Code Rouge

Jour 100

« Kourou, me recevez-vous ? Ici Ramon Casalban. Kourou ? Salle de contrôle Jupiter, répondez !

Si vous captez ce message, sachez que nous continuons notre route. Aucune navette n'a connu d'avaries et la fusée indienne est toujours indemne. Tout va bien.

Kourou, me recevez-vous ? Ici Ramon Casalban. Kourou ? Salle de contrôle Jupiter, répondez ! »

Jour 101

« Kourou, me recevez-vous ? Ici le commandant Eric Boulanger.

Voilà quarante huit heures que nous n'avons eu aucun échange. Ramon a capté une émission japonaise sans pouvoir la décrypter. Nous espérons que la situation sur notre monde n'a pas atteint le point de non-retour. Nous pensons à nos familles, à nos amis, à nos collègues.

Il n'y a rien que nous puissions faire et cette frustration nous torture tous. Ma seule lumière, aux confins de ce tunnel, est d'arriver sur Mars, d'honorer ma promesse. Est-ce futilité ? La vie a besoin d'objectifs simples pour s'épanouir. Je m'y accroche.

Nous continuerons à émettre, en continu, dans l'espoir que quelqu'un nous répondra.

Le Clézio disait vrai : c'est au moment où le silence est si grand que tout peut arriver.

Kourou, me recevez-vous ? Kourou ? Salle de contrôle Jupiter, répondez ! »

Jour 102

« Kourou, me recevez-vous ? Ici Ramon Casalban. Kourou ? Salle de contrôle Jupiter, répondez !

C'est difficile de ne pas échanger, de ne pas avoir de retours. Entendez-vous ma voix ? A Darmstadt peut-être ?

Je suis parti sans parler à personne de mon opération. A bord, aucun de mes camarades n'est au courant. Sur Terre, peu le sont et tout ce mystère me pèse. La solitude d'Ariane m'étouffe et la fin du monde...c'est...je crains le pire.

J'ai capté un échange de la NASA avec Voyager, je sais donc que tout n'est pas perdu. Nous le savons tous, nous nous accrochons avec l'espoir d'entendre vos voix si familières depuis cent jours.

Kourou, nous entendez-vous ?

J'appelle toutes les stations !

Kourou !