Chapitre Un

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Mai grognait. Encore.

Naru ne comprendrait visiblement jamais les notions de politesses. Il avait beau dire qu'il était parfait en tous points, l'impolitesse n'avait jamais été une qualité. Résultat des courses : Mai avait encore le droit de faire le thé. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas ça, après tout c'était une activité qui l'occupait dans les périodes de désert fantômatique causé par Naru. Puisque son patron ne s'occupait que des cas les plus intéressants, elle s'ennuyait souvent durant les moments où elle était au bureau de la Society for Psychical Research au Japon.

Donc, ce n'était pas que Mai n'aimait pas faire le thé, seulement elle aurait aimé avoir un peu de reconnaissance de la part de son patron. Ce n'était quand même pas spécifié dans son contrat, cette histoire de thé. Alors puisqu'elle faisait ça de façon bénévole, il pourrait au moins faire un effort. La jeune fille se demandait où était ce fichu contrat, peut-être que le relire pourrait lui servir . . .

Le cri de la bouilloir la ramena sur terre.

Elle fit exprès de faire chauffer le thé trop longtemps. Cela n'avait jamais tué personne de se brûler la langue, n'est-ce pas ? Elle remplit trois tasses avant de les mettre sur un plateau et quitta la cuisine.

Mai fit un tour par le bureau de Lin, le second assistant de Naru. Ils se ressemblaient bien tout les deux, toujours silencieux, habillés en noir et inexpressifs la moitié du temps. Heureusement, Lin connaissait la politesse, lui, car il remercia Mai avant qu'elle ne quitte son bureau.

Elle songea rapidement qu'il devrait bientôt aller chez le coiffeur. Ses cheveux foncés lui tombaient sur son oeil gauche.

La porte d'à coté menait directement aux enfers.

Mai se dît qu'elle exagérait. Évidemment, Naru était quelqu'un qui ne supportait pas le travail bâclé, il était égocentrique et très solitaire mais il n'était pas mauvais. Elle n'en serait pas tombé amoureuse sinon, non ?

La jeune fille frappa doucement sur la porte et n'attendit que quelques secondes avant d'entendre une réponse du jeune homme.

« Entre. »

Naru était assit à son bureau, le téléphone fixe dans la main. Il le déposa, micro contre le bois, sur le bureau et se remit à sa paperasse. Comme quoi, même lui ne pouvait pas y couper.

La femme avec qui Naru parlait au téléphone, parlait maintenant et bien . . . au vide. Mai pouvait entendre son babillage incessant de là où elle se trouvait.

« Mai » commença Naru. « Tu fais un concours de porté de plateau ou est-ce que tu comptes me donner ma tasse un jour ? »

« Naru » répondit la concernée sur le même ton que son patron, en exagérant la prononciation de son surnom. « Tu fais le concours de la conversation téléphonique la plus longue ou est-ce que tu comptes raccrocher un jour ? »

Il leva les yeux vers elle, sans ciller.

« Ce n'est que la vérité, Naru. C'est toi qui m'as demandé d'être franche. »

Mai posa la tasse sur le bureau et retint une grimace à cause de la chaleur qui s'en dégageait. Elle n'avait plus qu'une envie : qu'il se brûle la langue !

Elle claqua la porte derrière elle et partit dans son bureau pour décolèrer.

Dans son bureau, Naru pestait également. Son assistante semblait vraiment en rogne contre lui depuis qu'il était revenu d'Angleterre après l'enterrement de son frère. Au moins Gène aurait su comment la comprendre.

Il connaissait exactement le problème de Mai. Elle avait été blessé dans son orgueil et dans sa fièreté quand il l'avait repoussé. C'était seulement pour leur bien à tous les deux. Elle finirait bien par se rendre compte que si son frère jumeaux avait été sa parfaite copie physique, mentalement, c'était une autre paire de manche.

Tout le monde préféraient Gène, c'était bien connu et Mai elle-même n'avait pas fait exception.

Elle devait absolument être sincère face à ses sentiments. Naru ne se sentait pas de jouer les substituts pour elle. C'était compréhensible et parfaitement normale. Sa réaction était on ne plus normale. Normale. Naru eu un ricanement amer quand il pensa que jamais il n'avait pensé un jour se qualifier de normal.

Il l'avait rencontré de façon tout à normale également. Il avait été appelé avec Lin pour résoudre une affaire de Poltergeist dans une école de Tokyo. Mai avait cassé une de ses caméras infrarouges et blessé Lin en même temps.

Il se souvenait encore de sa réaction quand il lui avait annoncé que le patron était lui et non Lin. Elle avait été choqué, comme tout les autres. Quoiqu'il en soit, il l'avait embauché de façon temporaire pour remplacer Lin sur le cas, mais il l'avait contre toute attente embauché sur le long terme.

C'était également sur ce cas que Naru avait rencontré ses collaborateurs : Ayako Matsuzaki, une prêtresse ; Houshou Takigawa aka Bou-san, un moine ; John Brown, un prêtre et Masako Hara, une célèbre médium.

Et puis Mai avait commencé à développer des capacités psychiques étonnantes et les choses s'étaient compliquées.

Il regarda brièvement la tasse de thé fumante sur la table. Pensait-elle réellement qu'il n'avait pas entendu la bouilloir hurler comme une furie plusieurs minutes de trop ? Son regard dévia ensuite sur le téléphone. Sa mère avait l'air d'être encore en ligne.

Luella Davis était une mère très attentionnée. Sans doute trop d'ailleurs. Mais comment lui en vouloir en sachant que l'un de ses fils était décédé avant même d'avoir atteint la majorité et que son deuxième fils ne semblait pas suivre une voie si différente ?

Et avec toute ses identités différentes ! Le nom qu'elle et son mari lui avait donné, Oliver Davis, puis le pseudonyme qu'il avait prit pour aller au Japon, Kazuya Shibuya. Sans oublier ses surnoms, Noll et un autre qu'elle ne connaissait pas encore : Naru. Luella se demandait comment il pouvait se retrouver dans toute cette mélasse de noms. Comment ne pas se perdre soi même quand même notre identité n'était pas fixe ?

Noll avait toujours causé plus de soucis que Gène dans la tête de Luella. Elle savait bien que le premier connaissait ses limites et qu'il ne devait surtout pas les dépasser mais Gène avait une approche du monde que Noll ne possédait pas. Bien sur, elle aimait ses deux fils de la même façon, seulement l'inquiétude qu'elle divisait en deux – une petite part pour chacun des jumeaux- était maintenant complètement déversée sur Noll.

Luella aimait ses deux enfants depuis le premier jour, celui où elle les avait remarqué à l'orphelinat. La femme qui avait élevé les jumeaux semblait à la dérive ses derniers temps. Elle entendit la porte d'entrée claquer en même temps que Noll l'appelait à travers le téléphone. Il devait commencer à s'inquiéter se dit-elle quand elle se rendit compte qu'elle avait arrêté de parler.

« Mère ? »

« Ton père vient d'arriver. C'est à lui que tu voulais parler quand tu as appelé, n'est-ce pas ? »

« Hum »

« Merci de m'avoir écouté, mon chéri. » dit la femme, sachant très bien que son fils ne l'avait pas écouté. Pensait-il réellement qu'elle n'avait pas entendu sa discussion avec son assistante ? Luella ne se souvenait plus de son nom, juste qu'elle avait les capacités pour être une chercheuse intéressante. Son mari lui en avait parlé.

Celui-ci entrait d'ailleurs dans la pièce.

« Martin, téléphone ! »   

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Salut ! 

Voici une histoire que je travaille depuis plus quatre mois et qui est aujourd'hui finie. Vous aurez donc la fin de cette histoire après 25 chapitres et un épilogue. Ce premier chapitre ressemble d'ailleurs plus à un prologue qu'autre chose mais bon. . . Ce chapitre fait 1221 mots, donc il n'est pas très long mais la moyenne est d'environ 2500 mots. 

J'ai hâte d'avoir vos avis ! 


Ghost Hunt - Les fruits éternelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant