Chapitre 24

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Je suis devant le miroir de la salle de bain que je partage avec Anton. Cela fait trente minutes que je regarde mon reflet et je ne sais plus quoi faire. Est-ce que je dois tenir et continuer à perdre ma vie ou bien est-ce que je peux m'autoriser à baisser les bras et retrouver ma liberté.

- Pardon mon amour, c'est mieux comme ça.

Je décroche le miroir et le jette au sol, le bruit de la chute est assourdissant mais je suis en pilote automatique, je ne veux plus me battre !

Je me mets à genoux dans les débris, je sens le verre percer à travers le jean mais je m'en fous, bientôt j'aurai plus mal. Bientôt, je serai libre.

Je tends la main vers un morceau de miroir mais je suspends mon geste lorsqu'on tambourine à la porte de la salle de bain.

Je pleures en silence, on m'a volé ma vie, je ne veux pas que l'on me vole plus.

- Charly tu vas bien ? Ouvre la porte !

Je décide de me noyer dans mon chagrin et je fais abstraction des coups répétés sur la porte. Je reprends mon geste vers les débris de miroir. Lorsque je saisis l'éclat coupant dans le creux de ma paume, le sang coule déjà au cœur de ma main.

Rouge, pour beaucoup c'est la couleur de l'amour, la couleur du désir, la chaleur, la vie. Pour moi en cet instant, le rouge représente la mort et le repos, bien loin du noir traditionnel !

Et Alexïe dans tout ça me direz vous ? J'ai pensé à lui ! J'ai mal chaque seconde loin de lui, il m'a montré comment être moi, comment vivre malgré la peine. Mais je sais que je ne lui apporterai rien de bon, nous ne pourrons jamais nous aimer aux yeux de tous, pour notre différence d'âge, pour mon père, pour la société, pour tous nous n'aurions jamais du nous trouver. Je ne peux que souhaiter qu'il trouve quelqu'un qui le rendra pleinement heureux, et avec qui il pourra vivre une vie douce et longue.

Je reporte mon attention sur l'éclat brillant que je tiens dans ma main, oui je suis lâche, je vous l'ai déjà dit ! Je suis fatiguée, épuisée par tout ce qui peut m'arriver, je ne me marierai pas à cet homme, je refuse qu'il pose ses mains sur moi, qu'il me salisse plus que je ne le suis déjà. Ne me jugez pas, je veux simplement me reposer et reprendre mon envol.

Je pose le verre étincelant contre mon poignet et je laisse glisser ma peine.

Une main se referme sur mon poignet et m'arrache le miroir de la main. Une nouvelle fois, ma porte de salle de bain vient d'exploser et Anton me tient dans ses bras, tout revient avec force, surtout les cris d'Anton.

- Non ! Charly, mais qu'est-ce que tu as fait bon sang !

Il presse sa main contre mon poignet, il déchire un morceau de sa chemise et me fait un pansement de fortune. Puis il me porte comme une mariée et m'emmène dans la chambre où il m'allonge sur le lit.

- Charly parle moi ! Pourquoi tu as fait ça ?

Tu te poses vraiment la question l'agité du bocal ? Je sais pas moi, peut-être parce que mon père m'a kidnappé, qu'il m'a abandonné en Angleterre, pour que je me fasse à nouveau kidnapper par un débile profond qui a bien failli me scalper, que je débarque ici, et que je ne sais pas où c'est ici, que tu me parles de lit, de faire l'amour, de bébés et surtout que je ne peux pas vivre sans lui !

Je détourne le regard, laisse moi donc partir, nous serons tous les deux tranquilles.

- Regarde moi bon sang, mon cœur, regarde moi !

Je me crispe au nom qu'il me donne. Il examine mes coupures avec attention et me fait des bandages propres. Pourquoi en plus je suis tombée sur un médecin, peut être que sur un malentendu, j'aurai au moins chopé le tétanos !

LIBÈRE MOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant