chapitre 17.

7K 495 12
                                    


-Il faut qu'on parle !

-Oui monsieur, dis-je d'une voix timide avant de le suivre.

J'ai l'impression que je vais avoir une fessée à cause de ma plaisanterie, mais avouons-le, une fessée de Jake ne serais pas de refus.

Je suis docilement Jake dans la maison tout en évitant de foncer dans un des employés. Je dois avouer que je suis inquiet sur ce qui va suivre, car on ne sait jamais à quoi s'attendre avec Jake. L'idéal serait qu'il rit de ma blague et qu'il passe à autre chose, mais je suis sûr qu'il va prendre plus de temp que nécessaire sur cette situation. Je sursaute quand une main me prend le bras pour me tirer vers une pièce sans aucune délicatesse. Je lance un regard noir à Jake pour lui faire comprendre que je n'apprécie pas sa rudesse, mais il m'ignore.

-Alors tu te crois drôle hein ? Me demande-t-il en fermant la porte à clefs.

-C'était une plaisanterie Jake, relaxe.

-Et tu crois que c'est drôle pour moi de savoir que tu as un problème ? J'ai cru que j'allais devenir fou. Je n'accepte pas l'idée que les êtres que j'aime ont des problèmes, alors non, ce n'était pas drôle.

Il me regarde avec une moue inquiète qui me donne vraiment envie de le prendre dans mes bras pour me faire pardonner. Savoir que Jake s'est inquiété pour moi me procure une sensation de joie intense. J'ai l'impression qu'il tient toujours à moi malgré qu'il m'ait ignoré pendant ces quatre longues jours. J'ai cru que ces sentiments s'étaient effacés quand il était revenu de L.A, mais apparemment non.

-Tu t'inquiètes pour moi ?

-Oui.

- Alors tu peux me dire pourquoi tu m'as ignoré quand t'es revenu de L.A ?

-Tu m'avais demandé de ne pas t'embêter et c'est ce que j'ai fait.

-Oh je t'en prie ! Ne me fais pas croire un truc pareil, dis-je avec un rire amer.

-C'est toi qui ne veux pas de moi.

-Tu est sérieux ? Ça fait quatre jours que j'attends que tu essaie quelque chose, et tu penses que je ne veux pas de toi ?

-Je voulais que ce soit toi qui vient vers moi.

-Alors tu sais très bien ce que tu faisais. T'as pris un malin plaisir à te promener presque nu dans la maison pendant les quatre derniers jours. Tu faisais tout pour me faire craquer, et tu as presque réussi. Je commence à croire que ma mère a raison.

-Ta mère ?

Je le regarde furieux qu'il ait juste retenu ma mère dans ce que je viens de lui dire. Il aurait pu me dire que j'ai raison, et qu'il essayait vraiment de me faire craquer.

-Oui ma mère, pourquoi tu me demande ça ?

-C'est parce que je m'en rends compte que je ne connais rien de toi. Je ne savais même pas que t'étais en contact avec ta famille.

Réaliser qu'il ne connaît rien sur ma vie me frappe de plein fouet. Je m'en rends compte que je ne suis toujours pas prêt à lui dévoiler ce que j'ai enduré, et je ne sais pas pourquoi j'ai autant peur. Peut-être que j'ai peur qu'il me juge, ou qu'il soit dégoûté par les actes que j'ai commis pour survivre. Peut-être que je serais trop déçu si Jake me repousse parce que j'ai essayé toutes les méthodes, aussi immonde qu'il soit, pour vivre de jour en jour.

-C'est vrai, tu ne connais rien de moi.

-Tu ne me fais pas assez confiance ?

-Oui, c'est juste que...juste que j'ai peur.

-Peur de quoi ?

-Que tu aies une autre perception de moi.

-Je te verrais peut-être autrement après ce que tu vas me confier, je ne peux rien te promettre. Mais je vais t'écouter, et je ne porterais pas de jugement. Après tout, tu n'es pas obligé de tout me dire si tu ne te sens pas prêt.

-Merci Jake. Je regarde son visage pour détecter s'il est sincère, et c'est le cas. Alors par où commencer ?

Je me résigne à lui partager un peu de ma vie parce que je veux que notre relation évolue. Je veux prouver à Jake que je lui fais confiance, et qu'il peut me faire confiance en retour. Mais je vais quand même lui épargner quelques détails trop gênants et perturbants.

-Tu te demande sûrement pourquoi Anna m'avait amené ici dans un si mauvais était. Eh bien ça faisait un an que je vivais dans la rue. Mon père était alcoolique, et il nous battait, moi et ma mère. Il me détestait, et il m'a jeté à la rue le jour de ma fête pour une simple blague.

-J'en suis navré.

-Finalement, ce n'était pas une mauvaise chose. J'ai rencontré Anna, puis toi, et aujourd'hui je m'en sors bien.

-J'ai du mal à imaginer tous les choses que tu as pu endurer pour survivre pendant un an dans la rue. Tu as surement connu le froid, la faim, le chagrin, la solitude, le rejet, et t'as survécu. Je t'admire Kyle. Tu es tellement courageux, et tellement fort. Peu de personne aurait survécu, et je sais que j'en fais partie. Tu es...

Je ne lui laisse même pas le temp de finir sa phrase que je l'embrasse. On ne m'avait jamais dit de telle chose, on avait plutôt l'habitude de me rejeter, alors entendre ça me fait le plus grand bien, surtout venant de lui. Il compte beaucoup à mes yeux et ça me fais du bien de savoir qu'il pense ça de moi. J'ai le cœur qui bat la chamade quand il m'embrasse à son tour. On se sert fort, comme si on avait peur de se lâcher, et dans mon cas, c'est le cas. J'ai envie de le sentir près de moi, surtout en ce moment.

-Merci, c'est la première fois qu'on me dit ça.

-Je le pense.

-Je suis tellement perdu, dis-je en m'accrochant encore plus à lui, je ne suis pas gay, mais je suis attiré par toi. Je...

-Je comprends, et sache que je ne vais pas te brusquer.

-Merci.

-Ne me remercie pas, c'est normal.

Je dépose ma tête contre son torse pour me laisser aller à ses caresses. Il grogne comme un chaton quand je lui caresse le cuir chevelu et ça me fait sourire. On est vraiment proche en ce moment, mais il n'y a rien de sexuel. On est plutôt dans la confidence et le calme, et ce genre de moment me plait beaucoup.

-Tu savais que je voulais devenir psychologue.

-Non. Tu ne veux plus l'être ?

-Non, je veux juste m'amuser en ce moment. C'est peut-être une phase, je ne sais pas.

-Je te comprend, moi c'est ce que je voulais faire à ton âge.

-Tu parle comme si tu as 40 ans, mais d'après google, tu as 25 ans.

-C'est exact. Ce n'est pas trop vieux pour toi ?

-c'est juste 6 ans de différence Jake, ce n'est pas un problème.

-Alors tu fais des recherches sur moi ?

Je préfère me cacher contre son torse plutôt que de répondre. Il doit penser que je suis un obsédé qui cherche plein d'informations sur lui. C'est gênant.

-Tu n'essayait pas de me draguer quand t'es revenu de L.A par hasard ?

-Oui, je voulais te charmer.

-Je le savais !

-Tu parle trop, dit-il en m'embrassant chastement.

On se regarde en souriant, comme deux idiots. Son cœur bat aussi vite que le mien, et sa chaleur corporelle me réconforte. Je suis assis sur ces jambes, et il est appuyé sur le lit. On reste dans cette position pendant longtemps sans parler, et c'est parfait. Je suis bercé par son odeur et ces doigts qui caresse mon dos, et c'est lentement que je tombe dans les bras de morphée avec un sentiment de paix et de sécurité.

Really Bad Joke. [BXB, Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant