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" Un jour, une personne te serrera si fort dans ses bras, que tous tes morceaux brisés se recolleront "

Proverbes

*

Dans le train qui nous mène en Bretagne, il règne un silence d'or. Je regarde Maceo qui dort, ce pauvre garçon a l'air exténué. Sa première année d'internat est difficile, mais il tient bon. Pendant ce temps, Maïsha et moi discutons à voix basse. Cette fille est d'une gentillesse rare, elle me confie son angoisse quant à la rencontre avec ma mère car Maceo lui a dépeint un terrible tableau d'elle et franchement je la comprends.

Maman est imprévisible. Elle dit toujours ce qu'elle pense et sa pensée est sans filtre. Elle pourrait aisément vexer et énerver le Dalaï lama, avec ses croyances bien tranchées. Je prie pour que la belle Maysha lui plaise sinon, elle risque de ne plus jamais revoir Maceo; il est si amoureux qu'il n'hésiterai pas à couper les ponts avec Maman pour préserver sa relation.

Déjà qu'avec Papa ça ne va pas...

Il faut simplement espérer que Maman nous fasse mentir. Elle est capable de nous surprendre, en nous faisant le meilleur des accueils.

Moi aussi je dois aussi rencontrer ses parents, il admet enfin qu'après six mois de relation il peut enfin me présenter à sa famille !

Dans le genre je suis lent, y'a pas mieux que mon Kenny !

Par contre il refuse toujours que je sois en contact avec son ex-femme. Sincèrement, tant qu'elle ne perturbe pas notre bonheur, je me fiche de savoir qui elle est et ce qu'elle fait.

Au départ, je voulais tout savoir et puis Kennedy m'a dit qu'il ne souhaitait pas en parler. J'ai compris qu'il voulait me garder hors de tous leurs tralalas, alors je n'ai plus insisté.

Sujet tabou visiblement...

En tout cas, tout est plus fluide entre nous à présent. Il y a des prises de tête oui, mais rien de grave. Nous trouvons nos marques peu à peu et j'ai compris qu'il avait besoin de reprendre sa liberté par moment, pour lui, et aussi pour sa fille.

C'est un schéma de couple complètement différent de ce que j'ai connu autrefois et ça me convient.

*

— Maïchoua tu reprendras bien un peu de viande non ?

— Non Merci Madame. C'était délicieux mais je suis rassasiée.

— Maceo, ton amie ne mange rien. Il faut absolument qu'elle prenne du poids. À ce rythme là, elle va disparaître.

Maman et son tact légendaire !

— Maman, on ne parle pas des gens à la troisième personne, et encore moins quand ils sont là ! répond sèchement mon frère.

— Je mange à ma faim, vous savez ? Ne vous inquiétez pas Mme Le Kervellen, tout va bien.

— Bon si tu le dis. Je ne voudrais pas que tu sois mal à l'aise. Je sais que dans des pays comme le tien les repas sont frugaux, mais ici tu peux manger à ta faim.

Ma mère et ses sous-entendus... Carrément navrante !

C'est vrai que Maïsha est fine et longiligne, elle doit faire un mètre soixante-seize pour une petite soixantaine de kilos. Maman qui aime les gens biens dodus a du mal avec sa silhouette de mannequin.

CHORUS     Où les histoires vivent. Découvrez maintenant