Louve

Chapitre 14

Je perdais bien une quinzaine de minutes comme ça à me morfondre avant de me décider finalement à descendre. J'allais dans le salon pour commencer mais Nathaniel n'y était pas, j'allais ensuite dans la cuisine et le retrouvais assis sur une chaise en train de grignoter une tartine de pain recouverte de Nutella.

-Je n'avais jamais eu aussi faim de toute ma vie.

On aurait presque dit qu'il s'en excusait. Je songeais qu'il me faudrait faire de sacrés réserves de nourriture avant l'arrivée des autres...

-C'est normal...ça se passe toujours comme ça, ton corps à besoin de compenser pour les cellules qui se sont régénérée.

Il s'était recouvert d'un drap à la façon d'une toge romaine. Je le contournais, faisais glisser le haut du drap pour découvrir son dos.

-Mais qu'est-ce que tu fais ?

-Calme toi Nathaniel, tu n'étais pas si pudique hier soir.

J'étais loin de ressentir l'assurance que je feignais mais ma remarque aura au moins eu le don de le faire taire. Je le savais rouge comme une tomate sans même avoir à le regarder. Étonnamment, je sentais moi aussi le rouge me monter aux joues.

J'inspectais la peau de son dos. Il n'y avait plus aucune trace. Ni des coups récents, ni des coups passés...

-Stupéfiant ! Tu avais d'autres cicatrices ailleurs ?

-Une au genou, je me la suis faite en tombant de vélo quand j'étais petit.

-Et elle y est toujours ?

Je le vois qui redresse un pan du drap, inspectant son genou droit.

-Non, plus aucune trace... Ce n'est pas croyable ! Comment tu as fait ?

-Tu avais promis de ne poser aucune question.

-Mais...

-Tsss ! Tu as promis !

En plus, je n'en savais rien moi-même... Je gardais mes mains posées sur ses épaules nues. Lorsque la meute est réunie, nous ressentons le besoin de nous toucher les uns les autres, de sentir nos parfums respectifs, une forme de rituel rassurant en quelque sorte. Je retrouvais naturellement ces gestes avec lui alors qu'il n'en faisait pas encore partie et que j'avais vécue en solitaire de nombreuses années... C'était à la fois réconfortant et terriblement étrange.

-Abi ? Abigaël ?

-Mmmm ?

Plongée dans mes pensées, je n'avais pas fait attention au fait qu'il me parlait.

-Je dois rentrer chez moi.

-Pourquoi ? Tu pourrais rester ici ...

A peine prononcée, je regrettais déjà mes paroles. La meute arrivait et j'avais des choses à organiser avec elle, des rituels à accomplir qu'un simple humain ne comprendrait pas.

-Non. Je dois rentrer chez moi, c'est gentil, j'apprécie... Mais j'ai besoin de réfléchir à ...ce qu'il s'est passé.

-N'en parle à personne.

-Je l'ai promis.

-Justement.

-Euh Abigaël.....

Il rougissait encore. Mais quoi à la fin, qu'est-ce qu'il me veut !

-Oui ?

-Il faut que tu me lâche... Je ne peux pas bouger.

Oups ! Des fois je ne maitrise pas ma force...

Je l'accompagnais dans le salon et le regardais ramasser ses affaires.

-Mince, je ne vais pas pouvoir mettre ça....

Sa chemise était imbibée de sang séché, son pull en avait également quelques trace et son pantalon comme son boxer étaient.... En piteux état. Comme je viens juste de le dire, je ne sens pas ma force parfois...

C'était à mon tour de me sentir gênée.

-Je vais essayer de te trouver quelque chose...

Je montais les escaliers, ouvrait mon armoire et farfouillais dedans. J'en sortais un pantalon de jogging à taille élastique et un T-shirt un peu trop grand ainsi qu'un pull informe que j'adorais mettre pour être à l'aise. Comme nous faisions à peu près la même taille, ça devrait aller.

Certes, c'était loin d'être sexy, mais au moins il devrait pouvoir l'enfiler.

Je lui donnais puis lui indiquais la salle de bain en lui précisant où se trouvaient les serviettes propres.

J'allais ensuite dans le jardin ramasser mon linge. Malgré l'humidité laissée pendant la nuit il avait fini de sécher.

Je finissais de plier mon linge quand il sortit de la salle de bain. Je le raccompagnais jusqu'à la porte déposant un rapide baiser sur sa joue alors qu'il fuyait. Je le regardais partir, jetant de temps en temps des coups d'œil vers moi. Mon téléphone vibra.

" I'll be there tomorrow. 15 h. EDLM."

Les choses allaient enfin se préciser un peu.