Sans toi (PNL)

douze: trois lettres, un mot

PDV LAÏLA

Nabil : « Vas-y bonne nuit. » me lance-t-il moins énervé que tout à l'heure. J'ouvre la porte et m'apprête à sortir mais il me retient par le bras.

Moi : « Quoi ? »

Il réfléchit pendant dix secondes puis se décide à me répondre.

Nabil : « Nah rien, vas-y à plus tard. » Je me replace dans mon siège et referme la porte.

Moi : « Tu l'aimes encore ? »

Il semble comprendre de quoi je lui parle, mais il a pas envie d'en parler parce qu'il contracte sa mâchoire et les muscles de ses bras sont bandés.

Nabil : « C'est compliqué... »

Moi : « Non, ça ne l'est pas... C'est oui ou non, trois lettres un mot. »

Nabil : « Ouais... » soupire Nabil dans un murmure. Mon ventre se tord et j'ai l'impression de me sentir trahis. Pourtant on est pas ensemble mais j'aime pas savoir qu'on a partagé des moments intimes ensemble alors qu'il avait le nom d'une autre fille en tête.

Moi : « Humm... »

Nabil : « Mais j'la vois plus hein ! » Pourquoi il se justifie ...

Moi : « Oh tu sais je m'en tape, j'voulais juste savoir si depuis le début c'était moi le problème. Mais ça me rassure de savoir que c'tait pas moi le souci, mais que t'arrivais juste pas à tourner la page. Bref, courage en tout cas ! » quelle menteuse. Je ressens un léger pincement au cœur mais peut-être que finalement, ça devait se terminer comme ça. « Vas-y bonne nuit ! »

Je sors de sa voiture sans même attendre qu'il me dise quoi que ce soit. J'ai la gorge nouée et j'crois que si la Laïla forte n'avait pas pris le dessus j'aurais d'ja chialé devant lui. Mais j'me retiens, même une fois seule dans mon lit.

Rares sont ceux qui oublient leur premier amour. J'pense que Nabil c'est pareil. Il est encore amoureux d'elle mais je ne lui en veux pas. Ce sont des choses qui ne se contrôlent pas. A moi d'apprendre à contrôler mes sentiments.

Mai 2017 (Huit mois plus tard)

Moi : « Bouges Soumia, on va arriver en retard. »

Soumia : « Oui oui !! Rholalala j'arrive ! »

Aujourd'hui, c'est mon défilé. Bon en vrai je défile pas mais vous vous souvenez du projet que je devais mettre en place ? Bah c'est bon, il est terminé. J'ai engagé des personnes qui défileront pour moi, enfin pour l'entreprise du coup. Sur tout le trajet Soumia n'arrête pas de me snapper, putain j'suis stressée de fou moi !

Faut que tout se passe bien, oh mon Dieu faites que tout s'passe bien. Aiiee je panique. Soumia se fout d'ma gueule et poste TOUT mais vraiment TOUTES ses conneries dans ma story. Elle m'a dit qu'au moins mes « followers » pourront voir mon talent.

Ouais elle me lance souvent des fleurs c'te nana ! J'veux pas vous emmerder avec ça, mais bref, dès qu'on a lancé le défilé j'me suis vomis dessus. Rigolez pas ! J'étais stressée de fouuu ! Mais tout s'est très bien déroulé, grâce à Dieu. C'était magnifique, j'vous jure. Je crois que j'ai jamais fais quelque chose d'aussi beau de ma vie. Et je pèse mes mots. Le défilé il était tellement bien fait. J'suis tellement fière de moi.

On va fêter ça au restaurant avec Soumia, Samad & sa fiancée. On est inséparable les trois, bon du coup les quatre vu que la fiancée de Samad squatte de plus en plus nos bails à trois. Moi ça me dérange pas, elle est pas reloue. Elle est simple à vivre, toute hnina.

En huit mois j'ai l'impression d'avoir murie de malade. J'ai réussis à manier cours, taf, projet. C'est vrai que j'ai pas eu de vraie vie privée à côté mais c'était un mal pour un bien.

Je sais où vous voulez en venir. Non, avec Nabil c'est mort de chez mort. Depuis la scène de la voiture où il m'a avoué être encore amoureux on s'est pas re capté, on a même pas discuté à nouveau ensemble. Je l'ai revu je vais pas vous mentir mais c'était avec Soumia, Tarik, Karim qui me lâche plus et tous leurs potes de quartier. Et puis d'puis que Tarik et Soumia sont de « très bons potes » soit disant y'a pas moyen de l'éviter.

Quand je le vois pas je me tiens très bien, quand je le vois je l'évite au max. Au début il me lançait des regards par ci et par là, tentait des approches sur snapchat en m'envoyant des photos de lui. J'y ai jamais répondu. Je vais mieux depuis qu'on se parle plus vraiment. Ma vie a repris un cours normal et ça me fait du bien mentalement et physiquement. Puis, plus les semaines avancées dans le temps et plus il a arrêté toutes ces choses qu'il faisait. J'ai dû m'y habituer. Devoir passer devant lui et à peine le saluer. Peut-être que c'est mieux ainsi.

Quand on s'installe au restaurant Soumia nous annonce qu'elle a invité Tarik. Avec Samad on la nargue mais elle ne répond pas à nos blagues. Moi même je n'y rigole plus depuis que Nabil aussi à squatté MA célébration et qu'il s'est placé en face de moi.

Samad remarque mon malaise et du coup il me tape la discutions, tente de me mettre plus à l'aise comme il le sait. A un moment, lorsqu'il m'a demandé comment ça s'est passé mon défilé, Nabil m'a même appelé Lélé. J'ai bien sûr fait semblant de ne pas avoir entendu et je lui ai répondu vite fait.

Mon téléphone sonne et je réponds devant tout le monde. J'ai rien à cacher. Quand je reviens Soumia me lance un sourire sur le côté, du genre coquin.

Moi : « J'vais y aller... désolée. »

Soumia : « Wallah il te lâche plus ce mec ! »

Moi : « Ca va je reviens dans quinze minutes... »

Samad : « C'bon vas-y, passes le salam à Karim et reviens vite wesh j'ai la dalle ! »

Je les quitte et Samir m'attends dehors sur le capot de sa voiture. Quand je vous ai dis qu'il ne me lâchait plus c'est littéralement le cas. Je me suis attachée à ce mec, il est trop hlou. Mais v'la les vents que je lui ai mis.

Karim : « Weesh ma femme ! »

Moi : « Wesh frèreee ! » j'explose de rire quand je lui dis ça et il me balance une insulte. Il déteste quand je l'appelle comme ça. Friendzoneee direct. Non en vrai il est parfait. Il taffe pour sa gueule, envoie de la thune à sa mère au bled, lui rend visite quand il peut et surtout il prend soin de moi quand je lui accorde.

Bon je vous avouerai que je veux pas qu'il me touche, du coup il fait rien. Il ose pas en parler mais il m'a déjà proposé de discuter mariage. Je vous dis pas comment je l'ai esquivé en pas chassés.

Il veut que je lui raconte ma journée, il dit qu'il est content pour moi et insiste pour immortaliser ce moment. Snapchat oblige. Après quelques vannes et autre je lui fais un bisou sur la joue et le quitte pour retourner manger comme un porc. Sur le chemin je remarque que Nabil était dehors en train de fumer calmement. Nos regards se croisent et je lui affiche un petit sourire timide.