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" En amour, on croît être deux alors qu'on est trois. "

Eric-Emmanuel SCHMITT

*

Encore une fois Nilani avait raison. Je suis prise par les remords et je n'assume absolument pas ce qu'il s'est passé avec Stan. Je regrette non pas d'avoir céder à la passion, mais de ne pas avoir assez pris en compte d'autres paramètres.

Tout allait bien jusqu'à ce que je revois Graziella au travail. Je réalise que j'ai désormais un mal de chien à la regarder dans les yeux. Ce n'est pas anodin. Cela signifie tellement de choses; je me sens coupable vis-à-vis d'elle. J'ai l'impression de me trahir et de compromettre mon intégrité.

J'ai cette contradiction qui s'acharne dans mon âme. Comment la saluer et lui sourire, alors que je lui ai fait le pire des affronts ? Comment continuer à travailler avec elle l'air de rien ?

Au bal des hypocrites, je suis sans doutes la reine !

Si je n'avais pas su qu'ils étaient ensemble, ça ne m'aurait pas plus dérangé que ça, mais là, c'est différent. Je le savais. Et ça ne m'a pas freiné. Quelle genre de personne suis-je donc devenue ?

Je la croise chaque matin et cela devient de plus en plus difficile de l'éviter. Évidemment, Quentin ne dira jamais rien, mais que ce passerait-t-il si par mégarde la boîte de Pandore s'ouvrait un jour ?

Finalement, je me rends compte que tout ce qui était à La Réunion, n'est pas resté à La Réunion. Ma mauvaise conscience m'a suivi comme une ombre jusqu'à Paris.

Je m'en veux. Terriblement. Je réalise que toute cette histoire peut avoir de lourdes conséquences sur l'équilibre de nos vies. Clairement, j'ai fait un mauvais choix et comme me l'a dit mille fois Nilani: "La passion c'est bien, mais ça ne résout rien."

Je suis tout à fait d'accord avec mon amie, sauf que dans mon cas, j'ai eu besoin de retrouver la passion. Cela a quand même résolu mon obsession du passé.

Le problème c'est que ça ne résout pas le présent. En effet, je pourrais bien aller de l'avant avec Quentin sans me tourmenter seulement, lorsque je pense à Graziella je ne parviens plus à me regarder dans une glace.

J'ai cru mourir le jour où elle nous a proposé de venir dîner chez eux.

Graziella et ses dîners permanents aussi ! Comme si nous n'avions que ça à faire !

Quentin avait rougi, moi je défaillais. J'avais tout simplement dit que je n'étais pas dispo pour le moment, mais que je reviendrai vers elle dès que possible.

La honte !

La seule chose positive dans cette histoire, c'est que je ne suis pas enceinte. Si je l'avais été, je me serais enterrée moi-même six pieds sous terre.

J'en ai parlé avec ma soeur qui depuis qu'elle est devenue mère, a gagné en sagesse. Elle ne comprend pas comment je fais pour toujours me retrouver dans des situations impossibles. Pour dire vrai, moi-même je n'en sais rien. Peut-être que ma vie est faite pour être compliquée ?

Je relève que pour une fois, mon aînée ne me juge pas. Au contraire, elle me conseille avec beaucoup de douceur.

- On dirait que tu en pinces toujours Stan, je me trompe ?

- Dylane, c'est le brouillard total ! J'ai surtout du mal avec Graziella.

- Tu devrais faire le point. Parce que c'est Quentin qui risque d'en souffrir. Tu sais à quel point il t'aime n'est-ce pas ?

CHORUS     Où les histoires vivent. Découvrez maintenant