Chapitre 26 : 24 Mars

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Trois longues années plus tard...

"Sale pétasse !
- Oui c'est ça, allez casse toi", lui réponds-je

C'est ma deuxieme année à l'Université et comme d'habitude, je me suis encore disputée avec Clara, une de ces petites peste de blanche.

Je me lève et sors de la salle de cours qui était presque vide.

C'est la fin de ma journée et aujourd'hui j'invite Kaylah à la maison pour manger. Malheureusement on n'est pas dans la même université, elle est dans une école de sage femme et quand à moi, je ne sais toujours pas quoi faire plus tard.

Je monte dans ma vielle Twingo et pars la chercher. J'arrive devant son école, et elle arrive en courant.

"Ma chériiiiie ! Tu m'as trop manquée !", dit-elle en me faisant un calin

C'est vrai qu'on est en mars et que depuis la rentrée, on a du se voir seulement quatre fois.

Je démarre et nous allons donc chez moi. Nous entrons dans la maison vide. Maman est une professeure remplacente et elle a été envoyée dans une école loin d'ici et je ne sais pas quand est-ce qu'elle reviendra.

Gabriel lui, ne vit plus chez nous. Non, il n'est pas parti en Angletterre rejoindre sa mère, il est juste en colocation avec un ami à lui.

Je me retrouve donc seule.

"Ça fait longtemps que j'suis pas venue !, s'exclame Kaylah
- Ouais, installe toi, je fais à manger.
- Moi m'installer ? Mdr Kaylah la cuisinière arrive !"

Je rigole et nous faisons la cuisine ensemble.

¤¤¤¤¤

"Ooh c'était trop booon !, dit cette grosse affalée sur le canapé
- Grave, dis-je en m'installant à coté d'elle
- Bon aujourd'hui c'était mafé, la prochaine fois je t'apprendrais à faire du pondu, dit-elle avec un gros sourire
- Ok", ris-je

On allume la télé puis elle me dit :

"T'es pas très bavarde aujourd'hui..
- Comme toujours non ?
- Adama...
- Quoi ?
- Je sais très bien quel jour on est.
-..."

Je me contente de regarder la télé parce que je ne veux pas que cette discussion continue.

"Évite pas la conversation Adama ! On est en mars et tout les 24 tu fais une crise à cause de Lia-
- TAIS-TOI, crie-je
-...
- Je ne veux plus jamais entendre le prénom de cet enfoiré."

Je continue de fixer l'écran sans même comprendre l'émission. Mes pensées sont plus autour de ce qu'il s'est passé il y a trois ans. Son visage dur et froid, qui ne me regardait même pas, et son "barre- toi" resteront gravés dans ma mémoire à jamais.

J'ai tellement pleuré en rentrant chez moi ce jour là. Maman dormait encore et je ne voulais pas la déranger avec mes histoires, mais j'ai quand même fini par tout lui raconter.

Gabriel ? Encore maintenant je le hais et tant mieux qu'il ai dégagé de chez moi ce connard.

Je me suis juré de ne plus jamais pleurer, en tout cas pas pour eux, pas pour ces... ces blancs.

Kaylah ne pourra pas m'empêcher de me droguer. Oui parce que tout les 24, cette "crise" comme elle dit, c'est le fait que je me drogue pour oublier, ou plutôt l'oublier... ne serait-ce qu'un petit peu.

¤¤¤¤¤

Cette nuit, Kaylah a dormi chez moi puis je l'ai accompagné à son école.

Là, il est maintenant dix-huit heures et je rentre à la maison.

¤¤¤¤¤

Vingt-deux heures, c'est le moment. Je mets ma veste machinalement et sors. Je marche longuement tandis qu'il fait nuit, puis j'arrive dans un coin qui n'est pas très éclairé.

Une bande de gars, certains plus jeunes que moi et d'autres plus âgés, me regardent. L'un deux s'avance vers moi, sortant du coin sombre où il était.

"Tu cherches quelqu'un ?, dit-il avec un regard froid
- T'as d'la coc' ?"

Il sourit légèrement.

"Nous on a pas ça mais j'peux t'emmener dans un coin où y a que ça si tu veux.
- Ok"

On marche dans une autre direction pendant même pas cinq minutes, et là je vois une autre bande de gars, tous assis le long d'un grillage.

Un grand, d'origine arabe se lève et se dirige vers nous. Le mec avec qui je suis le tchek et s'en va ensuite.

"Tu veux quoi ?", me demande-t-il durement

Je lui "passe ma commande" et il me sort un petit sachet de sa poche. Je lui passe mon billet de cinquante mais avant de partir, j'aperçois parmi tout les gars qui sont assis contre le grillage, un gars blanc, qui fume, le regard dans le vide.

"Oh tu regardes quoi là ?!, me crie le grand
- Mais qu'est- ce que ça peut te foutre ce que je regarde ?!"

Au moment où j'ai levé la voix, la majorité des gars on tourné leur tête vers nous, dont lui. Ils retournent dans leur discussion sauf lui, qui continue de me fixer sans expression sur le visage.

"Mais parle moi bien en fait, reprend le grand
- Pourquoi ?! On a pas élevé les moutons ensemble à ce que j'sache !"

Je ne lui laisse pas le temps de répondre puisque je m'envais. Il est fou lui, genre j'ai pas le droit de regarder ses potes.

¤¤¤¤¤

Il est presque minuit et je suis complètement déchirée... J'ai déjà reniflé toute la drogue qu'il m'a donné.

"J'en peux plus",chuchote-je

Ah si maman me voyait comme ça... Et aussi Kaylah, si elle l'apprenait elle me tuerait.

Je suis sur le canapé et j'ai même plus la force de me lever.
Je retombe dans mes pensées.

Aujourd'hui c'était le jour où Liam sortait de prison, et je sais parfaitement que c'était lui... tout à l'heure.

Les larmes coulent doucement sur mes joues. J'aurais beau le nier, au fond de moi je sais que je serai toujours amoureuse de lui. Trois ans sans le voir, et trois ans à déprimer pour ce connard !

Et la comme par hasard, il était là juste devant moi, et c'était horrible de faire comme si on ne se connaissait pas.

Je pleure de plus en plus fort en repensant à tout ce que j'ai ressenti le jour où je l'ai vu dans cette voiture de police.

Je me lève soudainement et cours vers les toilettes pour vomir.

"Quelle soirée de merde !"

Sans que je m'y attende, la sonnerie retentit et je marche hésitante vers la porte d'entrée.

Your Brown SkinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant