Chapitre 25

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Je me relevais, faisant toujours face à Nathaniel, puis observait les alentours. Une plaine, à perte de vue, aussi loin que portait le regard, pas un arbre ne poussait. Juste de l'herbe verte, dense, haute.

Celle-ci était comme animée, vivante, se courbant et se redressant en vagues émeraude incessantes malgré l'absence totale de vent.

-Je ne sais pas.

Je tournais le visage vers Nathaniel puis lui tendait la main.

-Viens, allons voir un peu plus loin.

Il me prend la main et je commence à avancer dans cette herbe étrange.

-Tes cheveux ne sont pas de la même couleur Abigaël...

J'attrapais une mèche de mes cheveux et constatais qu'effectivement, ils étaient devenus noir corbeaux. Devenus ou plutôt redevenus puisque c'était leur couleur d'origine. Ils n'étaient devenus gris qu'avec le temps, prenant peu à peu la teinte de la robe de gueule de nuit...

Nathaniel marchait un peu en retrait, à un moment il s'arrêta. Je m'arrêtais donc aussi, me retournant pour voir ce qu'il se passait.

-C'est trop étrange... Je ne comprends rien à ce qu'il se passe. On était chez toi dans ta chambre et d'un seul coup on se retrouve ici ! Et puis qu'est-ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? Qu'est-ce que tu avais ? Qu'est-ce que tu es....

Je baissais la tête, je ne voulais pas voir cette expression sur son visage, de la peur mais aussi un peu de dégout... Je le dégoutais et mon cœur se serrait à cette pensée, se brisait, c'est ce que j'avais le plus redouté ces derniers mois...

-C'est difficile à expliquer...

-J'ai tout mon temps ! Je me retrouve dieu sait où, et surtout dieu sait comment, perdu en plein milieu d'une mer d'herbe, nu comme un ver alors qu'il n'y a pas deux secondes, j'étais chez toi, habillé, face à une créature étrange qui te ressemblais trop... Je ne sais pas quoi penser de tout ça...

Il était temps de lui raconter la vérité. Je m'asseyais sur l'herbe moelleuse, ramenant mes genoux près de mon torse, dissimulant en partie ma poitrine.

-Assis-toi, ça vas prendre du temps.

Je le regardais s'assoir sur le sol, prenant la même position que moi en face de moi. Je ne savais pas trop par quoi commencer, c'était tellement étrange comme récit... Je décidais donc de commencer par le tout début.

-Je suis né en 1647, près de l'îlot Sainte-Croix, dans la baie de Fundy, aux États-Unis. Mon père était un descendant des premiers colons français en Amérique. Il marchandait avec les indiens pour Jean Pierre Du Gua de Monts, Fils de Pierre du Gua de monts, un grand homme à cet époque. J'étais une toute petite fille la première fois où je rencontrais des peaux-rouges, ces sauvages réputés être des monstres sanguinaires qui se dévoraient les uns les autres, s'habillant de plumes ou se couvrant de peau de bêtes... Ma mère à l'époque, nous racontait beaucoup d'histoire à ma sœur et à moi sur eux. Nous disant qu'ils mangeaient les petites filles au petit déjeuné pour qu'on ne soit pas tenté de leur parler si on en croisait un... Ce jour là, j'étais partie ramasser des mures que j'adorais... Je me suis éloignée beaucoup trop loin de la maison et je me suis perdue. Un lynx dans les environs a du se dire que je ferais un bon gouter, il m'a pris en chasse....

Silencieux, inexpressif, Nathaniel écoutait mon histoire alors que je lui narrais ma chute dans la rivière, ma première rencontre avec Tala, comment j'avais massacrée lors de ma première chasse le village entier où je vivais... Comment j'avais en partie dévorée mon père... Mon époux... Le prêtre responsable de la mort de tant d'amis...

LouveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant