☁ Chapitre 5 ☁

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Lauren tira la chaise qui lui était attribuée autour de la table de la salle à manger. Ce soir là, les deux parents de Lauren étaient présents pour le dîner. Mickaël et Sophia étaient venus de Paris afin de dîner en famille. Les deux petits et Julianne venaient de s'installer autour de l'attablée. C'était aussi le cas de Candice, qui avait été invitée à rester avec son fils, Paul, le meilleur ami de Julianne.

-«Maureen est chez Steven, ce soir. Il organise une nouvelle fête.» Prévint Lauren alors que Caroline posait sur la table la salade de tomate qui allait être dégustée durant l'entrée.
-«Encore ? C'est presque toutes les trois semaines, maintenant.» S'étonna Caroline alors que Candice venait de se lever pour débarrasser les couverts et l'assiette de Maureen.
-«Ça m'étonne beaucoup que les parents de Steven et Dylan ne disent rien. Où est-ce qu'ils vont pendant que leurs fils organisent ces fêtes?» S'interrogea le père de famille qui permettait à ses enfants de n'organiser qu'une fête chacun et une seule fois par an.
-«Ils sont plus un couple que des parents, si vous voyez ce que je veux dire.» Intervint Julianne en commençant à servir un peu de salade à sa toute petite soeur.
-«Dès qu'ils le peuvent, ils partent en week-end à deux et laissent Dylan et Steven tout seuls. La semaine, ils travaillent jusqu'à pas d'heure et mangent souvent au restaurant. Ces parents là se foutent bien de ce que font leurs gosses.» Ajouta Paul. Il avait le même âge que Dylan, le grand frère de Steven  et le connaissait donc très bien.
-«Bon... Et bien on ne reverra sûrement pas Maureen avant demain soir.» Souffla la mère de famille, habituée à une telle situation.
-«Je trouve quand même que ça commence à bien faire ! Maureen dort chez Steven et qu'elle va à une fête dès qu'elle le peut. Si ça continue je vais imposer des limites. Je veux bien être gentil mais on finit pas ne plus voir notre fille.» Râla monsieur Keller avant de croquer dans un bout de pain.
-«Oh papa... Laisse-là bien faire ce qu'elle veut. Elle est grande.» Intervint Mickaël en se servant un verre d'eau.
-«Et puis ses résultats scolaires sont toujours très bons. Je ne pense pas qu'elle oublie ses études pour autant.» Ajouta Sophia. Elle se permettait de donner son avis car elle faisait partie de la famille depuis déjà un bon bout de temps.
-«Vous avez raison. Mais si ses résultats scolaires baissent, je serai obligé de mettre en place un couvre feu et de lui instaurer un quota de sorties.»
-«Je ne vois pas pourquoi tu ferais ça à Maureen alors que tu ne l'as jamais fait pour moi, Léa ou Julianne.» Fit l'aîné de la fratrie, voulant à tout prix défendre la cause de sa petite soeur.
-«Parce que Maureen exagère quand même un peu voir beaucoup plus que vous. Et puis, je viens de dire que je le ferai seulement si ses résultats scolaires baissent ! Alors inutile de contester ce que je dis. Merci.»
-«De toute façon, ça m'étonnerait que mademoiselle parfaite, la princesse Maureen, ait des résultats scolaires non satisfaisants à vos yeux.» Lâcha Lauren les yeux rivés sur son assiette.
Même si ses parents ne montraient aucun signe de favoritisme pour qui que ce soit, le manque de confiance en soi de Lauren lui faisait croire le contraire et attisait encore plus la jalousie refoulée qu'elle éprouvait pour sa jumelle.
-«Qu'est ce que tu veux dire par là?» S'énerva Caroline se sentant accusée de quelque chose qu'elle n'avait pas fait.
-«Rien, rien du tout.» Marmonna Lauren. Elle baissait encore plus la tête, ses cheveux tombèrent devant son visage et par la même occasion, dans son assiette.
-«Tes cheveux ils sont dans tes tomates !» Intervint la benjamine de 10 ans. Elle se pencha et replaça la mèche de cheveux de sa grande soeur chérie derrière son oreille.
-«Merci Aria'.»

L'ambiance du dîner, qui était au départ très joviale, était en train de se refroidir de plus en plus. "Encore à cause de Maureen" songeait Lauren en jouant avec ses dernières tomates avec le bout de sa fourchette. "On aurait dû rester chez nous" pensait quant à lui Mickaël, tout en caressant amoureusement la main de Sophia posée sur la table. Pour apaiser les tensions naissantes, Candice se leva et proposa à tous d'apporter le plat de résistance.

-«Je vais t'aider, Candice.» Proposa Lauren en se levant. Elle attrapa le saladier vide, posé devant son père et suivit la nourrice jusque dans la cuisine.
-«Il ne faut pas être agressive comme ça, ma choupinette. Qu'est ce que tu as aujourd'hui ?» Demanda la femme une fois seule dans la cuisine avec l'adolescente.
-«Je ne sais pas... Je suis peut-être un peu fatiguée. La première, les contrôles qui recommencent et tout ça...» Hésita la brune en posant le saladier dans le lave-vaisselle vide.
-«Oui je te comprends, c'est dur de reprendre les cours. Mais bon, tu pars bientôt voir Léa, non? Cela va te permettre de te reposer.»
-«Oui, sûrement...»
-«Tu peux prendre la purée dans le micro-onde, s'il te plaît?» Demanda Candice en sortant le poulet rôti du four.
-«Vous avez besoin d'aide?»

Cette question provenait de la salle à manger et plus particulièrement de Caroline qui ne supportait pas d'être inutile. Malheureusement pour elle, la réponse de sa question fut un "non", unanime.

-«Je le découpe ici? Comme ça, ce sera fait.» Demanda la mère de Paul, saisissant déjà un gros couteau pour découper la viande.
-«Fais ce que tu veux. Si tu penses que ce sera plus pratique.»

Candice découpa le poulet fermier et le déposa dans un plat. Elle versa le jus de cuisson dans une saucière et apporta le tout sur la table. Lauren la suivait avec le plat de purée.

-«Ah, au fait ! Demain j'emmène Lauren en sortie shopping.» Annonça Julianne à ses parents provoquant un soupir de soulagement de la part de la rêveuse, seulement entendu par Arianna et Sophia, ses voisines de table.
-«Ah oui? Qu'est ce que vous allez encore acheter?» Demanda Maxime, suspicieux, qui avait pris le relais auprès de Candice pour servir tout le monde.
-«On va faire du lèche-vitrine et si quelque chose nous plaît vraiment, on le prendra. Peut-être que Lauren voudra se prendre une robe ou un vêtement spécial pour partir à Londres. Et moi j'ai toujours besoin de quelque chose, vous le savez bien. Une sortie entre soeurs, quoi.»
-«Très bien, mais vous vous débrouillez avec votre argent de poche, dans ce cas là.» Accorda le chirurgien avant de s'adresser à son fils. «Timéo, cuisse ou blanc?»
-«Il me reste de l'argent de papy et mamie, ne t'inquiète pas.» Intervint Lauren alors que son petit frère quémandait "un morceau de blanc avec du ketchup".
-«Vous allez à quel centre commercial?» Demanda Sophia innocemment. Cela obligea Julianne et Lauren à renforcer leur mensonge.
-«On va sûrement aller à Paris.» Fit la plus âgée des deux menteuses.
-«C'est pour cela que l'on va partir tôt. Vers 8 heures.» Ajouta la jumelle de Maureen.
-«Oh ! C'est très bien ! Si vous allez à Paris et si tôt que ça je peux vous déposer en voiture ! Je travaille, demain matin.» S'enthousiasma Caroline. Elle aimait rendre service dès qu'elle le pouvait. C'était sûrement pour cette raison qu'elle faisait du bénévolat en plus de son métier.

"Eh merde" c'était la seule chose, un murmure, qui sortit de la bouche des deux soeurs après la proposition pourtant si sympathique de leur mère. Elles se fixèrent toutes les deux dans les yeux puis, d'un commun accord, pris de loin, c'est Lauren qui fut choisie pour les sortir de ce problème.

-«Non pas besoin, on va prendre le métro.» Fit Lauren en essayant de prendre un air assuré afin de masquer la non-crédibilité de cette affirmation.
-«Pourquoi ça?»
-«Et bien, nous sommes grandes, maintenant. On prend notre indépendence. Il faut bien qu'on s'habitue à prendre le métro toutes seules si on veut quitter cette maison un jour.» Débita Lauren, si fière de son mensonge qu'elle se persuadait elle-même de ce qu'elle venait de dire.
-«Mais enfin vous avez déjà pris le métro toutes seules ! Je vous dépose seulement, vous rentrerez en métro.»
-«C'est pas parce que tu nous déposes en voiture comme des gamines que tu vas nous aider. N'est ce pas Julianne?»
-«Oui oui elle a raison. On va y aller en métro.»
-«Tu es bien bizarre ce soir, Laulau. Enfin bon, vous faites comme vous voulez, hein.» Approuva finalement Caroline comprenant de moins en moins le raisonnement de ses enfants.

Julianne et Lauren se firent un clin d'oeil, le plus discrètement possible. Le plan de Lauren avait finalement fonctionné sans trop de problèmes.

LaurenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant