Chapitre 16

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Cela fait un mois que je suis ici, un mois que je ne parle plus, un mois que je suis seule, un mois qu'il me manque quelque chose, un mois que mon père est partit, un mois que je survis.

Je n'ai pas à me plaindre, je suis dans une belle maison avec le bon air frais de la campagne, je mange à ma faim, décidément je ne vois pas pourquoi ça n'irai pas.

- Charly, comment vas-tu aujourd'hui ?

Tiens, Alexïe ! Il me regarde de ses grands yeux bleus, triste, il a les cheveux plus long, ils ne connaissent pas les coiffeurs en Angleterre ? Il attend visiblement une réponse, je détourne la tête et reporte mon attention sur la campagne.

Je suis venue m'asseoir sur ce banc dans le jardin pour éviter de rester enfermer, il fallait que je respire un peu d'air frais. La poussière de la bibliothèque n'est pas la meilleure chose pour mes poumons.

- Printsessa, parle moi s'il te plait.

Pour quoi faire ? Franchement, ça sert à quoi de parler ? Hein ? Et bien oui, à rien alors laisse moi, laisse moi tranquille. La seule chose qui me maintient en vie c'est que j'ai promis, Autrement...Oui j'ai pensé à quitter ce monde, c'est peut être con, mais je suis fatiguée, épuisée même par tout ça, je n'ai plus le contrôle de ma vie de toute façon. Et peut être que comme Angélique dans Zola, c'est en mourant que je serai libre. Mais j'ai promis, alors je survis.

- Charly, je ne peux rien faire si tu ne me parles pas.

Il vient s'asseoir à coté de moi et me prend la main, je le laisse faire, ma vie ne m'appartient pas, alors pourquoi mon corps serait différent?

Sa peau contre la mienne me donne un maigre réconfort un peu comme une petite flamme que l'on tente désespérément de garder allumée.

Il fait des cercles avec son pouce sur le dessus de ma main, il me fixe et je vois la même détresse que la mienne dans ses yeux.

Est-il possible d'aimer trop fort quelqu'un ? De l'aimer au point de vouloir s'abandonner soit même pour n'être plus qu'un avec l'autre ? J'aime Alexïe, plus que moi-même. Il est mon chez moi, mon autre, mais il m'a laissée dans l'ignorance, il savait pour Adam, peut-être même que cette idylle avec Adam était simplement faite pour m'occuper, juste pour que je reste et que je ne cause pas de problèmes. Et dans ce cas là, ça veut bien dire que je ne suis rien pour Alexïe, juste son job.

Je récupère doucement ma main et je me dirige vers la bibliothèque, je veux juste un instant oublier ce monde et juste un instant croire que dans la vie on peut s'aimer et être heureux.

Je n'ai pas recroisé Adam depuis mon arrivée, je me demande même si il n'est pas reparti avec mon père. En faite je m'en fous, Adam n'était qu'une amourette d'adolescente, j'ai eu envie de croire que je pouvais avoir des sentiments pour lui, mais c'était me voiler la face. Il est mignon est j'ai cédé à la tentation, rien de plus.

Il ne me manque même pas en faite, c'est étrange. Au début, j'ai cru que la séparation serait dure pour moi mais en faite non, il est sorti comme il est entré dans ma vie et moi je continue, mais sans lui.

Je retourne vers ma chambre, cette fin de journée est comme toutes les autres, silencieuse, sur mon lit est posé un paquet. Pendant un instant, j'hésite à l'ouvrir, j'ai encore en mémoire l'histoire des scorpions et retenter l'expérience ne me dit pas trop.

Sur le coté du paquet, je reconnais le logo du magasin de Miss Lila, je me décide donc à l'ouvrir. Dedans, il y a une robe de soirée violine accompagnée de chaussures à talon ainsi que d'une pochette. Sur le dessus il y a une lettre.

Charly,

Tu trouveras ci-joint une tenue de soirée.

Samedi prochain sera organisé au château un repas de bienfaisance, je souhaite que tu sois présente.

Je rentrerai probablement jeudi, nous pourrons parler à ce moment là.

M. Aberline

PS : Alexïe m'a dit que tu aimais ce magasin, j'espère que la tenue te plaira.

Sous mes doigts, le tissu est doux, je soulève la robe du paquet pour pouvoir l'admirer. Le haut du bustier est tout en dentelle, et celle-ci descend sur les bras aux trois quart. Le bustier ressert juste ce qu'il faut la poitrine puis le bas de la robe part jusqu'au pied en s'évasant un peu. C'est une robe de style empire superbe, Miss Lila a toujours autant de goût pour ses vêtements.

La pochette reprend la même couleur que la robe ainsi que la même dentelle. Les escarpins eux sont dans un mauve sombre presque noir.

J'installe la robe sur un cintre dans ma penderie pour la défroisser, et je jette la lettre de mon père à la poubelle. Il peut revenir jeudi si il veux, mais ça ne changera rien à ma vie.

Et puis, samedi, je ferai la potiche et après je pourrai retourner à mes livres et à ma bibliothèque !

Je me change et me glisse sous les draps où encore une fois les larmes arrivent.

Est-il possible de vraiment pleurer toutes les larmes de son corps ?

LIBÈRE MOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant