Chapitre 33 : Charly

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Le temps passe et je peux seulement m'excuser du retard qu'a pris l'écriture de mon livre. Je suis tellement désolée, je sais que vous êtes beaucoup à attendre la suite et j'espère que celle ci vous plaira...

Ela

******

J'ai eu une autorisation exceptionnelle pour sortir aujourd'hui, mais je dois me déplacer en fauteuil roulant et sous la surveillance de Luc et Chantra. Il y a aussi Dimitri, le visage sombre il refuse de croiser mon regard, je ne sais pas si c'est à moi qu'il en veut mais en tout cas on dirait bien.

Nous sommes tous autour de cet immense trou dans lequel ils viennent de descendre les cercueils d'Anton, mon mari, ainsi que de Mina, mon bébé partie trop tôt... En face de moi Misha le patriarche, pas une larme sur son visage, il regarde froidement le trou sombre, rien n'affecte cet homme pas même la perte de son second fils. Je ne pleure pas non plus, enfin pas en public, je ne veux pas que ce soit pris comme une marque de faiblesse.

Après avoir décider de me battre pour ce qui me restait, j'ai passé mon temps à travailler. Il est plus facile de s'oublier en travaillant jour et nuit, j'ai lutté pour continuer à vivre, pour continuer sans eux. La tâche n'a pas été facile, comme Luc m'avait prévenu, Misha avait cherché à reprendre le business, j'ai donc du faire des pieds et des mains en passant différentes alliances pour reprendre le dessus et laisser Misha sur la touche.

Je pensais que nous serions en comité restreint pour ces funérailles, mais en fait c'est tout l'inverse. Un peu comme dans les grandes familles, la mafia se regroupe aux mariages et aux enterrements. Donc forcément, ces obsèques sont pour beaucoup une façon de se montrer et de tenter d'établir des accords avec d'autres.

A la fin de la célébration, vient le moment où chaque personne présente vient rendre hommage à la famille des défunts. Je choisis ce moment pour me lever de ce fichu fauteuil roulant sous les regards noirs de Luc et Chantra. Je ne peux pas rester en position de faiblesse, je dois continuer à affirmer ma position auprès de tous, je ne dois pas montrer la moindre faiblesse.

Je reconnais plusieurs membres de diverses mafias européennes, tous me saluent avec respect et durant tout cet échange, je garde la tête haute et mes larmes à l'intérieur. Lorsque je pense à la fille que j'étais il y a encore quelques mois, je me dis qu'une éternité me sépare, de la France et de mes amis. Mes amis...comment je peux encore les considérer comme ça après le mal qu'ils ont subit par ma faute? Je n'ai pas été une bonne amie, je n'ai pas su les protéger, et rien ne changera ça, je peux seulement m'assurer aujourd'hui qu'ils auront une belle vie loin de mon enfer personnel.

Après plusieurs longues minutes à saluer les gens présents, je réalise qu'une famille manque...Les Heredia...


***


- Laisse le partir.

- ...

- Je ne te demande rien de plus Charly, tu dois le laisser, cette perte de mémoire est un peu....comme une seconde chance pour lui.

- ...

- Je resterai avec toi si tu veux, mais laisse le, laisse le refaire sa vie avec Nino.

- Pars avec lui, il a besoin de quelqu'un pour veiller sur lui.

- D'accord, je vais lui annoncer...

- Non, je vais le faire...ne t'inquiète pas je ne lui dirait rien sur nous, mais j'ai besoin de le faire.

- D'accord, mais fait le aujourd'hui, nous partirons demain.

Dimitri sort du bureau d'Anton qui est maintenant le mien, je reste un long moment à fixer la porte. Comme si j'espérai secrètement qu'Anton en franchisse le seuil suivit par Alexeï le taquinant à sa façon comme toujours...mais rien. Le silence envahit l'espace rajoutant à chaque seconde une distance entre moi et ceux que j'ai perdu....

***

Je suis depuis maintenant cinq minutes devant la porte de la chambre d'Alexïe. Je sais que ce que je m'apprête à faire est bien, bien pour AlexÏe. Il a le droit d'avoir une vie normale, loin de la mafia, loin de moi. Une nouvelle vie avec Nino, faite de sourires et de bons moments, sans questions sur sa sécurité, sans violence.

Je me décide enfin à toquer, la boule au ventre, je dois le laisser partir.

- Entrez !

Je pousse doucement le battant de la porte pour me retrouver face à AlexÏe, toujours aussi charmant.

- Oh, Charly ! Comment allez vous, je suis désolé de ne pas avoir pu aller aux obsèques mais je devais m'occuper de Nino, puis Dimitri m'a dit que vous préfériez rester en famille.

DImitri avait vraiment tout prévu pour protéger Alexïe, même lui mentir...

- Je vais aussi bien que possible dans de telles circonstances, merci. Euh...en fait, je suis venue vous voir pour...la suite...votre départ en fait surtout.

- Ah...Je comprends, je vous remercie pour votre hospitalité mais je comprends que la situation n'est pas viable sur le long terme.

- Non ce n'est pas ça, c'est juste que avant l'accident vous aviez prévu de partir avec Dimitri et Nino, de plus Anton, mon mari avait vu avec vous les modalités. Je pense que pour vous et Nino, vous devriez vous en tenir à votre projet initial.

Perdu dans mes explications, je n'ai pas vu que Alexïe s'est rapproché de moi, il est à présent à quelques centimètres de moi. Sa main venait de se poser sur ma joue, dans un geste d'une infinie tendresse, son pouce venant essuyer une larme solitaire égarée sur ma joue.

- J'ai l'impression de vous connaitre depuis si longtemps Charly, mais mon cerveau ne veut pas me dire ni comment ni pourquoi, pourtant je sens que je dois vous protéger...

- Hummm, vous faites erreur, c'est surement votre perte de mémoire qui vous joue des tours, je vais vous laisser...oh et vous partez demain, vous devriez faire vos valises.

Sans lui laisser le temps de me répondre, je prends la fuite et quitte sa chambre pour venir m'enfermer dans la mienne. Et c'est là que je craque, en m'effondrant contre la porte. Je peux encore sentir la chaleur de sa main sur mon visage, l'odeur de son parfum, j'arrive même à voir son visage crispé par la concentration à la recherche du moindre indices pouvant me concerner.

Demain, il sera parti, demain ma vie continuera tout comme la sienne et même si nous sommes à des kilomètres loin de l'autre, je sais que mon cœur ne pourra pas l'oublier. Tout comme je ne pourrai pas oublier Anton, le père de mon fils.

Je passe doucement ma main sur mon ventre arrondi, je dois renoncer à Alexeï, je dois avancer, pour mon bébé, pour Lukas, pour chaque sourire futur et pour chaque vie sauvée.


***


Je suis venue dans la nuit embrasser Nino pendant qu'il dormait, Alexïe était là, dormant paisiblement avec son fils. Je suis venue dans la nuit car je ne souhaite pas assister à leur départ, je préfère me convaincre que c'est mieux comme ça.

Avant de quitter la chambre, mon coeur s'est brisé, lorsque dans son sommeil Alexïe a murmurer mon prénom. Dans un soupir, presque une souffrance il m'a appelé...et moi je suis partie, le laissant seul avec sa nouvelle vie, loin de moi.

C'est mieux Charly, c'est mieux...


LIBÈRE MOI 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant