Ce vendredi soir, après les cours, Camille se dépêcha de rentrer afin d'entamer notre découverte du monde comme elle aimait l'appeler.
Elle tentait de m'expliquer ce qu'était la douleur pendant de longues minutes mais je ne parvenais toujours pas à m'en faire une idée concrète. Je ne comprenais pas comment une émotion pouvait provoquer autant de pleures ou de cris intenses.
- Bon tu sais quoi? Dit-elle perdant patience. Le mieux c'est de te le faire tester.
Elle se leva, farfouilla dans un tiroir de son bureau et se rassit sur le lit, un briquet en main. Elle alluma la flamme d'une main, puis leva l'autre au dessus de l'objet. Elle restait immobile pendant de courtes secondes avant de retirer d'un geste vif sa main.
- Tu vois? C'est ça la douleur. C'est contre nature. Notre instinct de survie nous pousse à nous préserver. Essaie, dit-elle en me tendant le briquet.
Je le saisi et répétai les mouvements dans l'ordre. Je sentais la chaleur s'étaler sur ma peau et enrober mes doigts, mais j'attendais toujours que cet instinct me pousse à retirer ma main de la flamme. Au bout de longues secondes, une odeur de brûlé se fit sentir et Camille me prit le bras pour l'écarter de la source de chaleur.
- Tu n'as rien ressenti? Me demanda-t-elle.
Je fis non de la tête. Je la regardais pendant qu'elle semblait réfléchir. C'était amusant de la voir déçue que son expérience échoue, mais même si elle ne parvenait pas à me montrer ce qu'elle voulait, je découvrais pleins d'autres choses. Je comprenais enfin ce que c'était que l'agréable et dorénavant je pouvais affirmer que vivre m'étais agréable. Je comprenais alors pourquoi les hommes faisaient tout pour prolonger le plus possible leur courte vie sur cette terre.
- A quoi penses-tu? me demanda-t-elle.
- Je devrais partir, dis-je.
Elle semblait déçue mais je m'évaporais rapidement sous son regard triste. Plus je passais de temps dans ce corps humain, plus j'avais envie de revenir, mais plus j'agrandissais mon erreur. Je savais que ce que je faisais était mal, pourtant le "à bientôt" qu'elle m'avait glissé avant que je m'éclipse m'obligeait à revenir. C'était comme une promesse que je ne pouvais pas briser. D'un côté, je me disais qu'il était trop tard pour faire demi tour, l'erreur avait déjà était commise.
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Ange Gardien
RomanceUne seule loi pour les anges gardiens : ne jamais avoir de contact avec les humains. Vous êtes curieux de savoir ce qu'il arrive lorsque l'on enfreint? Alors venez découvrir mon histoire.