« Je vais mourir. Un homme nouveau apparaît, et je suis mort. »
Il savait qu'il allait mourir, et c'était difficile à accepter. Il avait aimé cette forme, ce caractère. Même si cette dixième version de lui avait tout perdu, il l'aimait quand même, et ne voulait pas se régénérer, devenir un autre homme encore une fois. Cependant, la prophétie était réelle. Quatre coups. Le jour où il entendrait quatre coups serait le jour où il mourrait. Et il les avait entendus. A présent, il se sentait impuissant, et regardait les souvenirs de ces trois années passées dans ce corps défiler devant ses yeux.
Il était sûrement le Docteur qui regrettait. Le Docteur qui avait le plus perdu dans la bataille de la vie. Maintenant, il était de nouveau seul, et il mourrait seul. Cette fois, il n'y aurait pas de Rose Tyler pour le veiller après sa régénération, pas de Donna Noble pour le remettre sur le droit chemin s'il s'en égarait. Le nouveau lui aurait à traverser tout cela seul. Il devrait trouver quelqu'un qui serait à la hauteur de son train de vie accéléré. Il devrait trouver sa propre façon de gérer la douleur des pertes constantes. Il en avait tant marre de toute cette douleur, de tous ces gens qu'il avait perdu et, pourtant, il ne voulait pas s'en aller.
« Je pourrais faire tellement plus. Tellement plus ! Mais c'est ce que j'y gagne. Ma récompense. Eh bien, ce n'est pas juste ! »
Il était un Seigneur du Temps, un maître du Temps. Il faisait partie de l'espèce la plus puissante des univers, et il pouvait créer, effacer et modifier les lignes temporelles. Il pouvait les tordre et jouer avec elles comme un enfant jouerait avec une poupée. Il avait le contrôle sur les vies de presque tout le monde et, pourtant, il ne pouvait pas changer, ne pouvait pas réécrire les lignes temporelles des gens qu'il aimait, des gens qu'il avait perdu. Bien entendu, il pouvait retourner auprès de Martha et la convaincre de revenir avec lui mais ce serait injuste de sa part de le faire. Cependant, il ne pouvait pas revoir Rose, et Donna ne se souviendrait jamais des aventures qu'ils avaient vécues ensemble. Et il y avait le Maître. Le seul Seigneur du Temps à avoir survécu en dehors de lui. Un de ses amis qui avait choisi de mourir dans ses bras plutôt que de se régénérer et d'adopter une nouvelle forme. Son retour inespéré a néanmoins signé l'arrêt de mort du Docteur. Il avait vécu trop longtemps. Maintenant, il devait partir, et sauver la vie de Wilf.
« Je ne suis pas seulement un Seigneur du Temps. Je suis le dernier des Seigneurs du Temps. »
Les mots étaient amers sur sa langue et il souhaitait pouvoir les retirer, il souhaitait que cette guerre n'ait jamais eu lieu. Il était un Seigneur du Temps. Le dernier des Seigneurs du Temps. Il était le maître du Temps, mais il ne pouvait rien faire pour changer le point fixe qu'était la guerre du Temps, pour réparer toutes les morts et disparitions dont il avait été la cause. Peut-être avait-il vraiment vécu trop longtemps. Il avait vu trop de gens mourir par sa faute, et regrettait d'avoir même croisé leurs chemins. Ils avaient tous accompli de grandes choses ensemble mais, au final, il était destiné à être seul, destiné à perdre une part de lui à chaque mort qui survenait par sa faute. Il était fatigué par tout ça, fatigué de regarder le monde et les gens redevenir poussière quand il les touchait. Il était un Docteur, il était supposé soigner, et il ne faisait que créer des blessures, que causer douleur et mort. Et il détestait ça.
« Je ne veux pas m'en aller. »
Il n'y aurait plus de nouvelles destinations, plus de courses. Ses baskets et costumes à rayures seraient à jamais perdus dans l'immensité de la penderie du TARDIS. Il n'y aurait plus de 'Allons-y !', plus d'aventures. Malgré toutes les pertes et le désespoir et l'impuissance, il aimait encore le Docteur qu'il avait été. Il aimait encore cette version de lui, le Docteur maigre et sexy avec des cheveux en pétard, la combinaison marrant/intelligent mais grossier qu'il avait été.
La course s'arrêtait ici pour lui. Ses baskets étaient fatiguées de courir, lui aussi. Désormais, il était temps de changer. Il n'y aurait aucun ami pour l'aider à traverser la régénération cette fois. Il était seul. Plus seul qu'il ne l'avait jamais été. Plus détruit qu'il ne l'avait jamais été. Il était passé par beaucoup de douleur, par beaucoup de pertes mais il y avait également eu de bons moments. Il s'en souviendrait toujours. Il les chérirait. Il ne voulait pas s'en aller, mais il n'avait pas le choix. Après tout, il avait encore des choses géniales à vivre, des choses géniales à raconter. Allons-y !

VOUS LISEZ
Brèves de TARDIS
Fanfiction"On n'oublie jamais son premier Doctor." Le TARDIS, lui, n'en a oublié aucun et il est toujours prêt à repartir vers de nouvelles aventures avec ses différentes incarnations.