Camille était concentrée en cours ce qui était assez rare. Elle fronçait les sourcils et se mordait les joues comme à chaque fois qu'elle réfléchissait ou qu'elle ne comprenait pas quelque chose. La philosophie de Freud concernant l'inconscient semblait l'intéresser.
Je ne pus m'empêcher de ressentir un brin d'agacement lorsqu'un de ses camarades de classe l'interpella. Je ne fus pas surpris de découvrir qu'il s'agissait de Thomas à l'attitude insolente qui plaisait tant aux filles, Camille y compris.
Il se pencha vers elle afin de lui parler.
- Mercredi soir je fais une petite soirée, ça te dirait de te joindre à nous?
- Hum... Je ne sais pas trop, vendredi nous avons un contrôle d'histoire, dit-elle.
Je me réjouissais de la réponse de Camille.
- Allez! C'est rien, on a tout le jeudi soir pour réviser, insista-t-il.
- Je te donne ma réponse plus tard.
- Dépêche toi de te décider, sinon je propose à quelqu'un d'autre.
Camille leva les yeux au ciel. Cela l'agaçait lorsque Thomas jouait ce rôle de jeune homme désiré par tous. Elle préféra ne pas répondre et se retourner afin d'éviter de se faire remarquer par le professeur.
À la sortie des cours, j'avais pris depuis peu l'habitude de me poster face au lycée, juste à l'entrée du petit parc pour enfant. Camille l'avait remarqué et me souriait chaque fois qu'elle sortait.
Une fois de retour à la maison, Camille ouvrit son carnet à dessin, mais au lieu de dessiner tout ce qui lui passait par la tête comme à son habitude, elle resta plantée face à la page blanche n'attendant qu'à être froissée. Le crayon en main, Camille fermait ses yeux pour chercher de l'inspiration.
- Gabriel, prononça-t-elle dans le silence paisible.
L'appel de mon prénom me sorti de ma contemplation passive et je pris forme à côté de la jeune fille.Je me surprenais moi-même de la réactivité dont je faisais preuve lorsqu'il s'agissait de descendre sur terre. Camille ne put s'empêcher de sourire discrètement.
- Voudrais-tu être mon modèle aujourd'hui? me-demanda-t-elle.
J'acceptai volontiers, bien trop heureux de pouvoir passer du temps avec elle.
- Assis toi en face de moi, m'ordonna-t-elle.
Je m'exécutai et pris place sur le fauteuil en face de son lit. Elle ne tarda pas à déposer la pointe de son crayon sur le papier lisse. Je ne pouvais pas voir ce qu'elle dessinait, cependant je parvenais à deviner où elle en était. Ses yeux s'attardaient sur les miens, puis sur mon nez, sur mes cheveux, sur mes lèvres et sur toutes les parties de mon visage.
Ne devant pas bouger, cela me faisait une bonne excuse pour l'admirer. Ses cheveux bruns tombaient sur ses épaules couvertes d'un large pull hivernal. Il ne fallu pas plus d'une demi douzaine de minutes pour qu'elle eut fini son dessin. Elle me le tendit, un sourire accroché à ses lèvres roses.
Je commençais à reconnaître son coup de crayon. Elle avait son style à elle qui semblait un peu fouillis au premier abord mais qui dégageait énormément de sens. Le regard totalement sombre qu'elle m'avait attribué me donnait un air tout à fait mystérieux. Je m'approchai du miroir de sa chambre ne me souvenant plus vraiment du visage qui est le mien.
Le dessin était très réussi. Elle avait su retracer à la perfection tous les petits détails qui constituaient l'ensemble de mon visage.
- Tu devrais travailler si tu veux pouvoir aller à cette fête mercredi soir, dis-je en déposant le portrait sur son bureau qui se trouvait à côté de moi.
- Je ne suis même pas sûre que mes parents me laisseraient sortir en semaine, dit-elle la mine boudeuse en s'asseyant sur son lit.
- Désolé, mais pour ça je ne peux faire aucun miracle, dis-je avant de m'éclipser.
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Ange Gardien
RomanceUne seule loi pour les anges gardiens : ne jamais avoir de contact avec les humains. Vous êtes curieux de savoir ce qu'il arrive lorsque l'on enfreint? Alors venez découvrir mon histoire.