Ange Gardien

11.

La musique était à fond dans la chambre et Camille dansait au rythme de la musique, sautant sur son lit et tenant sa brosse à cheveux dans sa main en guise de micro. J'avais envie d'éteindre le son qui s'échappait de l'enceinte afin d'entendre sa voix, rien que sa voix.
Mais à partir du moment où je pris la forme humaine, je n'avais plus envie de baisser la musique alors je restai planté à côté de l'appareil.
Camille se retourna et me tendit une main que je saisis d'un geste hésitant. Je montai sur le lit et tentais de l'imiter, bien que j'avais conscience que mes mouvements étaient très maladroits.

Je me rendais compte que la musique me portait et que la façon dont elle résonnait dans mes oreilles était une des sensations les plus fortes que j'avais vécu.
J'appréciais la façon dont les différents sons étaient superposés les uns les autres afin de créer une musique et une mélodie qui s'ancrait dans ma tête.

Un bruit sourd vibra à nos oreilles. Je n'y fis d'abord pas attention, pensant qu'il s'agissait de la musique, mais lorsque le bruit résonna une seconde fois, Camille descendit du lit et baissa la musique. Elle ouvrit ses volets qu'elle avait fermé quelques minutes plus tôt. Des éclairs parcouraient le ciel noir et le bruit sourd du tonnerre grondait à l'horizon.

Camille ouvrit la fenêtre laissant ainsi rentrer la fine pluie qui commençait à s'abattre. Elle s'appuya contre le rebord de la fenêtre et contempla le ciel.

- Pourquoi fais-tu toujours cela lorsqu'il y a de l'orage? Demandais-je en m'approchant à mon tour de la fenêtre.

- Regarde comme c'est beau, me répondit elle simplement.

C'était la première fois que j'assistais à un tel spectacle. Les zébrures régulières me faisaient sursauter presque à chaque fois et je comprenais dorénavant comment on pouvait en avoir peur.

- Ma grand-mère me disait parfois que Dieu écoute lorsqu'on prie alors en retour, il est de notre devoir de l'écouter lorsqu'il s'exprime à travers l'orage, me révéla-t-elle toujours en fixant le ciel noir.

- Crois-tu en Dieu? lui demandai-je.

Elle me regarda droit dans les yeux ne sachant pas quoi répondre.

- Est-ce que Dieu existe? Demanda-telle alors.

- Seulement si tu y crois.

Ma réponse semblait l'amuser car un petit rictus se forma au coin de ses lèvres. Ce soir le ciel était magnifique, c'est vrai, mais Camille l'était bien plus. Mes yeux ne pouvaient se détacher de de son visage humidifié par la pluie qui pénétrait dans la chambre.

La regarder, je pouvais le faire de là-haut, pourtant lorsque j'étais le moi matériel c'était différent. Quelque chose était différent, quelque chose faisait que mon cœur s'accélérait et que chaque battement était un peu plus agréable.