Lauren

☁ Chapitre 11 ☁

Lauren et Julianne claquèrent la porte d'entrée et se dirigèrent vers leur chambre respective après avoir salués Arianna, Timéo et leur père qui regardaient un Disney dans le salon. Alors qu'elles entamaient la montée des premiers escaliers, leur père les interpella, les obligeant à rebrousser chemin. Avant de se placer face à leur paternel, les deux soeurs se regardèrent dans les yeux, se demandant quels mensonges elles allaient encore devoir créer pour pouvoir se faire oublier.

-«Alors les filles c'était bien cette virée shopping? Vous avez pris votre temps dis donc...» Fit le père de famille en regardant sa montre, déjà suspicieux.
-«C'est parce que Julianne n'arrivait pas à se décider sur ce qu'elle voulait acheter.» Répondit Lauren, ne mentant qu'à moitié à son père, qui fronçait les sourcils comme si il venait d'enclencher son détecteur de mensonges.
-«Vous avez acheté beaucoup de choses?» Demanda-t-il en regardant les trois sacs presque pleins avec un regard accusateur. Il répétait sans cesse à ses enfants de ne pas dépenser leur argent inutilement, ce que faisait Julianne assez souvent à son plus grand désespoir.
-«Non. Il y a trois sacs mais ils ne sont pas remplis. Y'a presque rien dedans. J'ai pas dépensé tout mon argent, t'inquiète pas.» Mentit Julianne en se plaçant devant les sacs posés par terre pour essayer de cacher leurs contenus à son papa.
-«Tu es sûre?»
-«Oui oui. Je suis sûre.» Répondit rapidement Julianne en attrapant les trois sacs, puis en se mettant dos à son père et à Arianna et Timéo.

Elle monta les escaliers le plus vite possible pour fuir cette discussion qui ne la mettait pas dans une bonne posture. Elle avait peut-être 19 ans mais son père (et sa mère) ne se gênaient pas pour la disputer si ils en avaient la raison. Et puis toute cette histoire c'était à cause de Lauren. Elle n'avait qu'à se débrouiller avec son père, le boulot de Julianne, lui, était terminé.
Lauren, seule face à son père, essaya de lui faire un magnifique sourire, qui ne fit qu'augmenter ses interrogations.

-«J'ai l'impression que vous ne me dites pas tout.» Continua le père de Lauren dont les deux derniers enfants étaient blottis dans ses bras. Ce père d'habitude plutôt affectueux ne se montrait pas si commode quand il était énervé ou qu'il avait quelque chose à reprocher à quelqu'un.
-«Bah si... On est allé au centre commercial et ensuite on a...»
-«Lequel?»
-«À Paris. On te l'a dis hier !» S'exclama Lauren un peu plus fort qu'elle ne le voulait.
-«Oui et puis...»
-«Mais pourquoi tu nous flic comme ça? On est plus des gamines c'est bon quoi !» S'énerva Lauren ne savant plus où se placer parmi tous les mensonges qu'elle et sa soeur avaient formulés.
-«Je vous demande ce que vous avez fait si je le veux. Tu vas pas commencer à me dicter ma conduite non plus...» Fit calmement Maxime Keller alors que sa fille commençait à bouillir de l'intérieur face à sa défaite presque obligatoire.
-«Mais t'es en train de nous accuser d'un truc inexistant ! C'est chiant à la fin.»
-«Et de quoi je vous accuse? Non mais dis-le moi, Lauren, ça m'intéresse.»

Il y eut un petit moment de blanc avec que Lauren ne réponde. Elle se rendait compte qu'elle ne savait même pas si son père l'accusait ou lui reprochait quelque chose.

-«Je ne sais pas !» S'écria finalement la jumelle de Maureen.
-«Tu t'enfonces toute seule, Lauren. Là tu vois je peux me douter qu'il s'est passé quelque chose.»
-«Oh, tu sais quoi? Je m'en fou !» S'exclama la jeune fille en se retournant vers les escaliers pour rejoindre sa chambre.
-«Reste-là !» Fit le père de famille haussant la voix pour la première fois depuis le début de cette discussion.
-«Non !» Cria Lauren en arrivant déjà au palier du premier étage. Elle savait qu'elle était foutue. Alors foutue pour foutue elle préférait s'isoler dans sa chambre en attendant la prochaine discussion où sa mère prendra part aussi, plutôt que de continuer celle-ci avec son père sachant pertinemment qu'il y en aura une autre dans quelques heures.
-«Mademoiselle Lauren Madison Keller. Reviens ici tout de suite !»

Le père de famille n'eut pour seule réponse que le claquement de la porte de la chambre de sa fille. Alors qu'il allait se lever afin de rejoindre Lauren pour cette fois-ci réellement l'engueuler, il fut retenue par une petite main qui venait de sortir de sous la couverture.

-«Mais papa. Tu ne regardes pas le dessin-animé avec nous?» Fit doucement la petite voix d'Arianna en regardant son père avec ses grands yeux craquants.
-«Mais si ma princesse... Je reviens tout de suite.» Fit le père de famille, en retrouvant une voix plus douce pour sa petite dernière. «Je pense que Lauren a peut-être fait une bêtise. Ou qu'elle a un problème. Faut que j'aille voir, tu sais.»
-«Tu peux pas aller voir après le dessin-animé?» Proposa Arianna sous l'approbation de Timéo.
-«Oh bah oui après le dessin-animé !»
-«Bon c'est d'accord.» Admit le père après une petite réflexion. Il reprit place entre ses deux derniers enfants. «J'irai voir Laulau quand elle sera un peu plus calme.»

De son côté, Lauren se jeta sur son lit quand elle pénétra dans sa chambre. Elle resta quelques temps sans bouger, sur le ventre et la tête dans un de ses coussins. Elle avait peur que ses parents découvrent qu'elle s'était enterrée dans le mensonge et que, par conséquent, ils la privent de se rendre à Londres pour voir Léa. En soupirant plutôt bruyamment, elle attrapa Flora qu'elle serra dans ses bras en fermant les yeux.

-«Tu crois qu'ils vont m'obliger à rester ici et ne pas aller à Londres?» Demanda Lauren à voix haute en regardant sa peluche qui lui répondrait sûrement si elle avait l'usage de la parole.
-«Je pense que tu te poses trop de questions. Ton père n'a pas parlé d'une quelconque sanction pour l'instant.»
-«Peut-être. Mais si ils savent pour les exclusions. Les trois heures de colle. Mon amitié avec Jérémy. Enfin bon maintenant je pourrais plutôt dire mon ex amitié...» Fit-elle avec un pincement au coeur avant de continuer. «Ma presque addiction au tabac. Mes mensonges...»
-«Pourquoi ils le sauraient? Depuis le temps, je trouve que tu arrives plutôt bien à cacher tout ça. Je ne vois pas pourquoi ils découvriraient tout ça aujourd'hui. À la rigueur la colle et les petits mensonges d'aujourd'hui.»
-«C'est déjà pas mal. Je pense que ça leur suffirait.»
-«Tu ne sais pas. Ils ne sont pas vraiment habitués à entendre de mauvaises choses sur toi. Aller t'inquiète pas Lauren, les bonnes choses vont bientôt arriver...»