Chapitre 13

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Les yeux ouverts, essoufflée, je regardais par la fenêtre la nuit tomber sur la ville. Je repoussais un peu Nathaniel qui s'était endormi à moitié sur moi, épuisé par la magie et la fusion de nos deux corps. Il ne se réveillerait probablement pas avant la fin de la journée de demain...

Je me levais, regardant avec effarement son dos à la peau lisse et saine comme celle d'un nouveau-né. Il se passait ici des choses qui me dépassent.

Je couvrais son corps nu de ma couverture puis montait dans la chambre chercher ce qu'il me restait de couettes et de draps. Je descendais ensuite un matelas puis nous fabriquait un nid douillet dans lequel je l'installais. J'aurais pût le porter jusqu'à la chambre mais je ne voulais pas prendre le risque de le sortir de sa léthargie réparatrice.

J'allais ensuite chercher mon téléphone portable et m'installais près d'une fenêtre. Je composais un numéro, attendais qu'on me réponde en regardant les étoiles.

-MMMmmmm... J'espère que c'est important vu l'heure.

-Le Wapun Nashoba approche, les esprits de la forêt m'ont parlés. Rassemble ce qu'il reste de la meute et rejoignez-moi. Je t'envoie l'adresse.

Je raccrochais sans attendre de réponse puis lui envoyais un sms avec mon adresse. Rien-qu'un-œil sait ce qu'il a à faire. Je devrais faire plusieurs doubles des clefs.

Je quittais du regard les étoiles pour poser les yeux sur le tas de couvertures où se reposait Nathaniel. Mes sentiments étaient partagés. D'un côté, la bête était plongée dans un sommeil serein, rassasiée comme elle ne l'avait jamais été. Roulé en boule au plus profond de mon être. De l'autre côté, j'étais perplexe. Je le connaissais à peine et pourtant, je me sentais proche de lui. Alors que je fixais son visage, mon cœur se serrait. Est-ce que je l'aimais ? Etais-je tombée amoureuse de lui en si peu de temps ?

J'avais du mal à le croire, à l'admettre. Je ne savais quasiment rien de lui si ce n'est ce que j'ai appris récemment. Pourtant, physiquement, je me sentais très proche, comme s'il était inscrit dans ma chair, dans toutes les fibres de mon être.

Je me sentais fragile et je n'aimais pas ça. La douce et fleur bleue Abigaël était morte il y a des siècles. Je ne voulais pas de nouveaux ressentir ça.

Un instant, je songeais que j'aurais dût laisser la bête le dévorer, mettre fin à ses souffrances. Je frissonnais, toutes ces pensées me rendaient fragile. Je les jetais donc aux orties et me glissais sous les couvertures, passant un bras autour de la taille de Nathaniel et laissant l'odeur de la meute et son parfum de sous-bois m'apaiser et m'endormir.

Un rayon de soleil taquin s'attardait sur mon visage, passant à travers mes paupières et me forçant à me réveiller. Un sentiment de bien être m'envahie soudain. Je m'étirais sous les couvertures jusqu'à ce qu'un bras gêne mes mouvements. Je roulais puis glissais hors du nid douillet pour continuer à m'étirer plus à mon aise. Les bras en l'air et sur la pointe des pieds, j'allongeais ma colonne vertébrale jusqu'à entendre un petit claquement désagréable à l'oreille mais qui me faisait du bien. Je laissais retomber mes bras puis me dirigeais vers la fenêtre. Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi mais le soleil est déjà haut dans le ciel.

J'allais dans la cuisine et faisais couler un café, je sortais un plateau, préparais deux mugs et une profusion de petites brioches puis me rendais dans le salon. Je posais le plateau près du nid, relançais le feu dans la cheminé puis attrapais une tasse et une brioche et me dirigeais vers la fenêtre. Assise sur le rebord de celle-ci, je regardais les oiseaux voler dans le jardin. Mon linge devait être sec.

PDV de Nathaniel.

J'émergeais avec difficulté, la bouche pâteuse et les yeux collés. Je m'asseyais dans le lit en essayant d'organiser mes esprits mais j'étais confus. Je frottais mes yeux bouffis de sommeil, une agréable odeur de café emplissais l'air mêlée à celui du feu de cheminé.

Du feu de cheminé !

J'ouvrais grand les yeux, je n'avais donc pas rêvé !

Peut-être que je rêvais encore finalement....

Abigaël était assise sur le rebord de la fenêtre, complètement nue. Ses formes étaient parfaites, elle était finement musclée, les jambes galbées, les fesses fermes. Ses longs cheveux gris cendrés pendaient libres et ébouriffés jusqu'à sa taille, dissimulant le haut de son corps. La tête tournée vers l'extérieur, elle semblait observer le ciel. Comme elle était belle !

Je ressentais un émois plus que gênant en la contemplant, mais je n'arrivais pas à détourner les yeux, je ne le voulais pas. C'est alors que mon estomac décida de se manifester.

PDV Abigaël.

Un gargouillis insolite me fit tourner vivement la tête. Nathaniel était assis sur les couvertures, les cheveux en pagailles et il était visiblement content de me voir....

-Tu es réveillé. Je t'ai servi une tasse de café, j'ai juste mis un sucre comme je ne savais pas comment tu le prenais, tu dois avoir faim.

Il agrippa à toute vitesse un bout de couverture pour cacher sa nudité, détourna le regard en rougissant violemment comme un gamin prit en faute. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire devant son attitude puérile mais terriblement craquante. Je me giflais ensuite mentalement de réagir comme ça vis-à-vis de lui.

Je retournais à mes oiseaux en sirotant mon café comme si de rien n'était. S'il doit devenir l'un des nôtres, il devra s'habituer à la nudité et oublier la pudeur. Les loups ne se trimballent pas habillés.

J'entendais le bruit de la tasse et de la cuillère qui tournait dedans, je tournais de nouveau la tête, c'était plus fort que moi. Il avalait goulument une brioche et la faisait passer avec le café.

-Doucement, elles ne vont pas s'envoler, et tu récupéreras mieux si tu prends le temps de mâcher et d'avaler.

Il rougit de nouveau en posant les yeux sur moi, puis détourna encore une fois le regard avant d'appliquer mes conseils.

Je décidais d'arrêter de le torturer plus longtemps et me levais du bord de la fenêtre.

-Je vais me doucher, si tu n'as pas assez, vas dans la cuisine, tu trouveras des trucs dans les placards.

Je me dirigeais vers ma chambre, attrapais un t-shirt moulant bleu nuit et le premier buggy noir venue, des sous-vêtements puis me rendais dans la salle de bain.

Je laissais l'eau glacée couler sur mon corps et me rafraichir les esprits. Une fois récurée de fond en comble, je me savonnais les cheveux puis appliquais un après shampoing démêlant. J'en aurais bien besoin étant donné l'état dans lequel se trouvait ma chevelure. Je me brossais les cheveux en chantonnant jusqu'à ce qu'il n'y ai plus aucun nœuds et qu'ils soient bien sec, je m'habillais puis me regardait dans la glace. J'allais descendre quand je me rendis compte que je chantonnais.

Je chantonnais. J'avais fait attention à ma tenue. Je m'étais regardée dans la glace.

J'allais plutôt dans ma chambre et m'asseyais sur ce qu'il me restait de lit, me prenant la tête entre les mains.

J'étais bel et bien amoureuse.

LouveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant