Mai regardait sa valise.
Visiblement, elle ne pourrait pas transporter tout son appartement avec elle en Angleterre. Sans doute que les jeux de cartes, les draps et les livres étaient de trop. Mai était plutôt enthousiaste à l'idée de faire sa valise jusqu'à maintenant, après tout, ça signifiait que le voyage était imminent.
Seulement Mai était confronté à un problème : elle ne savait pas vraiment de quoi elle aurait besoin en Angleterre. Naru l'avait prévenu que le climat était plus humide là-bas mais la jeune femme ne savait pas si il y aurait des loisirs, des serviettes de bains ou tout un tas de choses auxquelles elle n'avait pas encore pensé.
Et elle devrait déjà être en route pour l'aéroport à l'heure actuelle.
« Ca m'énerve, ça m'énerve ! »
Un dernier coup à sa montre et elle remplit sa valise noire –merci Naru- de toutes les choses qui s'étaient étalées sur son lit les dernières heures. Tant pis si elle oubliait quelque chose, l'Angleterre ne pouvait pas être un désert commerciale. Elle lutta quand même pour fermer sa valise et son pied rencontra violemment une des petites roulettes quand elle la lâcha par terre.
« Aïe, aïe, aïe » couina-t-elle se tenant le petit orteil.
Son regard dévia à nouveau sur sa montre et la douleur s'envola. Naru n'allait vraiment pas être content et pire que tout : il aurait parfaitement raison. Mai enfila ses chaussures en grimaçant à cause de son pied et attrapa sa valise au vol avant de sortir de son minuscule appartement. Son arrêt de bus n'était pas très loin mais elle aurait besoin de prendre une correspondance, son bus ne l'emmenant pas jusqu'à l'aéroport.
Naru les avait convoqué à 3h du matin pour avoir le temps d'enregistrer les bagages et de passer la douane mais il était déjà 3h24 quand Mai arriva dans le hall de l'aéroport. Plus jamais elle ne ferait sa valise au dernier moment. Si Naru lui faisait l'honneur de ne pas la tuer, bien sur.
Elle eu du mal à les trouver à cause du monde qui vadrouillait partout malgré l'heure. Elle était sidérée de voir autant de monde réveillés en plein milieux de la nuit. C'était bien naïf pour une jeune femme dont le métier était chasseur de fantômes. Elle prit la peine, malgré son retard, d'admirer l'intérieur du bâtiment. C'était la première fois qu'elle prendrait l'avion, donc fatalement, l'idée de se balader dans un aéroport ne lui avait jamais sauté à la figure et maintenant qu'elle y était, Mai se sentait toute petite. L'espace était immense, le sol horriblement sale mais tellement étendu, la verrière au plafond si impressionnante malgré la nuit. . .
« Hey, la petite ! » entendit-t-elle sur sa droite.
Toute l'équipe de la SPR était là et étrangement Naru ne semblait pas être en colère. Mai préféra tout de même prendre ses précautions et ne s'approcha pas de trop près. Son visage était un peu trop inexpressif pour qu'elle puisse s'y fier.
« C'est bon Mai, on a trouvé comment faire en sorte que tu sois à l'heure ! » s'exclama Osamu. « Le monde est sauvé ! »
« Comme quoi, Naru sait vraiment réaliser l'irréalisable ! » en rajouta Bou-san en resserrant sa queue de cheval blonde.
Le concerné haussa les épaules, montrant ainsi comme son exploit lui importait peu. Mai en fut un peu blessé bien qu'elle ne savait pas vraiment de quoi parlaient Bou-san et Osamu. Mais plutôt mourir que de l'admettre ! Elle se tourna vers Ayako, et lui demanda pourquoi les hommes avaient l'air si content.
« C'est simple. » répondit la prêtresse. « Naru t'as donné rendez-vous à 3h, n'est-ce pas ? »
Mai hocha la tête.
« Le notre à Osamu, Bou-san et moi était à 3h30. »
« Je me sens comme le dindon de la farce. » marmonna Mai, quand elle comprit qu'ils s'étaient bien fichu d'elle.
« C'est exactement ça. » répondit Naru avant qu'Ayako ne puisse répondre. « Allons-y. Et Mai ? »
« Oui ? » dit-t-elle, un peu méfiante.
« Félicitation. Tu es arrivée à l'heure pour la première fois en trois ans. »
Mai n'avait pas encore décoléré en montant dans l'avion. « Voilà que maintenant il se lance des fleurs ! ». Elle s'assit rapidement à sa place, la 125 C et s'aperçut qu'elle était côté hublot . . . mais également que Naru était son voisin. Elle soupira. Certes, il valait mieux Naru qu'un vieux pervers mais le jeune homme arrivait quand même à se placer dans le top 10 des personnes à côté de qui elle ne voulait pas se retrouver. Surtout dans un avion où elle n'avait rien à faire.
La jeune femme adora le décollage qui l'occupa environ dix minutes avant que l'ennuie ne revienne à la charge. Elle décida de partager ce magnifique sentiment avec son voisin pour s'occuper l'esprit, mais avouons le, surtout pour se venger de sa condescendance.
« Dis, Naru ? »
Aucune réaction.
« Naru ? »
Idem.
« Je m'ennuie. »
« Alors arrête de t'ennuyer. C'est simple. »
« Ce n'est pas drôle. »
« Si ça l'est. »
Mai le regarda attentivement, profitant du fait que le livre qu'il avait entre les mains soit plus intéressant qu'elle. Ses sourcils étaient froncés à l'extrême et la façon qu'il avait de bouger son petit doigt lui indiqua qu'il était stressé. Cette idée la fit frémir. Naru ne stressait jamais. C'était un fait. Qu'est-ce qui les attendait en Angleterre pour que son patron montre son stresse de façon si évidente ?
Mai eu envie de lui caresser la main pour qu'il se détende mais se retint. Il l'avait rejeté. Et accusée d'aimer son frère jumeau. De mélanger ses sentiments. A la place, elle lui renvoya une boutade.
« Ton visage ne rit pas pourtant. »
Il ne répondit pas.
Lin regardait le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Le siège 125 A se révélait plus intéressant que prévus. Noll ne daigna pas lever les yeux de son livre de tout le voyage. Et Mai parlait toute seule. Ce schéma n'était pas nouveau.
Lin s'étonnait de voir que leur relation avait si peu changé. Naru était resté cinq mois en Angleterre avant de revenir en courant au Japon. Il fuyait lamentablement ses parents et était partit se réfugier auprès de Mai. Il était grand le scientifique de génie. Lin ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé ce jour là près du lac. Après que le corps de Gène ait été repêché dans ce même lac.
Mais il en avait une petite idée.
Il avait également une petite idée de la façon dont leur entrevue s'était terminée. Il ne comprenait pas. Rien n'avait changé. Rien du tout. Mai aurait dû être gênée et Naru aurait dû être plus stoïque que d'ordinaire. Mais rien n'avait changé et il ne comprenait pas pourquoi. Il ne savait pas vraiment non plus si cette réaction était la plus saine à adopter où si elle mènerait quelque part. Mais il bénit le ciel de ne plus avoir à supporter leurs disputes incessantes. Il leur jeta un regard.
Elle souriait en le regardant. Il s'obstinait à ne pas dévier ses yeux de son livre.
Tous les deux semblaient figés dans le temps.
Mot de l'auteur :
Ce chapitre est encore un peu court à mon goût, mais je ne peux plus y faire grand chose car je refuse de réorganiser l'agencement des chapitres. Une perte de temps énorme ! J'espère que cette histoire vous plaît et à la prochaine !
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Ghost Hunt - Les fruits éternels
FanfictionSPR ( Society for Psychical Research ) : association britannique fondée en 1882 dont le but est d'étudier de façon scientifique les phénomènes paranormaux. Oliver Davis est le chef de la branche japonaise de la SPR. Mai Taniyama est son assistante...