LIBÈRE MOI 2

Chapitre 18 : Alexïe

Fort fort lointain !

Je regarde Lukas jouer dans le jardin avec Lucie, il rigole à pleines dents. Je suis tombé sous le charme de ce gamin, maintenant que je sais pourquoi il m'est si familier, je reconnais dans ses mimiques Sasha.

Ma douce Sasha, tu dois bien rire de là haut, tu avais du tout prévoir, Charly, Anton, Lukas, tout dans ma vie m'avait finalement destiné à ce moment.

Ca fait déjà un mois que nous sommes partis loin de la Russie, Charly me manque, je ne sais pas grand-chose la concernant. Seulement qu'elle n'est plus l'otage de Bianchi et qu'elle est de retour auprès d'Anton.

Parfois Luc s'isole, et je sais parfaitement que c'est pour parler à Anton. La première fois, j'ai eu envie de lui arracher le téléphone en exigeant de parler à Charly mais j'avais vite renoncé. Charly était mieux loin de moi, elle avait fait le choix de partir lorsque j'étais dans le coma, elle devait assumer ses choix, elle ne pouvait pas me demander comme ça de revenir dans sa vie et de contempler son bonheur.

Lukas vient vers moi tout sourire, il me fait un câlin et s'installe sur mes genoux.

- Ca va bonhomme ?

- Ouiiiii !

Avec Lukas s'occuper d'un enfant semble si facile ! La majorité du temps il reste là à ne rien dire se blottissant dans nos bras, les enfants sont tous réellement comme ça ? Parce que si c'est le cas, je ne comprends pas les parents qui se plaignent de leurs charmantes têtes blondes !

Lucie nous rejoint accompagnée de Luc, ces deux là me prennent pour une buse ! Genre je n'ai pas vu leur rapprochement et genre la nuit, je n'entends pas leurs gémissements ! L'amour ça craint, surtout celui que les autres vous jettent au visage !

- Lukas tu viens, c'est l'heure du bain ? Demande Lucie au petit garçon.

- D'accord !

Il se lève et la suit sous le regard attendri de Luc.

- T'es sur la bonne vois pour lui en faire un pareil mon gars ! Dis-je à Luc.

- Quoi ?

- Bon, alors soit tu mates le soir du porno beaucoup trop fort, soit tu culbutes la nounou ! Je penche quand même pour la deuxième hypothèse vue le sourire béat de Lucie depuis plusieurs jours.

- Ah, t'es au courant !

- Euh, je pense que tout le quartier est au courant !

Luc rougit en se frottant la nuque visiblement gêné. Je vous le dis, l'amour ça craint !

- C'est bon, pas besoin de faire ta jouvencelle effarouchée ! On est des adultes et je comprends, mais soyez peut-être un peu plus discret avant que les voisins appellent la police pour tapage !

- Pff t'es con !

Je rigole, suivi par Luc, un peu moins gêné, il vient s'asseoir à côté de moi.

- J'ai eu Anton ce matin.

- Et ?

- Ils vont bien.

Y a pas plus loquace que Luc surtout quand il veut vous cacher quelque chose !

- Allez vide ton sac, qu'est-ce que t'as dit précisément Anton ?

- Et bien, il m'a parlé de nouveaux accords avec l'Espagne, de Bianchi qui fait encore et toujours le mort, et du fait qu'il pense nous faire revenir bientôt.

- Même sans nouvelles de Bianchi ?

- Oui, Lukas leur manque beaucoup et puis cette situation peut durer encore et encore, il fait renforcer la sécurité, et puis si il ne se passe rien, peut être que dans un mois ou deux on pourra retourner à la maison.

- Euh t'appelles ça bientôt toi ?

- Anton veut être certain qu'il n'y a plus aucun danger avant notre retour.

- Ou il veut m'éloigner de Charly !

- Pense ce que tu veux mais Anton tient énormément à son fils, il ne le confie pas à la légère. Et s'il avait vraiment voulu t'éloigner, tu serais sûrement six pieds sous terre dans le fin fond de la Sibérie !

Je ne dis rien de plus, Luc est le meilleur ami d'Anton, je sais qu'il le défendrait jusque devant le peloton d'exécution !

- Ecoute Alexïe, nous devons prendre notre mal en patience, il n'y a pas que nous en jeu.

- Ouais je sais, de toute façon ils sont mariés. Charly a fait une croix sur moi dans ce foutu hôpital. Je sais qu'elle est vite passée à autre chose.

- Ce n'est pas à moi de te le dire mais je ne peux pas te laisser dire ça de Charly. Lorsqu'elle est venue retrouver Anton, c'était pour te sauver la vie.

- Qu'est-ce que tu racontes ! Elle m'a laissé dans le coma et elle est partie sans se retourner. Je suis mort le jour où j'ai ouvert les yeux et qu'elle était loin, une simple lettre comme excuse.

- Après ton admission à l'hôpital de Berlin, Anton a tout fait pour que vous soyez des fantômes, toi, Charly et Dimitri. Pour vous protéger d'Andreiv, seulement, celui-ci a retrouvé votre trace. Anton a donc prévenue Charly, et ils ont cherché ensemble une solution pour que Andreiv lâche l'affaire, le contrat de mariage pour Anton et Charly n'était pas caduc ou du moins pas encore, Charly est donc revenue. Ils pensaient tout les deux qu'en suivant ce fichu contrat, toi et Dimitri vous seriez hors du radar d'Andreiv mais ça n'a duré qu'un temps. Andreiv était quelqu'un d'extrêmement orgueilleux, il a toujours convoité ce qui appartenait à Anton et ça depuis petit, c'est leur père qui a toujours fait en sorte qu'il y ait une rivalité tacite entre eux. Et lorsque Andreiv a vu qu'Anton et Charly étaient finalement mariés, il a voulu l'atteindre de plusieurs manières, et tu étais une cible de choix. Charly ne t'a pas abandonné, elle a tout fait pour te sauver, même si pour cela, elle devait sacrifier sa propre vie.

Je ne sais pas quoi dire, Charly est partie pour me protéger alors ?

Luc se lève et se dirige vers la maison, mais fait demi tour pour revenir me parler.

- C'est facile de juger les autres, mais c'est plus dur de chercher à vraiment les comprendre, ça demande de l'altruisme et de la compassion. Est-ce que tu en as un peu Alexïe ?

- Je...oui comme tout le monde !

- Non, justement tout le monde ne possède pas ces qualités ! Je pense qu'aujourd'hui Anton et Charly sont prêts à vivre vraiment leur vie tous les deux. Alors avant de vouloir la reconquérir, réfléchis bien, est-ce que Charly mérite d'être heureuse ?

Il me laisse comme un con et se casse, je reste un moment seul dans le jardin à ressasser mes pensées. Et si Charly était plus heureuse loin de moi au final ?