Chapitre 3

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Le reste de la journée se passait plutôt bien. Les membres de ma classe murmuraient sur mon passage, discutant de la compétition qui aurait lieu le lendemain et de l'altercation que j'avais eu avec Castiel.

Peu de personnes y avaient assisté, mais la rumeur se répandait comme une trainée de poudre enflammée. La petite nouvelle était le centre des discutions.

Je rentrais dans ma nouvelle tanière satisfaite du travail accompli. Je m'allongeais sur les fourrures qui couvraient mon lit, me roulant en boule avant de m'endormir épuisée. Le voyage m'avait fatiguée et la lune passée m'avait épuisée. L'approche de la suivante se faisait déjà sentir en moi.

Je décrochais mon téléphone, laissant dessus une marque ensanglantée, composais un numéro...

-Rien-qu'un-œil ?

-Ouaip, qui le demande ?

-Gueule-de-nuit. J'ai besoin de nouveaux papiers.

-Encore ! Tu devrais te maitriser un peu....

-Tu sais que je me maitrise mieux que vous tous.

-Pardon, tu as raison.... Toujours Abigaël ?

-Oui.

Lorsque je me réveillais le lendemain, le sang battait à mes oreilles, vif, puissant. Un grondement s'échappa de ma gorge, je pénétrais dans la cuisine et me jetais férocement sur mon stock de brioche. Je vais devoir faire des réserves de nourritures plus importantes si je veux pouvoir me maitriser mieux.

Je faisais ma toilette puis me rendais au lycée non sans passer au préalable dans une superette où j'achetais des provisions pour la journée. Je mettais dans mon casier ma provision de barres chocolatées diverses quand une main s'appuya sur mon épaule en me faisant pivoter.

Des parfums forts d'ambre, de musque et d'autres plus artificiels m'envahirent. Pendant un court instant, le sang battait plus fort. Je prenais une profonde inspiration puis me calmais intérieurement.

-Oui ?

-Tu sais qui je suis ?

Je cherchais dans ma mémoire un nom mais n'en trouvais aucun...

-La blonde qui ricanait comme une hyène lorsque je me suis présentée.

-Je ne ricane pas comme une hyène ! Je suis Ambre, la fille la plus populaire de tout le lycée, tu as forcement entendue parler de moi !

-Désolée, tu ne m'intéresse pas.

-Ah ouais ? Bah tu devrais...

-Pourquoi ? Parce que sous prétexte que tu as un physique un peu intéressant, tout le monde devrait se prosterner devant toi ?

-Parfaitement !

-La beauté est éphémère... C'est le plus trompeur des dons.

-Je n'ai pas besoin de tes conseils, je suis venue te dire de ne plus t'approcher de Castiel !

-Pourquoi ?

-Il est à moi tu m'entends !

-Je n'en ai cure. Et c'est lui qui me cherche en plus, tu n'as qu'à maitriser ton mâle si tu ne veux pas qu'il aille voir ailleurs.

-Espèce de sale trainée, tu vas voir !

Elle s'apprêtait à me gifler. Je lui attrapais le poignet d'une main, le cou de l'autre et la plaquais violemment contre les casiers sous le regard ahurie des deux toutous qui la suivent.

-Ecoutes-moi attentivement Ambre.

Les yeux affolés, elle tentait de son autre main de dégager son cou.

-Je n'en ai rien à faire de tes états d'âmes, je n'en ai rien à faire de ta popularité et je n'en ai rien à faire de toi tout court. Cherche moi encore une fois et tu n'auras trouvée que ce que tu mérites...

Une lueur proche de la panique s'alluma dans ses yeux. Je la lâchais soudainement, fermais les yeux et contrôlais mon souffle pour me maitriser. La lune était trop proche, plus proche que ce que je pensais. J'aurais dû compter les jours...

Quand j'ouvrais de nouveau les yeux, elle avait disparue et ses deux acolytes aussi.

J'avais vraiment les nerfs à fleur de peau.

Pour le reste de la journée, je ne quittais pas Iris d'une semelle. Étrangement, son babillage incessant et ses remarques perpétuelles sur telle ou telle chose m'apaisaient et me calmaient. Je décidais donc de la suivre comme son ombre.

Quand enfin l'heure de l'affrontement avec Kim arriva, j'étais suffisamment maitresse de moi. Le club d'athlétisme était réuni autour de sa championne, se poussant du coude et rigolant bien fort pour montrer à tous leur soutien.

Pour faire plus vite, j'avais enfilée sous mes vêtements un short court et une brassière.

Alors que la demoiselle faisait ses échauffements et étirements, je me contentais d'enlever mes vêtements superflus et mes chaussures.

J'attendais sur la ligne de départ. Pieds nus, mes orteils jouaient avec la terre ocre qui recouvrait le sol. Mes longs cheveux cendrés volaient autour de mon visage, titillés par le vent taquin.

Quand enfin Kim eu fini de s'échauffer, les gradins étaient remplis d'étudiants emmitouflés. Certains criaient son nom pour l'encourager et la soutenir. Elle levait les bras, saluait la foule et faisais de grands signes.

L'arbitre s'avança, nous prenions place sur la ligne. Penchée en avant, appuyée sur les avants bras, j'inspirais le vent d'hiver, ouvrait la voie de la bête, laissais mes muscles se gorger de sang, de vie. Au coup de feu de départ, j'étais prête. Je m'élançais !

Mes pieds nus foulaient la terre, je volais par dessus les haies avec une aisance hors du commun. Ce n'était rien en comparaison d'une course en pleine forêt. Je franchissais la ligne d'arrivée bien en tête. M'arrêtais à peine essoufflée. Je prenais une grande inspiration de nouveau et fermais la voie de la bête en moi.

Kim à mes côtés, essoufflée, pestait.

LouveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant