Sans même me poser de question, je me dirigeais vers la terrasse.
J'étais comme à mon habitude, vêtu de mon long manteau noir, les cheveux en pagaille et les mains pleines de charbons du barbecue. Camille et Thomas n'était plus sur la terrasse. Je n'avais qu'une idée en tête, la récupérer.
Dans le salon, j'étais entouré de jeunes éméchés qui n'avaient jamais vu mon visage mais cela ne semblait pas important. Je bousculai la foule afin de chercher ma protégée, je me surpris même à demander si quelqu'un l'avait vu mais personne ne voulait se préoccuper de mon problème. Après avoir fait la cuisine et le salon, la pensée de les savoir tous les deux dans une chambre me détermina encore plus à la trouver.
Je grimpai les escaliers sans prendre le temps de respirer et c'est essoufflé que j'ouvris la première chambre du couloir. La porte dans son élan vint cogner contre le mur pendant que moi, debout dans l'encadrure de la porte, j'étais immobile. Impossible de bouger. Camille et Thomas cessait également tous mouvements. Thomas fit un léger pas sur le côté afin de se détacher un peu d'elle.
- Qu'est-ce que tu fais là? Demanda-t-elle d'un ton empli de rancœur.
Thomas quant à lui était perdu. Son regard vagabondait entre elle et moi se demandant probablement qui j'étais.
- Dégage de là ! S'exclama-t-elle cette fois d'un ton haineux.
- Camille.
C'était tout ce qui pouvait sortir de ma bouche à cette instant.
- Va-t-en j'ai dit !
Je ne bougeais toujours pas, la contemplant toute entière. Je ne l'avais pas eu en face de moi depuis si longtemps, il m'était impossible de me refuser cela.
- T'as entendu? Elle t'a demandé de partir !
Thomas s'approchait de moi, me menaçant du doigt, mais il n'avait pas mon attention. Peut-être cela l'agaçait-il encore plus.
- Camille, ne reste pas là, viens avec m...
Je compris à cette instant ce qu'était la douleur. La vraie, celle qui vous heurte, celle qui vous brûle les os, celle qui entame la chaire. Son poing s'abattait pour la deuxième fois sur mon visage quand j'eus le réflexe de me protéger de mes bras. J'oubliais pendant un instant Camille qui devait sûrement se trouver derrière Thomas et mon instinct de survie qui apparaissait en moi pour la première fois m'indiquait de fuir. Alors c'est ce que je fis.
"Tu vois? C'est ça la douleur. C'est contre nature. Notre instinct de survie nous pousse à nous préserver. Essaie"
Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce moment passé avec elle. Je revoyais la flamme du briquet briller dans ses yeux foncés, attendant que je devienne humain.
J'étais maintenant sur le trottoir assis, incapable de disparaître, incapable de cesser de penser à la douleur, enviant le temps où je pouvais me couper sans que je souffre. Pourquoi être humain était-il une telle torture?
Avant, je n'avais qu'une vision du bien. Faire le bonheur de ma protégée était mon seul objectif, maintenant, je ne savais plus ce qu'était le bien: Mon bonheur? Le sien? Un peu des deux?
Mon corps tremblait à la faible lueur jaune des réverbères et ma bouche avait un goût de sang, chaud, liquide, âcre.
VOUS LISEZ
Ange Gardien
RomanceUne seule loi pour les anges gardiens : ne jamais avoir de contact avec les humains. Vous êtes curieux de savoir ce qu'il arrive lorsque l'on enfreint? Alors venez découvrir mon histoire.