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"Quand le destin se mêle du sort des hommes, il ne connaît ni pitié, ni justice "
Charlie Chaplin

*

Depuis quelques jours, j'étais dans un état de fatigue sans nom. Tout était compliqué pour moi. J'avais la gorge enrouée, des difficultés à atteindre les notes aiguës, ma voix était éraillée. Je désespérais d'être dans une telle situation.

Tout cela affectait terriblement mon humeur et j'étais très peu agréable. Heureusement pour moi, Stan comprenait, il soutenait et
m'encourageait patiemment jours après jours.

Lui, comme tout le staff de Chorus insistait pour que je vois un O.R.L. Car plus ça allait, plus ma voix était incertaine. Mon homme m'avait accompagné chez le médecin, j'avais surtout peur qu'on me parle de cancer ou de je ne sais quelle maladie incurable, qui mettrait fin à mon amour du chant.

Après une longue attente, le verdict fut sans appel. J'avais des polypes sur les cordes vocales et je devais reposer ma voix de tout urgence. Je devais aussi subir une intervention chirurgicale qui consistait à enlever les nodules qui pirataient impoliment mon organe vocal.

Ceci impliquait des risques importants : Je pouvais perdre complètement ou partiellement ma voix et je devais ensuite avoir de nombreuses séances de rééducation avec un orthophoniste.

À l'annonce du diagnostic, je m'effondrais. J'avais tout envisagé, sauf de perdre ma voix. C'était irréel ! Mon propre corps se battait contre moi. Je voulais chanter et chanter toute ma vie mais le destin me stoppait en plein ascension !

Quelle auto-trahison !

Malgré le soutien de Stan et celui de mes proches, je désespérais. Je vivais tout cela comme une injustice, bien sûr, il me restait le piano mais ce n'était pas pareil !

Je me dis alors que Stan avait eu raison de me faire reprendre les études. Il était presque évident que plus jamais je ne serais la chanteuse que j'avais été. J'en étais malade !

Maman était triste pour moi mais elle se réjouissait que je puisse me concentrer sur autre chose que ma "musique de troubadour" comme elle aimait dire. Le divorce ne l'avait pas rendu moins exigeante. Non, loin de là !

Elle persistait et signait dans ses désirs élitistes qu'elles formaient pour nos vies. Cela voulait aussi dire qu'elle allait mieux. Je préférais la savoir pénible et bornée que triste et affaiblie.

- Au moins tes études vont devenir ta priorité, disait-elle en permanence.

Quelle injustice, au moment où, j'étais la plus heureuse, il m'arrivait la pire chose au monde.
Sans compter que je devais chanter pour le mariage de Nisrine et Tarek et à cause de ces satanés polypes, je n'allais pas pouvoir le faire. Mon amie ne m'en tint pas rigueur cependant, je m'en voulais de ne pas pouvoir honorer ma promesse.

- T'en fais pas ! L'essentiel c'est que tu sois là. Tu es mon témoin et je n'aurais voulu personne d'autre à mes côtés.

- T'es gentille ! Mais moi je voulais chanter pour toi ! Tu m'as toujours encouragé même lorsque personne ne croyais en moi.

- Elsie, ne fais pas ta mauvaise tête. Ce n'est rien. Il faut que tu prennes soin de toi. C'est le plus important.

- Je sais... Et tes parents ? Ils viennent ou pas ?

- Ma mère oui. Mes sœurs et deux de mes tantes aussi par contre mon père et mes frères refusent toujours de me parler. De vraies têtes de mules ceux-là !

CHORUS     Où les histoires vivent. Découvrez maintenant