Ombre & Lumière Tome 2 - La Cascade d'Entre les Mondes

Chapitre 46

Je suis dans les bras de Yanis, et nous regardons ensemble le soleil sombrer sous la cime des arbres. Je souhaite à tout le monde de vivre la même chose. Parce qu'un instant à contempler les cieux main dans la main, c'est plus beau qu'un rendez-vous dans n'importe quel restaurant. Il ne faut jamais perdre espoir, il faut toujours croire en l'amour, car il nous tombe du ciel, un jour, comme ça. Pour être heureux il suffit de sourire, d'être empli de gratitude, de regarder vers l'avant et de donner envie à la chance d'être à nos côtés. La manière la plus simple de voir cette démarche est la meilleure.

- Hé, tu entends ? demande soudainement Yanis.

- Non, qu'est-ce qu'il y a ?

Je me relève après lui et lance un regard circulaire dans la clairière. C'est alors que je perçois l'étrange souffle qui se répand dans les arbres qui nous entourent, puis les ondulations dans l'herbe et les parcelles de ciel qui se troublent, comme s'il s'agissait d'une eau pure et limpide. Tout-à-coup l'air devient vert-viride par endroit et des formes commencent à se détacher. Au bout de quelques secondes je réalise de quoi il s'agit.

- On dirait des nymphes...

Waouh ! Et les dragons c'est pour quand ?

Le visage impénétrable de Yanis m'alarme.

- Qu'est-ce qui t'arrives ? T'aimes pas les nymphes ? Y'a une embrouille avec les démons ?

Celles-ci, pourtant, ont l'air tout à fait commode. L'une d'elle me fait même coucou de la main avant de suivre ses camarades qui voltigent autour des arbres.

- C'est magnifique, tu n'trouves pas ? Hé oh ?

Il a vraiment l'air étrange. En fait ce ne sont pas les nymphes qu'il regarde, mais plutôt la lune qui vient de se lever.

- Oh, on dirait que c'est la pleine lune ce soir... Bon Yanis dis-moi si c'est une blague parce que c'est vraiment flippant là !

Il fige ses yeux sur moi, me faisant sursauter par la même occasion. Des flammes dansent sensuellement à l'intérieur, comme s'il s'agissait d'esprits maléfiques de sorcières ou démones à la fois cruelles et malicieuses. Le temps que je comprenne qu'il a de nouveau perdu le contrôle, il se jette sur une nymphe passée au mauvais endroit au mauvais moment et la plaque contre le tronc d'un arbre, déployant ses ailes couleur ébène. J'ignorais que l'on pouvait les toucher, mais apparemment elles ne sont pas uniquement faites d'air et de feuilles. Je me précipite vers eux et pose ma main sur Yanis pour tenter de le calmer or il me donne un violent coup de coude et je bascule en arrière. 

- Lâche-la. Yanis il faut que tu arrêtes ! Tu ne sais pas ce que tu fais. T'as perdu la tête. Lâche-la tout de suite t'es fou ou quoi !?

Ce n'est certainement pas la bonne méthode, mais les mots sortent d'eux-mêmes sans que je puisse les retenir. En m'entendant Yanis resserre son étreinte autour du cou de la nymphe ; il l'étrangle !

Am fais quelque chose. Trouve une solution !

- YANIS !

Il fait volte-face. En plus d'avoir les yeux enflammés, il me regarde comme si je n'avais aucune importance pour lui, que j'étais un petit pois sous un matelas. Il a retrouvé tous les pouvoirs dont la mystérieuse force l'avait privée cependant celle-ci s'est emparée de lui. A cet instant il a vraiment l'air possédé. De la fumée commence à se dégager d'entre ses doigts, au même moment les yeux de la nymphe se vident. Ses sœurs voltigent, affolées, en laissant dans leur sillage un souffle froid comme l'hiver. Leurs hurlements sourds se rapportent à des sons qui vibrent et ondulent dans l'air, ils me font penser à ceux des baleines.