« Cherchons des voluptés nouvelles ; Inventons de plus doux désirs ; L'amour cachera sous ses ailes Notre fureur et nos plaisirs. Aimons au moment du réveil ; Aimons au lever de l'aurore ; Aimons au coucher du soleil ; Durant la nuit aimons encore. »
Pendant toute la journée nous avons parcouru la forêt, en ne faisant que quelques pauses d'une dizaine de minutes chacune. J'ai reconnu le « verger » dans lequel j'avais trouvé les orespoirs. Tout était intact. Nous en avons ramassé une poignée que nous avons mangée puis une autre que j'ai glissé dans mon sac-à-dos en espérant que les fruits ne s'écrasent pas dedans. Sur le ton de la plaisanterie, Yanis m'a demandé où était le fameux serpent. Je n'ai pas su quoi lui répondre. Ce lieu paraissait si paisible qu'il était presque inimaginable qu'on eût pu troubler sa tranquillité. Qu'est-ce qui avait bien pu me faire peur la dernière fois que j'étais venue ? Peut-être qu'il ne s'agissait que d'un petit animal sans défense après tout...
Peu après notre traversée du verger, nous avons entendu des cris perçants facilement identifiables : les oiseaux noirs. Nous avions du mal à estimer leur distance alors nous avons préféré rester prudent au cas où ils se seraient trouvés dans les parages. Nous avons progressé à l'ombre des arbres, en évitant les espaces découverts. Ce n'était pas très compliqué étant donné la densité de la forêt. A un moment je me suis tout de même interrogée sur une chose : pourquoi nous ne croisions aucune bête sauvage ? Cet endroit devait pourtant en regorger ! Yanis a supposé que c'était la boussole qui nous les faisait contourner ; puisque nous n'avions aucune autre hypothèse, nous avons poursuivi notre route sans nous questionner davantage.
Contre toute attente, c'est moi qui ai montré les premiers signes de fatigue. En milieu d'après-midi ma jambe s'est remise à me faire mal et en me voyant boiter Yanis a préféré que l'on s'arrête.
- On peut repartir maintenant, ça va je t'assure.
- Tu risques d'aggraver ta situation...
Il a vraiment l'air embêté, mais le choix est vite fait : il est trop tôt pour stopper notre avancée. Je prends les devants et il est contraint de me suivre. Une bonne heure plus tard, nous tombons sur une rivière bien trop large pour être enjambée. Le courant a l'air assez fort et trois bons mètres nous séparent de l'autre rive. Je lance un regard curieux à mon démon. S'il pouvait se traduire par des mots, ceux-ci formeraient une question on ne peut plus directe : « Tu peux voler ? ». J'ai distingué sa mâchoire se resserrer avant qu'il ne ferme carrément les yeux. Pendant qu'il se concentre je regarde s'écouler la rivière en me demandant comment ne pas me faire emporter.
- Non, lâche-t-il en me faisant sursauter.
- Quoi ?
- Je ne peux pas. Ça marche pas. Je suis désolé.
- T'inquiète pas, dis-je en tentant de le réconforter. Ça va aller, on va trouver une autre solution.
- Que dit la boussole ?
J'observe aussitôt le cadran, la grande aiguille effectue des demi-cercles qui vont d'un côté à l'autre de la rivière.
- Eh bien... Je crois que... Oh et puis tiens !
Je lui tends l'objet que j'ai de plus en plus de mal à comprendre. Au bout de quelques secondes Yanis fronce les sourcils puis me rends la boussole.
- Peut-être que ça signifie qu'il y a d'autre endroit plus propices à une traversée ? On va longer la rive en aval.
- D'accord.
Au fur et à mesure que nous marchons, j'ai l'impression que la rivière s'élargit. Je ne fais pas part de ma réflexion à Yanis, je crois qu'il n'a pas besoin de moi pour s'en rendre compte.
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Ombre & Lumière Tome 2 - La Cascade d'Entre les Mondes
ParanormalLes jours passent mais ne se ressemblent plus. Am est de retour sur Terre après un coup d'état au Paradis. Elle est placée sous la surveillance de Yanis, un démon aussi mystérieux qu'impertinent qui l'emmènera avec lui dans sa quête de liberté. Pend...