Chapitre 5 - Comme une évidence (Partie 1)

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Je n'ai pas pris le temps de répondre au texto de Nicolas. J'avais pourtant prévu de le faire, mais ayant perçu une pointe d'inquiétude dans son second message, j'ai pensée que de laisser s'installer un peu de doute ne serait pas mal.

J'aime arriver avec un peu d'avance aux rendez-vous. Juste quelques minutes pour me laisser le temps de faire un point dans ma tête si j'en ai besoin, pour me recoiffer ou me refaire une beauté tranquillement, ou tout simplement pour m'autoriser à hésiter une dernière fois à d'y aller. Mais cette fois-ci, ce n'est pour aucune de ces raisons qu'à 17h45 j'étais déjà assise sur un banc du parc. Je veux être là à son arrivée, le voir scruter la place à la recherche d'une silhouette en particulier. Et j'avoue que je suis ravi d'être celle qu'il chercherait des yeux, même si à cette époque de l'année le parc serait désert depuis un moment.

Je gare ma voiture sur le petit parking aménagé pour les visiteurs, puis descend le long du chemin en cailloux blanc. Je passe devant plusieurs sièges en pierre, monte quelques marches pour arriver sur une estrade en bois vernie sur laquelle trône un banc, également en bois. Je suis bien bien ici pour l'attendre.

Là d'où je me suis assise, je voit d'une part le pont de la caille, et d'autre part j'ai une vue sur ce parc d'apparence récente que je viens de traverser. Des tables ont été installer pour les familles voulant profiter des beaux jours pour pique-niquer. Des souvenirs de nos sorties familiales me vinrent à l'esprit. Je nous revoyais mon frère et moi courant autour de nos parents.

J'espére que Nicolas serait bientôt là, le froid automnal commence à me glacer les os, et je tremblote. Je n'ai pas envie qu'il me retrouve les lèvres violettes et les yeux rougis par le temps. Le soleil ne tarderait pas à ce coucher, emportant avec lui la beauté de ce qui se présentait devant moi en recouvrant de pénombre le décor.

Lorsque j'aperçoit mon prétendant arriver, je sort de mes rêveries et vais à sa rencontre. Un petit vent glacial se leve en même temps que moi et je me retrouve bien contente d'avoir opté pour un jean slim et une paire de bottes à talons noirs. Pour le haut, j'ai enfilé un top en dentelle ainsi qu'un gilet, tous les deux noires également. Une veste « stretch », une écharpe qui fait rappel avec le bleu foncé de mon pantalon et un bonnet blanc. J'ai laissé mes longs cheveux couleur chocolat détachés pour un effet naturel. Pour le maquillage je suis restée très simple : mascara et eyes liner noir sur mes yeux, et du rouge pour mettre mes lèvres en valeur. Mes ongles leur sont assortis.

Un large sourire me dévoile ces dents d'un blanc éclatant et il me lance sur un ton amusé :

- Waouh, si je m'attendais à ça. Tu es ravissante !

- Merci. Lui répondis-je en rougissant.

- Tu es arrivée depuis longtemps.

- Assez pour être gelée ! Lui lançais-je sur le ton de la plaisanterie en frottant les mains pour tenter de me réchauffer un peu.

- C'est vrai qu'il fait un peu froid ce soir. Je t'ai demandé de venir ici pour te montrer quelque chose de magique. Est-ce que tu connais un peu le coin ?

- Un peu mais mes souvenirs datent. La dernière fois que je suis venue ici, je tenais la main de ma grand-mère, j'avais 6 ans. Le coin a bien changé depuis.

- Effectivement !

Il me prend par la main et me demande en marchant :

- As-tu le vertige ?

- Tout dépend de l'endroit où tu comptes m'emmener ? Lui dis-je en essayant de cacher la peur dans ma voix.

- Rassures-toi, je ne compte pas te balancer par-dessus la rambarde. Si je me souviens bien, il me semble que tu aimes l'histoire, c'est en partie pour cela que j'ai choisi cet endroit. Il y a beaucoup de choses à raconter. Nous parlerons des ponts lors de la deuxième partie de la visite, mais pour commencer, sais-tu qu'en contrebas se trouve une source d'eaux soufrées? En 1825, Michel Baussand fait construire une baraque pour les baigneurs et découvre que ces eaux avaient déjà été exploitées au temps des romains. On devrait descendre un jour si tu en as envie. Approche toi, tu ne verras rien depuis ici, mais la vue en vaut la peine !

La vengeance d'AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant