Chapitre 5

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Lorsque Lahela passa la porte de la maison de ses parents, les embrassades furent brèves car ils remarquèrent aussitôt l'air soucieux sur le visage de leur fille.

- Que se passe-t-il ?

- C'est compliqué maman.

- On comprendra, renchérit le père. Pourquoi viendrais-tu ici si ce n'est pas pour nous raconter ce qui te tracasse ?

- Eh bien, peut-être que je viens parce que j'ai envie de vous voir ?

- Mais tu as du travail, tu ne nous rends pas visite comme ça en plein milieu de la semaine !

Lahela s'assit. Elle était consciente qu'elle ne pouvait rien leur dévoiler et que de ce fait la visite chez ses parents serait sondée de questions ; mais elle avait quand même tenu à les voir.

En vérité elle ignorait si elle remettrait un jour les pieds dans cette maison.

D'un commun accord, Théo et Lahela s'étaient chacun rendu chez sa famille respective.

Il était quinze heures, il faisait beau, c'était un des rares moments durant lesquelles on pouvait se permettre de se balader.

Depuis que Lahela avait raconté à Théo sa rencontre avec l'homme de main de la Couronne, ils avaient compris que tout ne tenait plus qu'à un fil. D'un moment à l'autre ils pouvaient être capturés par les gardes, personne n'y pourrait rien. Des tas de gens avaient disparu en l'espace d'une semaine, c'était le grand ménage. La Couronne se débarrassait de quiconque aurait pu s'interposer entre elle et ses projets. Notamment celui de supprimer l'héritier et de prendre sa place sur le trône.

Le petit frère de Théo lui sauta dans les bras à la seconde où il l'aperçut, sa sœur fit de même quelques instants plus tard. Il avait du mal à les regarder en face. S'il leur arrivait quelque chose, ce serait de sa faute.

Au cas où Lahela et lui ne parviendraient pas à sauver le Paradis, il espérait être le premier à mourir, de façon à ne pas voir tous les gens qu'il aimait se faire tuer un à un. C'étaient là des pensées sombres venues d'un ange qui avait pour habitude de ne pas vraiment songer à tout ça.

Autrefois il obéissait aux ordres, à présent il dirigeait une opération impossible face à tout un gouvernement et une armée. Le Paradis reposait sur ses épaules, il mesurait son poids petit à petit.

Théo regarda sa famille. Son frère, sa sœur, sa grand-mère nommée Evelyne et sa mère. Voilà tout ce qu'il lui restait.


- Ils ssavent tous les deux. C'est sssûr, conclut Lucenzo.

- Oui, mais ils vont obéir ou non ? demanda la Couronne, agacée par l'accumulation de problèmes qui retardaient son sacre.

- J'ai mis en garde la fille. Mais je devrais peut-être ffaire pareil pour le garsson ?

- C'est inutile. Elle l'a sûrement mis au courant. Si tu as été convainquant, ils feront profils bas, dans le cas contraire tu t'occuperas d'eux, et d'une bien plus radicale manière.

- Bien, maître.

La Couronne toussa avant de reprendre, cette fois-ci avec une pointe de malice dans la voix :

- Es-tu certain que ce sont eux qui ont aidé la fille à s'évader ?

- Qui d'autre ?

- Si deux gamins ont réussi à tromper mon armée entière et à aider une pauvre petite idiote à regagner la Terre, c'est qu'on les connait mal.

- Oui maître, cependant ss'ils ont des potenssielles capassités intellectuelles qui dépassent la moyenne, ils n'ont certainement pas la fforce et le nombre de nos gardes.

- Tu insinues qu'il faudrait que je revoie mon armée ?

- Sssi des enfants peuvent la déjouer, qu'en sssera-t-il pour des milliers de créatures formées pour nous écraser ?

La Couronne se gratta le menton, soucieuse de savoir qui remporterait la bataille.

- Je vais prendre des mesures.

- Et pour les vermines qui infesstent notre ssomptueux Palais ?

- Ne fais rien. Ces enfants savent où se trouve la fille, mais je n'ai pas le temps de m'en occuper pour le moment. Garde un œil sur eux. Une fois que j'aurais réglé mes histoires au Paradis, nous irons les chercher et ils nous révèleront où elle se cache.

- Merveilleux plan, maître. Et lorssque nous détiendrons la fille, la Grande Guerre débutera enfin !

- Oui, Lucenzo. Pour le moment assure-toi surtout de savoir si les analyses avances. Ce serait bête de ne pas pouvoir se servir de ses talents pour impressionner nos ennemis...


« Avis à la population !

De nouvelles mesures vont être prises pour contrer la hausse de criminalité au Paradis.

Un couvre-feu sera mis en place dès le 1er juillet. Tout intrus se trouvant or de chez lui après le coucher du soleil sera arrêté et jugé.

De plus, le Portail séparant la Terre du Paradis est désormais scellé. Quiconque tentera une fuite sera sévèrement puni.

Nous vous avertissons également que toutes les armes en votre possession devront être rendues dans les vingt-quatre heures à venir devant le grand Armatoir. Une fouille générale sera effectuée dans toutes les habitations, quelles qu'elles soient et où qu'elles se trouvent.

Notre but étant de protéger le peuple angélique des menaces qui planent, comprenez que ces mesures sont essentielles afin d'assurer la sécurité de chacun.

Le Conseil. »

- C'est la Terreur, lâcha Lahela.

Théo se mordit la lèvre.

- Jusqu'où vont-ils aller ? renchérit-elle.

La vraie question qu'ils se posaient était plutôt : « combien de temps tiendraient-ils encore avant que des gardes toquent à leur porte ».

Théo avait bien peur de ne plus être capable de supporter la pression. Il n'y avait rien à faire. Lahela et lui ne pourraient pas sauver le Paradis. Ils le savaient pertinemment et pourtant ils gardaient espoir. Car quoi qu'ils fassent, ils mourraient, d'une guerre ou d'une autre.

Le temps qui s'écoulerait entre ces deux-là serait précieux, certes, mais Théo n'était pas certain qu'il serait agréable à voir passer. Le futur s'annonçait sombre, et surtout, par-dessus tout, Théo était conscient qu'il le tiendrait toujours aussi éloigné d'Ambroisie.

Le Portail scellé...

Et pourtant Théo ne regrettait pas de ne pas s'être échappé avec Am. Le seul moyen qu'ils puissent un jour vivre tous les deux était qu'il reste au Paradis. C'est là qu'était sa place. Là où il devait agir.

Il se rendait compte qu'il pensait trop, et à des tas de choses en même temps. De plus tout se mélangeait dans sa tête.

Théo fut étonné de constater à quel point l'amour rendait dingue.



J'espère que ce chapitre vous a plu ! N'oubliez pas de voter et si possible de partager mon histoire auprès de vos connaissances sur Wattpad et même en-dehors ;)


Ombre & Lumière Tome 2 - La Cascade d'Entre les MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant