12.

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- Gabriel descends, m'appela Camille. Mes parents ne sont pas là ce soir.

Je ne me fis pas prier plus longtemps et je descendis du ciel pour la rejoindre dans le salon.

- Continuons notre découverte du monde par la cuisine, dit-elle toute enthousiaste.

Elle avait prévu de cuisiner des œufs sur le plats accompagnés de tomates. Pendant qu'elle s'occupait des œufs, j'étais chargé de couper les fruits en lamelles. Elle mis un peu de musique sur les enceintes de la salle et elle ne pouvait s'empêcher de danser tout en cuisinant. Quand à moi, j'étais bien trop concentré sur la découpe des tomates pour m'autoriser à lâcher prise. N'ayant jamais effectué cette tâche, je n'étais pas très habile avec un couteau entre les mains. J'essayais tant bien que mal de reproduire les mouvements qu'elle m'avait montré, mais le résultat n'étais pas forcément celui escompté. 

Je ne sais pas comment j'avais réussi à m'entailler la main, mais j'avais désormais le doigt ensanglanté. Cela ne me faisait pas mal, je ne ressentais rien, pourtant la blessure était bien profonde.

Lorsque Camille s'aperçut​ que du sang se répandait sur le plan de travail, ses yeux s'arrondirent tels deux billes marrons. Elle me prit la main pour m'approcher de l'évier et aspergea ma peau d'un jet d'eau froid.

- ça va? demanda-t-elle.

- Je pense, oui.

Elle prit un pansement dans un des tiroirs de la cuisine et recouvrit l'entaille du papier collant.

- Alors tu sais ce qu'est la douleur maintenant?

- Non, je ne ressens toujours rien.

- Hum, étrange. Bon, si on se le mangeait ce repas.

Assis l'un en face de l'autre, nous commençâmes à déguster le repas. C'était la première fois que je mangeais et c'était encore une fois une nouvelle sensation que je découvrais. Je trouvais ça agréable et plus j'en prenais, plus j'avais envie de prendre une nouvelle bouchée. Cependant, j'étais toujours perplexe concernant mon insensibilité à la douleur.

- Qu'est-ce qu'il me reste à découvrir encore du monde? demandai-je soudainement.

Elle leva les yeux sur moi, le regard me transperçant pendant quelques secondes.

- Tout, dit-elle seulement.

- Ce que tu m'as fait découvrir, ce n'est pas rien pourtant.

- Ce n'est pas rien, disons que ce n'est qu'une bande-annonce. Quelques scènes, quelques extraits en désordre pour te donner envie et te montrer que ça vaut le coup de regarder le film entier. J'espère que ma bande annonce est efficace, termina-t-elle.

Je ne savais pas si sa dernière phrase attendait une réponse, en tout cas je ne répondis pas étant trop occupé à réfléchir. Est-ce que ce que je vivais n'était qu'une bande annonce, il me semblait pourtant que ça avait plus l'allure du début d'un film dont on n'avait aucune idée de la suite de l'histoire.

Au moins une chose était sûre, j'en avais trop vu pour arrêter le film maintenant. Je voulais à tout prix connaître la suite.

Ange GardienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant