ne vais pas gérer, je vais faire de mon mieux. Si j'échoue, ça veut dire que le mieux que je puisse faire n'est pas assez. Il faut que j'y arrive, ce n'est pas possible autrement ; j'en ai marre de décevoir Mentor, et ras-le-bol de subir ce bon sang d'entraînement. Je veux passer à autre chose !

Il me masse doucement les épaules et rigole.

- Ca va aller je te dis, d'accord ? Je crois en toi.

Je lève les yeux et croise les siens. Ils sont pétillants, noirs comme l'encre, et magnifiques. Non mais qu'est-ce qui me prend ? Ça doit être le stress, c'est ça. Je suis pas habituée. J'ai pas vraiment stressé pour les examens, ces dix dernières années.

- Tu savais que je vivais pas très loin ? dis-je d'une petite voix.

C'est la première information que je lui donne sur moi. Il sourit.

- Où exactement ?

Je ne sais pas si je vais réussir cette foutue épreuve, mais lui oui, et avec brio : Il n'a pas dit « non », a juste embrayé sans commentaire. Et c'est merveilleux. Cet homme est merveilleux. Seul point négatif : je m'attache beaucoup trop rapidement et facilement à lui. J'ai l'impression de le connaître, à force de l'entendre parler, mais lui ne sait rien de moi. Si je veux en faire mon ami, je dois l'intégrer à ma vie, pas seulement qu'il m'intègre à la sienne.

- Si je réussis mon examen, tu pourras avoir des réponses. A certaines de tes questions.

- Pas toutes ? demande-t-il en écarquillant les yeux.

Il réprime un sourire, je le vois bien. Je plisse les yeux.

- Non, pas toutes ! répondis-je malicieusement.

Il lâche mes épaules pour se mettre en face de moi.

- Je suis sûr d'avoir des réponses, en ce cas, dit-il avec un sourire.

J'esquisse un sourire. Et je vois à ses yeux étincelants qu'il est content de me voir ainsi. Pas bien, mais mieux, au moins. Un peu. Les images tournent toujours dans ma tête, mais... il est là. Il est là et il voit. Et il croit en moi.

- Bon, je dois m'échauffer.

- Mais tu vas déjà t'échauffer tout à l'heure ! s'écrie-t-il.

Je lui jette un coup d'œil sceptique. Il lève les mains en signe de reddition et s'éloigne avec un air taquin, et je sors de la modeste maison et commence lentement à m'étirer. Je sais quels sont mes points faibles, ce qui peut me faire flancher. Je passe beaucoup de temps sur ma clavicule gauche, je me teste, vois ce qu'il faudra que je prenne comme précautions. J'étire également mon dos de manière exagérée, car avec les cicatrices que je me suis moi-même infligée et celles que le Monstre m'a faites, cette partie de mon corps peut se révéler douloureuse si je force trop. Je m'habille, enfile mon uniforme que j'avais amené ici, et coiffe mes cheveux en une tresse serrée, maintenant que mon affreux tatouage est masqué par le col ras-du-cou de mon t-shirt. Je colle des patchs de la taille d'une bille sous mes pieds pour éviter qu'ils glissent, mais pour continuer à sentir le sol. Car avec ces patchs, un sous le talon et deux sous la pointe, j'accroche au sol sans laisser de trace, comme avec le talc, et sans être en chaussure. Que des points positifs ! Incroyable de voir combien je suis de bonne humeur, alors même que le stress me dévore. Ceci dit, les images me laissent un répit, alors autant en profiter. Je rentre ma tresse dans mon haut et retourne à l'intérieur.

Des ailes dans le dos 2 - ReconstructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant