Je commençais à peine à comprendre ce que signifiait être heureux et voilà que tout s'écroulait par ma faute. Maintenant je commençais à découvrir une autre facette du monde.
Je sentais qu'une sorte de voile m'enveloppait, ou bien qu'une épaisse couche de mélancolie s'était répandue autour de moi. Vous vous rappelez les pincements au coeur que j'avais déjà ressentis? Eh bien ce n'était plus les mêmes. Il s'agissait bien de pincements au coeur mais plus douloureux, plus brutaux et surtout plus violents.
Mais ce n'est pas tout. Ma paume de main me faisait atrocement mal à l'endroit précis où je m'étais coupé en faisant à manger quelques jours plutôt. Cette douleur que Camille attendait afin de me voir devenir un homme était maintenant là lorsque je ne désirais plus le devenir.
Quelle ironie. L'ordre des choses, le destin, le karma ou Dieu, peu importe, il m'avait bien eu.
Elle continuait de m'appeler parfois lorsqu'elle était seule dans sa chambre. Je luttais contre moi même pour ne pas obéir à sa voix brisée. J'essayais de me détacher de ce prénom qui me collait à la peau. Je ne pouvais empêcher ma conscience de se concentrer chaque fois qu'il retentissait. J'étais imprégné de ce prénom débile, toute mon âme, tout mon être, tout mon corps en était imprégné je le savais mais je ne perdais pas espoir. J'allais bien l'oublier un jour ou l'autre.
Au bout de trois jours, alors que je pensais que ça allait devenir de plus en plus facile, je sentais une sorte de démangeaison à l'intérieur de moi. C'était étrange, je ne pouvais la décrire, je sentais seulement une sorte d'absence, une douleur au corps entier. Mais une partie de moi, compris rapidement de quoi il s'agissait.
Il fallait que je sente mon corps.
J'avais déjà entendu parler de la douleur fantôme, cette douleur que ressentent les personnes après une amputation. Et bien c'était l'idée que je m'en faisais, je ne savais pas si c'était vraiment cela mais la définition pouvait peut être s'appliquer pour mon cas.
J'avais beau combattre mon esprit c'en était trop. Cette envie était plus forte que moi alors la seule solution que j'avais trouvé était de prendre la forme humaine dans les toilettes en pleins milieu de la nuit. Je ne risquais de croiser personne et cette pièce était démunie de tout objet personnel se rattachant à Camille. J'avais juste besoin de quelques secondes le temps de sentir mon cœur battre et mon sang circuler dans mon corps, le temps de remplir mes poumons d'air nouveau et le temps de la texture de mes vêtements contre ma peau.
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Ange Gardien
RomanceUne seule loi pour les anges gardiens : ne jamais avoir de contact avec les humains. Vous êtes curieux de savoir ce qu'il arrive lorsque l'on enfreint? Alors venez découvrir mon histoire.