Until Our Final Journey To The Ground

Révélation ✓

Elle fit oui de la tête. Je m'approchai de son visage et l'embrassai doucement. Puis j'essuyai une larme qui coulait.

— Je sais que tu ne m'as pas dit réellement pourquoi on ne pouvait pas se voir. Mais je ne t'en veux pas, Eli. Il s'est passé quelque chose ?

— Je... j'ai honte...

— Mais non il ne faut pas ! Surtout pas avec moi.

— Je... j'étais dans un camp pour maigrir...

Elle l'avait dit si bas que je n'étais pas sûre d'avoir compris. Mais étant donné les constats que j'avais fait sur son corps, sa commande au restaurant, et ce qui s'était passé la dernière fois que j'étais venue ici, j'avais compris ce qu'elle avait dit.

— Pardon ? dis-je tout de même surprise.

— On m'y a forcé, dit-elle en pleurant réellement cette fois.

— Qui ça « on » ? demandai-je avec colère.

Je n'étais pas énervée contre elle, j'étais énervée contre ceux qui l'avaient forcée à faire ça.

— ...son... bredouilla-t-elle de façon inaudible.

— Hein ?

— C'est Jason qui m'a obligé...

— Quoi ?!

Cette fois j'étais vraiment hors de moi. Jason Rothenberg, le showrunner de The 100, l'avait obligée à faire un régime ? C'était du délire !

— Mais, dis-je en essayant de rester calme, comment ça il t'a forcée ?

Eliza se redressa pour dégager son nez, je l'imitai et m'assis correctement à ses côtés. Je pris sa main gauche dans les miennes, et pour la rassurer je la caressai doucement.

— Il est venu me voir un peu après le début du tournage, vu que j'avais tourné une séquence à moitié dénudée il avait vu « l'état » de mon corps, j'utilise ses mots hein, et il m'a dit qu'il m'avait inscrite à un camp pour perdre du poids pendant les deux semaines où je ne tournai pas. Il a justifié ça en disant que je n'avais pas les « courbes Hollywood » et que je devais entrer dans les critères de beauté pour le bien de la série... Que je devrais suivre l'exemple de Marie et Lindsey...

— Mais quel enculé ! ne pus-je m'empêcher de sortir. De quel droit il te dit ça ?! Lindsey fait du sport tous les jours, forcément qu'elle a un corps foutu comme il lui plaît, et Marie a une morphologie de fille mince. C'est n'importe quoi !

— J'ai pensé la même chose sur le coup, mais je me sentais tellement mal qu'il me dise ça que je n'ai rien pu faire. J'ai même pas essayé d'y échapper. Je me disais qu'il avait peut-être raison, que je mangeais trop, et que du coup j'allais avoir du mal à avoir d'autres rôles après Clarke...

— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? J'aurais peut-être pu t'aider à aller lui parler...

— Je ne voulais pas t'embêter avec mes problèmes superficiels, je voulais pas non plus perdre du temps avec toi pendant que tu aurais essayé de discuter avec lui. Et puis vu comme t'es foutue, il aurait sûrement encore essayé de dire des trucs méchants pour me rabaisser...

De nouvelles larmes se formèrent aux coins de ses yeux. Je lui embrassai la joue.

— Mon amour... Aucun de tes problèmes n'est superficiel pour moi. Surtout ce sujet, je sais que tu t'en fou de ton corps, que tu aimes la bonne bouffe et t'amuser. Et y a rien de mal à ça. Tu es la première à poster des trucs en rapport au body positive sur les réseaux sociaux. Il avait pas le droit de te faire ça. Pas le droit de te rabaisser pour ce que tu es. Pas le droit de te forcer à ça. Je te trouve sexy aujourd'hui, mais je te trouvais sexy avant, et je te trouverai toujours sexy.